Que deviennent nos articles après leur mise en ligne ? Comment les lecteurs reçoivent‐ils ces informations ? Comment s’en emparent‐ils ? Sont‐elles utiles ? Permettent‐elles de faire bouger nos villes et la société ?
À Mediacités, ces questions ont toujours été une obsession. Tel que nous le concevons, le rôle social et citoyen d’un journal d’investigation ne peut se limiter à dénoncer ce qui va mal. Pour être utile, il faut encore que ses enquêtes ouvrent et nourrissent un débat public. Qu’elles contribuent à régler les problèmes posés..
C’est pourquoi nous tentons régulièrement de suivre et d’évaluer les effets de notre travail. En publiant régulièrement des compléments d’enquêtes mais aussi en dressant chaque année un rapport d’impact. Ouverture d’une enquête judiciaire, amendement déposé à l’Assemblée nationale, prises de parole publique, décisions des élus… les conséquences peuvent être multiples. Et contribuent à faire rimer investigation avec action autant qu’avec indignation.
Le rapport d’impact de 2024
Les exemples d’impact de 2024
Audencia : l’école de commerce nantaise change sa direction et interdit une association harceleuse
Les premières enquêtes de Mediacités sur Audencia remontent à septembre 2022. Nous révélions alors la souffrance de dizaines de salariés, victimes d’un « management toxique et sexiste ». En juin 2023, c’est un autre scandale que nous mettons à jour. Depuis quinze ans, une association étudiante (G‑Eyes) diffuse un « JT » vidéo qui projette sur grand écran des images d’étudiants et surtout d’étudiantes, dont le contenu s’apparente à du sexisme, voire à du harcèlement.
👊 Impact Nos premiers articles débouchent sur un audit, une remise en cause du management et un large remaniement de la gouvernance. Après la démission de son adjoint quelques jours après notre enquête, le directeur adjoint démissionne, suivi quelques mois plus tard par le directeur de l’établissement, Christophe Germain.
Juste avant la publication de l’enquête sur les « JT », Audencia prend la décision de dissoudre le pôle “JT” et de « mener une investigation concernant les autres activités de l’association ». Un an plus tard, la nouvelle direction fait son mea culpa dans un courrier au personnel et aux étudiants.
Un débat public sur les obsèques civiles
C’est une histoire interminable, commencée il y a plus de quinze ans. Jean‐Marc Ayrault était alors maire de Nantes et promettait la création prochaine d’une “Maison des adieux” pour permettre aux Nantais d’offrir à leurs défunts des obsèques civiles et non religieuses. Reprise à son compte par Johanna Rolland, la promesse finit par tomber à plat en mars 2022, quand Mediacités révèle que la Ville renonce au projet, faute de financements.
👊 Impact Suite aux répercussions de notre enquête, la municipalité décide d’organiser un dialogue citoyen autour de la question. La concertation a lieu en avril 2023 et débouche sur quarante propositions. Johanna Rolland doit alors prendre une décision. Le 20 décembre 2023, elle annonce qu’il n’y aura pas de Maison des adieux, mais que trois salles serviront, entre autres choses, à recevoir des obsèques civiles.
Plutôt que cesser de polluer, Yara préfère fermer son usine
En 2018, Mediacités a été le premier média à mettre en lumière la pollution systémique de l’usine chimique de Montoir‐de‐Bretagne, propriété de la multinationale norvégienne Yara. Nous dévoilions à l’époque qu’elle rejetait depuis au moins douze ans des effluents d’azote et de phosphore directement dans l’estuaire de la Loire. Et qu’elle ignorait les nombreux rappels à l’ordre de la préfecture et des autorités environnementales.
👊 Impact Suite à cette enquête, la mobilisation des associations et le suivi des médias se sont accentués autour de l’usine. Même les élus ont été obligés de monter au créneau. Acculée de toute part, la société Yara a décidé en octobre 2023 de fermer son site de fabrication d’engrais, plutôt que d’effectuer les réparations nécessaires. Elle a annoncé « un plan de transformation » qui prévoit la suppression de 139 des 171 postes. Elle justifie notamment sa décision par un résultat déficitaire de 40 millions sur ces cinq dernières années ». Un chiffre dérisoire comparé aux 4,6 milliards d’euros de bénéfices engrangés par le groupe cette même année.