Une inquiétante dérive

Le samedi 20 avril, Frédéric Scheiber, photographe indépendant, a été blessé par les forces de l'ordre, alors qu'il couvrait la manifestation des gilets jaunes à Toulouse. La rédaction de Mediacités lui apporte son plus vif soutien et s'inquiète de ces entraves à la liberté de la presse, dont le nombre croît dangereusement.

YELLOW VEST ACT XXII
Lors de la manifestation des Gilets jaunes, le 13 avril 2019, à Toulouse. Photo : Fred Scheiber.

Frédéric Scheiber est photographe indépendant à Toulouse. Nous sommes fiers de le compter parmi les collaborateurs de Mediacités : il a produit pour nous de très beaux reportages, sur la mine de tungstène de Salau, en Ariège, ou sur Arnaud‐Bernard, bouillonnant quartier populaire de la ville rose. Le samedi 20 avril, Frédéric a été blessé par les forces de l’ordre, alors qu’il couvrait la manifestation des gilets jaunes.

« Nous avons été pris à partie par un groupe de policiers qui n’agissait pas vraiment dans les règles d’usage, témoigne‐t‐il. L’un des policiers utilisait le lanceur de balles de défense en mode rafale sans avoir activé sa caméra‐piéton. Du coup, je suis resté un petit moment pour le prendre en photo. Dès qu’ils ont compris qu’ils étaient en face de journalistes, les policiers nous ont visé avec une grenade de désencerclement, puis j’ai été aspergé de gaz lacrymogène à bout portant, alors que nous ne représentions aucun danger. Je connais bien les manifestations pour en faire depuis plus de 20 ans et j’ai l’habitude de travailler avec la police. Mais là nous étions les cibles. Depuis plusieurs semaines, j’ai le sentiment qu’on leur a donné comme une carte blanche pour la violence. »

Frédéric n’est pas le seul reporter à avoir été pris pour cible. Entre coups de matraque, grenades de désencerclement et bris de matériel, le journaliste David Dufresne, dont le travail sur les manifestations des gilets jaunes fait référence, a recensé 12 cas de violences policières vis‐à‐vis des journalistes, ce jour‐là, rien qu’à Toulouse !

En France, depuis le début du mouvement, sur 690 cas de violences policières signalés par David Dufresne, 79 concernent des journalistes. A Paris, la répression est montée d’un cran avec l’interdiction faite au reporter indépendant Gaspard Glanz de paraître dans la capitale lors des prochaines journées de mobilisation. Sinistre semaine, puisque mercredi, Benoît Collombat (cellule investigation de Radio France), Mathias Destal et Geoffrey Livolsi (Disclose) ont été convoqués par la DGSI dans le cadre d’une enquête pour « compromission du secret de la défense nationale » suite à leurs révélations sur l’emploi d’armes françaises au Yémen. 

La rédaction de Mediacités apporte son plus vif soutien à ses confrères Benoît Collombat, Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, à Gaspard Glanz, et à tous les journalistes blessés lors des manifestations. Elle s’inquiète aussi de ces entraves à la liberté de la presse, dont le nombre croît dangereusement.

  • Les policiers sont tout simplement à bout
    Non que je veuille minimiser ces actes,
    Mais faire preuve de discernement avec ces
    Violences dont ils sont l objet depuis ces manifestations devient compliqué., ensuite lorsque l’on voit certains journalistes faire passer des gilets jaunes à la télé et les inviter sur les plateaux TV il ne fait pas s étonner. Le
    Bon sens est de mise, je comprends tout à fait leur réaction.
    Ils en ont tout simplement Ras le bol
    Surtout que ce ne sont plus des manifestants maintenant les gilets jaunes
    Mais des abrutis qui mettent le bordel dans le pays. La solution pour moi est d arrêter de couvrir leur prétendues manifestations.

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Par Sylvain Morvan

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