Économiste, spécialiste des dynamiques territoriales, Olivier Bouba Olga (université de Poitiers) a analysé les résultats du scrutin du 30 juin dernier à travers le prisme de 119 indicateurs statistiques (économiques, sociaux, géographiques, démographiques). Principal enseignement de son travail : les différences électorales entre les territoires ruraux et urbains sont avant tout affaire de composition sociale.
Mediacités : Toulouse, Lille, Nantes, Rennes, Montpellier… Dans ces métropoles, les électeurs ont voté à plus de 50 % pour la gauche au premier tour des élections législatives. Comment l’expliquez-vous ?
Olivier Bouba Olga : C’est le symétrique du vote d’extrême droite dans le rural et le périurbain, avec la même explication sous‐jacente : les effets de composition sociale. Dans ces grandes villes, on trouve une surreprésentation des emplois dit « métropolitains », avec de nombreux cadres sup’, qui sont plus réfractaires au vote RN et plus enclins à voter à gauche ou au centre. Ce sont aussi des territoires où vivent des populations pauvres, d’origine immigrée, elles aussi plus favorables à la gauche et éventuellement à La France insoumise (LFI) dans certains quartiers.
Que mettez‐vous derrière la formule « composition sociale » ?
Le niveau de revenu, le niveau de diplôme et la catégorie sociale, ou « CSP ». Ces trois variables qui sont liés – mais en partie seulement – structurent les votes. De façon schématique, une personne avec un revenu élevé et un haut niveau de diplôme votera plutôt au centre ou à droite. Un électeur avec un niveau de diplôme élevé et un revenu moyen votera, lui, plutôt à gauche, voire LFI. Mais, ce qui ressort de mes …