Durant la crise du coronavirus, le président Emmanuel Macron a affirmé que « tout ne [pouvait] être décidé depuis Paris » et qu’il fallait faire « davantage confiance aux territoires ». Assiste‐t‐on à un retour du pouvoir local ?
Christophe Robert : On sent bien que nous sommes enfermés dans des débats politiques qui finissent par s’auto-stériliser autour d’idéologies et qui ne répondent pas aux attentes des gens. Cette déconnexion, qu’on pointe depuis de nombreuses années, crée un désaveu dangereux à l’égard du fait politique et, par ricochet, des politiques publiques. Je vois énormément de gens autour de moi dire « Ah quoi bon ! » après avoir passé vingt ou trente ans à militer. L’écume de ce qui sort de cela dans les grands médias créé le sentiment que rien ne peut changer. Cela n’imprime pas. Il y a une distance, un fossé de plus en plus grand.
Mais certains font la démonstration au niveau local que, lorsqu’on veut agir, on peut transformer les choses. Nous en sommes à un tel niveau d’épuisement intellectuel, au sens politique et démocratique, que notre conviction est que le changement passera beaucoup par les territoires. C’est presque une question de survie, de capacité à agir.