A la faveur de la constitution du gouvernement, des élections législatives du mois dernier et du succès de La République en Marche (LREM), il n’a jamais été autant question de « société civile » en politique. Vous qui étiez un de ses représentants, en rejoignant en 2008 l’équipe de Gérard Collomb, croyez‐vous aux vertus de la société civile ?
Aujourd’hui, la formule désigne des gens qui n’ont pas été élus avant. Cela signifie « premier mandat » en quelque sorte. Et ça ne veut donc pas dire grand‐chose… Si tous ceux qui entrent en politique viennent de la société civile, le critère n’est pas performant. Il fut un temps où cette expression faisait référence à des personnes reliées à la question de l’intérêt général par un autre biais que celui de la politique. Directeur de Forum réfugiés un certain temps, je me suis coltiné les élus, les préfets… J’ai vécu la confrontation entre les points de vue des politiques ou de la superstructure de l’Etat et ceux de la société civile. En venant me chercher, Collomb a recruté un connaisseur d’un certain nombre de sujets – l’asile, le logement, etc. –, mais aussi une caution pour bénir son action. Un témoin de moralité pris dans les cordes de l’intérêt général. C’est dans ce sens‐là que « société civile » signifie quelque chose.
Un « témoin de moralité » qui a claqué la porte…
Oui, car la caution doit cautionner, dire « c’est bien ». Donc quand ce n’est pas bien, il faut dire : « Je m’en vais ». Pendant six ans, je me suis plié à la discipline, j’ai voté les budgets jusqu’à ce que les désaccords deviennent trop forts. Si j’avais été encarté, je serais allé voir le chef de mon parti politique : « Qu’en pense le groupe ? » ; « Faut‐il faire pression sur Collomb ? » Quand on est société civile, on assume l’entièreté de son point de vue. Tout seul.
« Je n’avais pas la légitimité du terrain, celle de l’adjoint qui marie tous les samedis. »
Avez‐vous eu l’impression d …