Enseignant‐chercheur en sciences politiques à Bordeaux, Gilles Pinson a exercé à Lyon de 2009 à 2013. Auteur des ouvrages Gouverner la ville par projet : urbanisme et gouvernance des villes européennes (2009) et Debating the Neoliberal City (2016), il a étudié la construction de la Métropole lyonnaise (« La métropole de Lyon. Splendeurs et fragilités d’une machine intercommunale » ; Hérodote, 2014 ; avec Deborah Galimberti, Sylvaine Lobry et Nicolas Rio) ou encore les phases de politisation et de dépolitisation des questions municipales. Pour Mediacités, il analyse les enjeux démocratiques de la première élection métropolitaine au suffrage universel, dans le Grand Lyon, en mars prochain. Cette interview s’inscrit dans le cadre de notre série d’entretiens « De quoi les métropoles sont‐elles le nom ? »
En mars prochain, les habitants du Grand Lyon éliront directement leurs représentants métropolitains. Qu’est-ce que cela change ?
C’est un changement fondamental. Les intercommunalités montent inexorablement en puissance, en termes de compétences et de budgets, mais on constate leur déficit démocratique, entretenu par des élus qui n’ont aucun intérêt à ce que le regard des citoyens se détourne de l’échelle municipale vers l’échelle intercommunale. La loi Maptam prévoyait de reconsidérer la question du suffrage universel direct des conseillers communautaires et métropolitains. Avec la résistance du lobby des maires, cette évolution majeure n’a eu lieu qu’à Lyon. Elle est positive, car elle va enfin permettre d’aligner les planètes entre la fabrique des politiques publiques, qui est de plus en plus une planète intercommunale, et celle de la compétition politique et partisane, qui était surtout une planète municipale.
Ces planètes seront‐elles vraiment alignées ? L’élection métropolitaine – qui se tiendra en même temps que les municipales – sera‐t‐elle suffisamment visible ?
Oui, pour deux raisons. A Lyon, la communauté urbaine puis métropole a fait l’objet d’un investissement net et sérieux de la …