Malgré les scandales sanitaires et les liens entre les maladies cardiovasculaires, les cancers et la surconsommation de viande, celle‐ci a toujours le vent en poupe en France. Pour comprendre pourquoi, il nous a semblé intéressant d’avoir l’éclairage de Nicolas Treich sur ce sujet. Cet économiste de l’environnement, spécialiste reconnu de la politique climatique et de l’analyse bénéfices‐risques, est l’un des rares dans sa discipline à s’intéresser aussi au bien‐être animal. Directeur de recherche à l’école d’économie toulousaine TSE et à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae), il décrypte pour Mediacités les impacts et enjeux de la consommation de viande, entre bénéficies économiques et coûts environnementaux et sanitaires, ainsi que l’efficacité relative des politiques publiques en la matière…
En France, la consommation de viande baisse, mais lentement. Quelle est la tendance précise ?
On parle d’une baisse de 1 % environ par an depuis une quinzaine d’années, ce qui est comparable à celles d’autres pays développés. Dans le détail, l’attrait pour les viandes rouges décline, mais les viandes blanches sont plutôt en croissance, comme on peut le lire dans le dernier rapport de FranceAgriMer. La consommation de viande a tendance à augmenter avec le revenu, puis à se stabiliser, et à baisser ensuite à partir des classes moyennes supérieures jusqu’aux hauts revenus. En tant que pays riche, on est en haut d’une courbe en U inversé. Mais dans les pays pauvres et émergents, la consommation de viande augmente beaucoup. En Chine, elle a été multipliée par 15 en cinquante ans. Alors même que le rapport scientifique Eat‐Lancet – The Lancet est l’une des plus grandes revues scientifiques, et ce rapport est coécrit par un groupe d’experts reconnus en nutrition et environnement – préconise une diminution d’au moins par trois de la consommation de viande, pour des raisons sanitaires et environnementales.
La viande bénéficie de représentations positives. Dans la culture française, manger de la viande a longtemps signifié qu’on était en pleine santé. Pour nos grands‐parents, c’était même un signe de richesse…
En effet, mais cela n’a pas toujours été le cas. Il y a un siècle, on mangeait quatre fois plus de légumineuses qu’aujourd’hui. Ce n’est que dans les années 1950–1960, [annexe link=« qu’on s …