Finances des collectivités : Bercy et les élus locaux s’écharpent, l’opacité demeure

Accusées par Bruno Le Maire de creuser un peu plus le déficit des finances publiques, les collectivités locales crient au faux procès. Derrière la polémique se cache pourtant un autre problème, pointé par la chercheuse Marie Caussimont : l’opacité de leurs comptes et le manque de contrôle sur leur gestion.

Ministère_de_l’Économie_et_des_Finances_Mars_2022
Le ministère de l'économie et des finances, à Paris, dans le quartier de Bercy. / Photo : Wikipedia Commons

Le torchon brûle entre Bercy et les collectivités locales et c’est Bruno Le Maire qui y a mis le feu. Le 2 septembre dernier, alors que le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, n’avait pas encore été nommé, le ministre démissionnaire de l’Economie et des Finances minait déjà le terrain de son successeur en annonçant un nouveau et « sérieux dérapage des finances publiques ». Selon la note établie par les services de Bercy et envoyée aux présidents des commissions des finances du Sénat et de l’Assemblée nationale, le déficit public pourrait atteindre 5,6 % du PIB cette année au lieu des 5,1 % espérés. 

Une prévision inquiétante dont Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, ministre démissionnaire délégué aux Comptes publiques, rendent les collectivités locales (régions, départements, intercos et communes) en grande partie responsables. « Le risque principal est lié à une augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités territoriales, qui pourrait à elle seule dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros par rapport au programme de stabilité 2024–2027 », écrivent‐ils. 

« Mensonge populiste » et « mise en cause infondée »
Il n’en fallait pas beaucoup plus pour provoquer la grosse colère des élus locaux. Un « mensonge populiste » a immédiatement dénoncé Carole Delga, la présidente PS de la région Occitanie, tandis que Johanna Rolland, maire PS de Nantes et présidente de France Urbaine (l’association représentant les plus importantes métropoles françaises), déplorait « un honteux tour de passe‐passe de Bruno Le Maire qui se défausse sur les collectivités locales de l’échec de sa politique ».

De son côté, l’Association des maires de France (AMF), présidée par le maire LR de Cannes, David Lisnard, s’insurge contre « une mise en cause infondée des comptes des collectivités locales pour masquer la situation désastreuse des comptes de l’État qu’ils [les ministres démissionnaires] laissent derrière eux ». Si l’Observatoire des finances publiques locales (OFPL) constate quant à lui que les dépenses de fonctionnement et d’investissement des collectivités ont davantage progressé que leurs recettes, il tempère néanmoins, soulignant à la fois le « contexte d’inflation marquée », mais aussi l’augmentation des frais de personnel, due à celle du point d’indice des fonctionnaires, décidée par le gouvernement. 

Reste, quoi qu’il en soit, qu’un hypothétique déficit des collectivités locales de 16 milliards d’euros (le chiffre de Bercy est contesté par les élus) ne pèserait pas bien lourd en regard de celui de l’État (173 milliards en 2023). Pour autant, la polémique a le mérite de mettre la lumière sur une question peu connue : le manque de fiabilité des comptes des collectivités.
Manque de contrôle et opacité 
Dans une tribune parue dans Le Monde lundi 9 septembre, la chercheuse Marie Caussimont (maître de conférence à la Toulouse School of Management) rappelle en effet qu’à la différence des entreprises, des associations, des hôpitaux ou des universités, les collectivités françaises ne sont pas tenues de faire certifier leur comptes par une autorité externe et indépendante. Et que « l’affichage de (leur) réelle situation …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Temps de lecture : 11 minutes

Favorite

Propos recueillis par Armelle Parion et Benjamin Peyrel

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a dépassé 75% de l’objectif. Aidez-nous à atteindre les 100% d'ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes