Stanislas versus Averroès : « L’inégalité de traitement est évidente »

Le directeur de Sciences Po Lille Pierre Mathiot, qui s’est beaucoup engagé contre la décision du préfet de mettre un terme au contrat d’association entre le lycée privé musulman Averroès et l’État, décrypte pour Mediacités le « deux poids deux mesures » entre les deux établissements.

Stanislas – Lycée musulman Averroès – Pierre Mathiot
Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, fustige le "deux poids deux mesures" dans le traitement réservé aux lycées Stanislas et Averroès. Capture d'écran : Sciences Po Lille.

Deux lycées privés tout en haut de l’actualité. Ces derniers mois, le lycée musulman Averroès de Lille et le lycée catholique Stanislas de Paris ont défrayé la chronique et suscité d’intenses réactions, tant politiques que médiatiques. En cause, pour les deux établissements, des doutes sur leur respect des valeurs républicaines. 

En première ligne pour contester la décision du préfet de mettre un terme au contrat d’association entre Averroès et l’État, le directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot, détaille pour Mediacités le « deux poids, deux mesures » à l’œuvre à ses yeux dans le traitement réservé à ces deux lycées.

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Après le lycée privé musulman Averroès, le lycée privé catholique Stanislas est sous le feu des critiques. Mais si le premier est menacé de déconventionnement car il ne respecterait pas les principes républicains, ce n’est pas le cas du second. Y aurait‐il deux poids, deux mesures ? 

Il y a un point commun, c’est que les deux établissements ont fait l’objet d’un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale. Mais, dans le cas d’Averroès, ce rapport était complété d’un rapport de la Direction générale des finances publiques et aussi d’autres rapports antérieurs, auxquels s’ajoute un rapport de la chambre régionale des comptes. Si j’essaie d’être le plus précis possible, dans le cas de Stanislas, le rapport d’inspection a découlé d’un signalement lié notamment à d’éventuels propos homophobes. Dans le cas d’Averroès, il y a aussi une dimension budgétaire et un arrière‐plan sécuritaire dans le contexte des attentats islamistes. Il y a donc des différences dans le déclenchement des procédures. 

Après, on peut constater que la notification finale du préfet qui recommande le déconventionnement ne repose absolument pas sur les arguments sécuritaires mais uniquement pédagogiques et financiers, qui relèvent normalement du ministère de l’Éducation nationale. Or le ministre de l’époque, Gabriel Attal, a toujours fait savoir que le dossier Averroès ne relevait pas de son ministère en raison des implications sécuritaires et financières. Pour le lycée Stanislas, à l’inverse, le ministère de l’Éducation nationale s’est dépêché de dire qu’il prenait en charge les choses.

Il y a un autre point commun entre les deux établissements : les deux rapports de l’Inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche (IGESR) n’ont pas été rendus public… 

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Propos recueillis par Jacques Trentesaux

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