A mille lieues de l’apolitisme revendiqué par de nombreux maires, Guillaume Gourgues observe une « repolitisation » de la vie locale. Et s’en réjouit, lui qui déplore le « piteux état » de la démocratie municipale et métropolitaine. Qu’ils cherchent à entrer dans les institutions pour les réorienter ou à influer sur les politiques locales depuis l’extérieur, de plus en plus de collectifs militants ou associatifs mettent en effet les décideurs sous pression. Objectif : réécrire les règles du jeu de la décentralisation à la française et transformer les collectivités en laboratoires du changement.
Mediacités : Après deux records successifs d’abstention en mars et juin 2020, la vie politique locale est‐elle encore l’affaire de tous ?
Guillaume Gourgues : Non. Le taux de participation en chute libre devrait tous nous interroger. Mais j’ai préféré me pencher sur l’essor des listes dites participatives et citoyennes, plutôt que saisir ces élections comme une preuve de plus de la faible vitalité de la démocratie locale. Si ce phénomène reste encore très marginal et hétérogène en France – il a concerné moins de 500 villes sur 35 000 communes –, et qu’il laisse très largement indifférent les classes populaires, il est tout de même symptomatique, selon moi, d’une repolitisation en cours de l’échelon local.