À Nantes, le collège Rosa Parks compte seulement trois enfants de cadres parmi ses trois cents élèves. A l’inverse, quelques kilomètres plus loin, dans les établissements privés du centre‐ville, plus de la moitié des collégiens sont issus de milieux favorisés. « Vous avez de telles différences entre secteurs que les écarts sont inacceptables », s’insurgeait en novembre dernier, dans Mediacités, Vincent Danis, vice‐président du Conseil départemental de Loire‐Atlantique, chargé de l’éducation et de la politique éducative.
La cité des Ducs est loin d’être la seule ville où collèges et mixité sociale ne vont pas forcément de pair. Comme Mediacités l’a régulièrement documenté ces dernières années à Lyon, Toulouse, Nantes et Lille [voir nos enquêtes à ce sujet en fin d’article], le mal de la ségrégation sociale est profond en France. Un dixième des collèges scolarisent moins de 15 % d’élèves d’origine sociale défavorisée quand un autre dixième en scolarisent plus de 60 %. Un manque de mixité sociale qui demeure depuis le début des années 2000 et qui n’est pas sans conséquences. « La concentration de difficultés sociales dans un établissement est préjudiciable à la réussite des élèves qui y sont scolarisés », rappelait le service statistique de l’Education nationale dans une note parue en juillet 2022.
Alors que le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye devrait annoncer en ce mois de janvier 2023 une importante réforme afin de « lutter contre tous les déterminismes sociaux », nous avons demandé à Youssef Souidi, économiste et auteur d’une thèse consacrée à la ségrégation sociale dans les coll …