« La finance influence toujours plus la fabrique de la ville »

Qui du public ou du privé fabrique la ville au XXIe siècle ? Spécialiste d’économie politique urbaine, le chercheur Antoine Guironnet a observé les dynamiques en cours dans la métropole lyonnaise. Ou quand les politiques d’aménagement urbain se révèlent sous l’influence croissante du marché, avec des morceaux de quartiers réduits à l’état d’actifs financiers.

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Au même titre que certains centres commerciaux et résidences étudiantes, la majorité des immeubles de bureaux du boulevard Vivier Merle dans le quartier de la Part-Dieu à Lyon sont devenus des « actifs financiers » à rentabiliser. (Photo : N.Barriquand/Mediacités)

A peine intronisé maire de Lyon, Gérard Collomb avait fait de l’attractivité et du développement économique sa priorité. Pourquoi ?

A Lyon, l’idée de compétition territoriale fait consensus à travers le temps et l’échiquier politique : le développement économique était déjà une priorité sous Michel Noir puis Raymond Barre. À partir de 2001, Gérard Collomb a poursuivi cette stratégie entrepreneuriale, fixant pour sa part l’objectif d’intégrer le « Top 15 » des métropoles européennes aux côtés de Barcelone, Milan ou Francfort. En étroite relation avec la Direction du développement économique du Grand Lyon, il a alors déployé une véritable « politique de l’offre » destinée à attirer des entreprises, des capitaux, mais aussi des cadres qualifiés ou des touristes.

Par quels moyens ?

Cette politique a profité du fait que, depuis quelques années, de plus en plus de grandes et moyennes entreprises se séparent de leur patrimoine immobilier afin de réinjecter ces fonds immobilisés dans leurs coeurs de métier respectifs. La production de surfaces neuves de bureaux a, alors, été pensée par la métropole comme un levier permettant de conserver ou d’attirer des sociétés sur le territoire. Et potentiellement de générer du développement économique supplémentaire, en parallèle du développement urbain. Toutefois, faire émerger ces bureaux nécessitait également d’attirer les capitaux de fonds d’investissement, qui détiennent une part croissante du parc immobilier tertiaire français…

Pari réussi, puisque Lyon voit les quartiers d’affaires pousser comme des champignons depuis une quinzaine d’années…

Si tant est que ce résultat soit à mettre au crédit des pouvoirs publics, il ne serait pas seulement le fruit de l’initiative de Gérard Collomb mais bien des services techniques de la métropole. Toutefois, il me semble que ce dynamisme lyonnais sur le plan tertiaire s’explique aussi – sinon surtout – par la capacité des gestionnaires d’actifs à capter toujours plus de capitaux.

Ces intermédiaires bénéficient d’un environnement macroéconomique propice malgré la crise financière de 2008. Ils investissent …

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Par Hugo Soutra

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