Dominique Riquet : « L’Europe n’avance qu’à coups de pied dans les fesses »

Après quinze ans de mandat au Parlement européen, l'ancien maire de Valenciennes achève un parcours politique atypique. Député ultra-assidu, ce fédéraliste convaincu confie à Mediacités son bilan, ses craintes et ses espoirs pour l’Europe.

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Le "fédéraliste européen" Dominique Riquet dans son bureau bruxellois, le 6 mai dernier. Photo JT pour Mediacités

« Ici, on est chez les Bénédictins ! » Lorsque Dominique Riquet nous reçoit dans son petit bureau bruxellois du Parlement européen, l’atmosphère est détendue. A 77 ans, cet ancien médecin urologue renommé, entré en politique dans le sillage de Jean‐Louis Borloo, achève son 3e mandat de parlementaire européen. Rattaché successivement aux groupes PPE (droite), ADLE (Libéraux) puis Renew (Renaissance), ce fédéraliste convaincu n’a cure des étiquettes politiques, lui qui n’a jamais eu d’autre carte que celui du Parti Radical (« le parti de Clemenceau », insiste‐t‐il).

L’ancien maire de Valenciennes est un pilier du Parlement européen où il a acquis la réputation flatteuse de spécialiste des infrastructures de transport en Europe et de leurs financements. Construction du Canal‐Seine Nord Europe, suppression des voitures à moteur thermique d’ici 2035, mais aussi influence des lobbys ou de « l’Etat profond »… Dominique Riquet évoque pour Mediacités quelques‐uns de ses grands combats européens et livre une analyse sur l’état de l’Europe d’autant plus libre qu’il met un terme à trente‐cinq années d’engagement public.

Vous figurez dans le « Top 10 » des parlementaires européens les plus assidus. A l’heure où vous quittez le Parlement après trois mandats, avez‐vous le sentiment de la mission accomplie ?

Il est difficile de vous répondre car je n’avais pas, à proprement parler, de contrat particulier à remplir et aussi parce que le sujet de la construction européenne continue à évoluer. Moi, je suis très pro‐européen, je suis fédéraliste même ! Alors j’ai simplement travaillé à l’intégration européenne. J’ai connu beaucoup de crises entre celle des subprimes, de la dette grecque, du Covid, la guerre en Ukraine, etc. A chaque fois, l’Europe a fait des bonds en avant. Lors de la crise financière, la Banque centrale européenne est intervenue in extremis et a, en quelque sorte, pris le pouvoir ; lors du Covid, on a mis en commun les masques ou les vaccins pour faire face… Une solidarité par nécessité s’est imposée à chaque crise. Mon constat est que l’Europe n’a jamais avancé parce que les discours politiques étaient convainquant pour les opinions publiques. L’Europe n’avance qu’à coup de pied dans les fesses.

Quelles sont vos principales fiertés ?

A mon arrivée, il y avait de beaux schémas de transports en Europe mais sans financement au niveau européen. Tout fonctionnait par affectation de lignes dans les budgets annuels. Ma plus grande fierté, c’est d’être arrivé à imposer des fonds dédiés. Pour les infrastructures de transports avec le Connecting Europe Facility ; mais aussi pour d’autres secteurs comme l’énergie ou le numérique. Ces fonds ont permis à la Commission européenne de piloter directement les grands projets. C’est un truc peu perméable pour le grand public, mais c’est énorme !

Ma deuxième fierté, très technique elle aussi, c’est d’avoir favorisé la création des « projects bonds

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Propos recueillis par Jacques Trentesaux

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