A l’ouverture de la campagne des élections municipales 2020, la rédaction de Mediacités a lancé un débat de fond sur l’état de notre démocratie locale et les moyens de la renforcer. Nous avons présenté deux outils pour aller plus loin : un Manifeste pour une démocratie locale réelle et un livre blanc pour l’acte II de la démocratie locale. Les élections passées, nous n’enterrons pas ces questions liées à la transparence, à la moralisation de la vie politique locale et à la désaffection des Français pour leur personnel politique. Après les dernières élections municipales, qui ont vu les électeurs s’abstenir massivement, elles nous paraissent même d’autant plus cruciales.
Voilà pourquoi nous avons souhaité réaliser la première longue interview de la maire (PS) de Nantes, Johanna Rolland, sur ces sujets. Parce que Nantes, malgré la communication parfois outrancière et les nombreuses limites de sa démocratie participative – le « dialogue citoyen », dirait la mairie -, demeure néanmoins une ville plutôt en pointe sur le sujet. Parce qu’elle est aussi l’une des rares en France à ne pas reléguer totalement l’opposition municipale (qui préside notamment la commission des finances) au rang de simple faire‐valoir. Parce que les engagements de Johanna Rolland candidate étaient, sur le papier, plutôt prometteurs.
Mediacités : Vous avez été élue maire le dimanche 28 juin avec les voix de 17 % des électeurs inscrits sur les listes électorales. C’est très peu. Et s’il n’y a rien à redire sur la légalité de cette élection, ce taux d’abstention record pose néanmoins une question de légitimité. Vous sentez‐vous démocratiquement élue ?
Johanna Rolland : « Démocratiquement élue, oui ! Comme les 36 000 maires des 36 000 communes de notre pays. Il n’en demeure pas moins que je considère que ce sujet de l’abstention comme la première question qui doit nous préoccuper aujourd’hui. Bien sûr, la crise sanitaire a joué un rôle. Evidemment, les trois mois séparant les deux tours n’ont pas permis de créer une dynamique. Mais je crois que ce serait nier la réalité que de ne pas considérer qu’il y a des racines plus profondes à ce phénomène. Oui, je considère que lorsqu’il y a un tel niveau d’abstention, c’est le pacte démocratique qui est abîmé. Mais mon rôle, ce n’est pas simplement de l’analyser et de la commenter. C’est aussi