Villes « autonomes » ou « résilientes » sur le plan alimentaire, territoires « nourriciers » ou autosuffisants. De Nantes à Albi, en passant par Lyon, Marseille ou Paris, l’épidémie de Covid et les confinements ont porté sur le devant de la scène une préoccupation nouvelle : en cas de crise, nos villes seraient‐elles capables de se nourrir elles même ? Pour le moment, la réponse est non. Mais des solutions existent. Tour d’horizon avec Yuna Chiffoleau, directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae, ex Inra).
Avec l’épidémie de Covid et le confinement, l’idée de « résilience alimentaire » a fait irruption dans le discours des élus municipaux et leurs politiques publiques. Mais, en réalité, depuis quand cette question a‑t‐elle commencé à émerger ?
Yuna Chiffoleau : Je la ferais remonter à un peu avant la crise sanitaire. Elle est en partie liée à l’introduction des projets alimentaires territoriaux dans la loi d’avenir pour l’agriculture en 2014 et aux incitations à mettre du local dans la restauration collective. Puis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et d’autres élus isolationnistes a conduit à élargir la réflexion sur la résilience alimentaire à des enjeux plus géostratégiques et géopolitiques, autour de nos sources d’approvisionnement.   …