Votre université d’été est intitulée « De l’éthique publique à l’éthique des affaires ». Pourquoi ce glissement ? Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à l’éthique des affaires ?
Raphaël Maurel : Plus qu’un glissement, c’est une ouverture de nos travaux à un domaine qui nous semble intimement lié à l’éthique publique. L’idée que nous défendons, c’est qu’il n’y a qu’un pas entre éthique publique et éthique des affaires. L’une des raisons est que les acteurs publics font aussi des affaires, certes publiques, mais des affaires. Les principes de l’éthique publique ont donc vocation à s’appliquer au secteur privé. De plus, l’éthique des affaires a pris une importance particulière dans l’opinion avec la visibilité croissante de nombreux scandales (Nike et le travail des enfants, l’effondrement du Rana Plazza au Bangladesh, le diesel‐gate de Volkswagen…). Cela a un impact très fort sur le consommateur qui est de plus en plus exigeant en matière d’éthique et aussi sur la chaîne de valeurs interne à l’entreprise. Il veut savoir d’où les produits viennent, comment ils sont fabriqués… La conséquence est que tout cela finit par devenir une affaire publique. Et les gouvernements et les élus sont amenés à se positionner. D’où notre intérêt croissant pour l’éthique des affaires.