Dans l’ouvrage que vous venez de faire paraître, vous affirmez qu’il y a un présupposé démocratique attaché à la commune dans notre pays. Que voulez‐vous dire par là ?
Rémi Lefebvre. Je veux dire qu’il existe une présomption de forte légitimité démocratique lié au local. C’est surtout les cas pour les communes, d’ailleurs, parce qu’on ne dit pas la même chose des intercommunalités, des départements ou des régions. Cette espèce de naturalité du caractère démocratique se focalise sur la personne du maire. Et c’est vieux comme le pouvoir local en France ! Il y a toujours eu cette mythologie de la proximité et une forme de célébration du pouvoir démocratique des maires. Elle a résisté à toutes les transformations (la métropolisation, la péri‐urbanisation…). Au fond, on a toujours l’impression que le local fonctionne comme un village. La figure du maire qu’on a en tête, c’est quelqu’un de toujours disponible pour les citoyens, dévoué, au service des habitants
Ceci s’explique sans doute par notre histoire marquée par l’imaginaire du village et l’existence de 35 000 communes de petite taille (1 800 habitants en moyenne) soit 40 % de l’ensemble de communes européennes…
Exactement. Tout cela s’inscrit en outre dans un discours extrêmement puissant porté par l’Association des Maires (AMF) de France, un lobby territorial puissant. A chaque élection municipale, par exemple, on nous fait le coup de la crise de vocation des maires… avant de se rendre compte qu’elle n’a pas vraiment eu lieu. On verra cette fois ci. L’AMF joue là‐dessus pour imposer un rapport de force avec l’Etat et éviter la baisse des dotations… Elle met en scène et porte depuis des décennies la rhétorique mayorale de la confiance locale qui ne résiste pas vraiment à l’analyse concrète du pouvoir local.
N’y a‑t‐il pas quand‐même une certaine résignation des maires ruraux ?
C’est vrai. C’est devenu souvent un enfer d’être maire d’un village. On y passe un temps énorme avec peu de moyens matériels, des citoyens exigeants et «  …