Association nationale de lutte contre la corruption, Anticor compte un peu partout en France des cellules locales. Celle du Rhône affiche 360 adhérents, dont 10 % d’actifs. À Lyon et ses environs, ces citoyens engagés en faveur d’une vie publique plus éthique répondent aux alertes transmises par des citoyens. Celles‐ci peuvent parfois les conduire à agir auprès de la justice, la plupart du temps en adressant des signalements argumentés au procureur de la République.
Ils sensibilisent aussi le grand public comme les élus aux problématiques liées à la probité, et préconisent de réformer certains aspects de notre démocratie locale [lire plus bas]. « Il ne s’agit pas seulement de dénoncer ce qui ne fonctionne pas, il faut proposer des choses », défend Pauline Matveef, coréférente d’Anticor 69. Alors que nous publions par ailleurs cette semaine un inventaire inédit des affaires qui concernent les élus lyonnais, elle et son binôme Patrick Mottet témoignent, pour Mediacités, des spécificités de la lutte contre la corruption au niveau local.
Mediacités : La création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) en 2013 puis celle de l’Agence française anticorruption (AFA) en 2016 avaient inscrit l’éthique à l’agenda politique. Le sujet est‐il toujours une priorité pour nos représentants ?
Pauline Matveef : Beaucoup d’élus ne jurent toujours que par l’action et par les politiques publiques qu’ils mettent en œuvre, plus que par la façon d’exercer le pouvoir. Or, à mon sens de militante anticorruption, celle‐ci vaut tout autant. Bien sûr, on élit des personnes pour mener une action publique et ce qu’elles vont faire de leur pouvoir et de notre argent pour orienter la société de demain compte énormément. Mais la façon dont elles prennent leurs décisions et les informations qu’elles communiquent sur ces prises de décision sont tout aussi importantes car elles permettent à des contre‐pouvoirs – opposants politiques, associations comme la nôtre ou médias – de savoir comment on décide de notre bien commun. Pour répondre à votre question, on observe peu d’élus pour lesquels le « comment on fait » compte autant que le « qu’est‐ce qu’on fait ».
Patrick Mottet : Rien d’étonnant à ce que les élus privilégient plutôt les résultats : « J …