« Darques Vador » dit stop. Après vingt ans passés à se battre contre la corruption des politiques, le nordiste Eric Darques abandonne le combat, fatigué et écoeuré par les difficultés rencontrées et le manque de résultats. Il faut dire que ce gaulliste de filiation menait cette bataille sur son temps libre. Son bilan n’est pourtant pas nul.
Ses principaux faits d’armes restent à ce jour d’avoir fait condamner Pierre Mauroy pour avoir accordé à une adjointe au maire de Paris un emploi fictif. Ou d’avoir révélé la tentaculaire « affaire du Grand Stade de Lille », accusant la Communauté urbaine d’avoir attribué le marché au groupe Eiffage, pourtant plus cher que son concurrent, malgré l’avis des services rectifié irrégulièrement après le vote des élus (actualisation du 23/03 à 18h30). Le non‐lieu quasi général dans cette affaire l’a dégoûté tout comme, quelques années auparavant, son échec à faire condamner la Société des Eaux du Nord, accusée d’avoir touché 164 millions d’euros pour des travaux non effectués.
Co‐fondateur en 2002 de l’association de lutte anticorruption Anticor, qu’il quitte en 2014, car il y était « le seul homme de droite », Eric Darques a également animé la chronique locale par ses batailles judiciaires à répétition contre l’ancien maire de Lambersart, Marc‐Philippe Daubresse, son meilleur ennemi, pourtant issu du même camp politique.
C’est le chant du cygne de ce lanceur d’alertes local, véritable écorché vif, que nous vous proposons ici.
Mediacités : Depuis près d’un quart de siècle, vous vous battez avec opiniâtreté contre tous les abus commis par les élus de la République. On vous a parfois qualifié de « chevalier blanc de la lutte anti‐corruption ». Pourquoi jeter l’éponge aujourd’hui ?
Eric Darques : C’est la conjonction de tout et notamment l’épilogue de l’affaire du Grand Stade de Lille. Si je résume ma pensée, je considère que tous les politiques sont pourris et la justice est complice.
Vous dites cela parce que la Cour de Cassation, que vous avez saisie en dernier recours dans l’affaire du Grand Stade, a rendu un arrêt cinglant qui remet en cause toute votre action. Les hauts‐magistrats ont estimé que le dossier était clos non pas en raison de la prescription de faits – qui remontent à… quatorze ans -, mais de l’absence de charges suffisantes. Il n’y a donc pas eu de pacte corruptif comme vous l’affirmiez.
Pour tout vous dire, je m’en fous ! Ils mettent ce qu’ils veulent, tout ce que je sais, c’est que le juge Gentil est le seul à avoir fait son boulot. Le seul. Les autres sont des juges devenus procureurs (c’est-à-dire des juges du siège dépendant du ministère de la Justice, NDLR). Or je considère que, dans les affaires politico‐financières, les procureurs sont non seulement inutiles mais nuisibles au bon déroulé des enquêtes. Les magistrats de la Cour de cassation, ce sont les privilégiés de la justice. Les plus anciens dans le grade le plus élevé. Ceux qui ont considéré, dans un arrêt de 2021, qu’un contribuable n’avait pas vocation à se porter partie civile en cas de détournement de fonds publics parce qu’il n’était qu’une victime indirecte
Victime indirecte
Dans un arrêt de 2021, les magistrats de la Cour de Cassation ont estimé qu’il fallait pouvoir justifier d’un préjudice direct afin d’accéder à la qualité de partie civile. C’est ainsi que la plainte pour prise illégale d’intérêts déposée par Eric Darques à l’encontre de Christian Poiret, président du conseil départemental du Nord, a …