Condamnée par la justice, la députée macroniste Violette Spillebout calomnie le directeur de Mediacités

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La députée Renaissance du Nord, Violette Spillebout, lors d'un passage sur la chaîne Public Sénat, le 7 avril 2023. Capture d'écran

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Par Jacques Trentesaux

Non contente des décisions de justice qui lui sont systématiquement défavorables, la députée macroniste s’entête contre Mediacités. Et tient sans scrupules des propos diffamatoires à l'encontre du journal et de son directeur.

La députée macroniste de la 9e circonscription du Nord a un problème avec la justice de la République. Quand un jugement ne lui plaît pas, elle s’entête et sombre dans un déni aux forts relents paranoïaques. Le 4 juillet, le tribunal judiciaire de Lille a prononcé la relaxe du directeur de la rédaction de Mediacités – et auteur de ces lignes – qui était attaqué pour « harcèlement suite à des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste ». Il a aussi condamné Violette Spillebout à 6 000 euros de dommages et intérêts pour « constitution de partie civile abusive » ainsi qu’au remboursement de l’intégralité de nos frais de justice (3 784,50 euros). Une sanction lourde et rarissime.

Le délibéré à peine tombé, Violette Spillebout a déclaré son intention d’interjeter appel. C’est évidemment son droit. Mais c’est aussi la preuve d’un acharnement inquiétant – plus encore pour une élue qui ne cesse de rappeler son attachement à la liberté et à l’indépendance de la presse et qui est même co‐rapporteuse d’une mission parlementaire sur l’éducation critique aux médias. D’abusive, la procédure en devient obsessionnelle. Violette Spillebout s’est persuadée qu’elle est – nous reprenons ses termes – « salie dans son honneur de femme », car le directeur de la rédaction de Mediacités aurait colporté des rumeurs malveillantes sur sa vie privée. Pis ! La justice, en prononçant la relaxe, accorderait à tout à chacun un permis « d’harceler, d’agresser, de diffamer ». Les juges apprécieront… 

Trois ans de hargne

Rembobinons le fil. Voici plus de trois ans que Violette Spillebout poursuit Mediacités de sa hargne. Très exactement depuis des articles que nous avons publiés lors de la campagne municipale à Lille, durant laquelle l’ancienne directrice de cabinet de Martine Aubry affrontait son ancienne patronne. Espérant que nous serions de son côté pour bouter la maire de Lille hors du beffroi, elle n’a sans doute pas supporté la critique. Nous y abordions notamment le coût de sa campagne, mettions en doute la faisabilité de certains des projets portés par son équipe (ici et ici)… Bref, un travail classique d’enquêtes et de vérification.

Nous avons aussi examiné les raisons profondes du divorce entre Martine Aubry et Violette Spillebout. Cette enquête nous a tout d’abord valu un long droit de réponse de la candidate LREM. Puis, quelques jours plus tard, un référé ubuesque assorti d’une demande d’indemnités de 5 000 euros pour préjudice et de 5 000 euros pour dommages et intérêts pour nous ordonner la publication dudit texte… pourtant bien paru ! Constatant sa bourde, Violette a retiré son assignation la veille de l’audience.

Son mari, Olivier Spillebout, n’a pas davantage apprécié ce même article où nous mettions en cause la gestion de la Maison de la photographie qu’il dirigeait et dont il était propriétaire des murs avec son épouse. Soit, entre le salaire du directeur et la location des lieux, les deux plus gros postes de dépenses d’une structure biberonnée aux fonds publics durant plus de vingt ans. Ayant perdu son procès pour diffamation, Olivier Spillebout a quand même fait appel… mais faute de dépôt d’acte interruptif de la prescription, celui‐ci a été déclaré sans objet.

Chantage ou harcèlement ?

Tout est monté encore d’un cran lorsque Violette Spillebout s’est convaincue que nous colportions des rumeurs sur sa vie privée afin de lui nuire. D’où un dépôt de plainte pour « chantage ». À l’époque, des on‐dits tournaient en boucle à Lille sur les mœurs de la candidate. Des interlocuteurs évoquaient auprès des journalistes l’existence de photos compromettantes. Ce sujet a été évoqué lors d’entretiens avec certains protagonistes de la campagne mais il n’était jamais au cœur des échanges. En outre, il relève de la vie privée et Mediacités n’aurait jamais publié une ligne à ce propos. Rien n’a d’ailleurs été publié.

Un jour, Ingrid Brulant, directrice de campagne de Violette Spillebout, a rapporté par erreur à cette dernière que j’affirmais détenir les fameuses photos. Et tout est parti en vrille. Le 11 mars 2020, la candidate m’a convié dans un café pour une explication. J’ai répondu bien volontiers à cette invitation, car je voulais l’entendre sur les vraies raisons de son divorce d’avec Martine Aubry. Ce que je ne savais pas, c’est que j’étais enregistré à mon insu. Étrange pratique ! Je m’apercevrai ensuite que toutes mes conversations téléphoniques avec Violette Spillebout étaient enregistrées… Mais ce qui devait être un piège s’est en quelque sorte retourné contre l’intéressée puisque les bandes n’ont apporté aucune validation de ses élucubrations.

Peu importe ! Dans le cadre de l’enquête de police qui a suivi le dépôt de plainte pour chantage, Violette Spillebout voulut faire citer de nombreux témoins (Thierry Pauchet, François Kinget, Dei Muteba, Marc‐Philippe Daubresse, Valérie Petit…). Tous se sont défaussés, à l’exception de l’ancienne directrice de campagne de Violette Spillebout, car ils n’avaient rien de particulier à dire sur ma supposée obsession à enquêter sur sa vie privée. À l’époque, la candidate considérait que je répercutais des rumeurs émanant du camp Aubry. Au major de police qui l’a interrogée le 24 juin 2020, elle indiquait être persuadée que « monsieur Trentesaux veut faire d’une rumeur une actualité pour vendre son journal », ainsi qu’elle l’a déclaré sur le procès‐verbal d’audition.

Des accusations diffamatoires

Convoqué à mon tour par un major de police, le 7 mai 2021 à 9 heures au commissariat central de Lille, j’ai subi un long interrogatoire avant d’être conduit dans les sous‐sols du bâtiment pour un relevé d’empreintes des doigts et paumes de la main et une séance de photos anthropométriques de face et de profil, comme la procédure l’impose. Un instant surréaliste où je me suis retrouvé propulsé dans la peau d’un dangereux délinquant. Un mois plus tard, le 7 juin 2021, le parquet concluait au classement sans suite de la plainte.

Fin de l’histoire ? Que nenni ! Violette Spillebout décide aussitôt de contre‐attaquer en citation directe. Cette fois, elle le fait pour « harcèlement sexuel ou sexiste ». Une initiative qui a eu le résultat que l’on sait… mais qui ne l’empêche donc pas de claironner sa décision de faire appel aujourd’hui. Ni de proférer des insanités dans un communiqué du 4 juillet qui ne sera bizarrement transmis qu’au compte‐gouttes.

Ce communiqué, le voici dans son intégralité. Il contient des passages injurieux et diffamatoires. Le directeur de la rédaction de Mediacités que je suis y est qualifié de « pervers narcissique » ; notre journal lui‐même est rabaissé au rang de « tabloïd » ; et, toujours selon la rapporteuse de la mission sur l’éducation aux médias, nous pratiquerions du « journalisme de chambre à coucher » en étant guidés par le seul souci de « faire du clic ».

2023 07 04 CP V.Spillebout Violences aux elus Trentesaux

À ce niveau d’attaque, il importe de ne pas laisser dire n’importe quoi et de se faire respecter. Nous étudions donc la possibilité de saisir à notre tour la justice pour diffamation ou injures, même si, dans l’immédiat, la meilleure défense pour le journaliste que je suis est de vous livrer les faits, rien que les faits et tous les faits. Ainsi, nous laissons aux lecteurs la possibilité d’apprécier par eux‐mêmes, après les juges, l’aberration de toute cette histoire et de ce que nous estimons être un dérapage inquiétant d’une députée en vue de la République.

Nous avons reçu, le 18 septembre 2023, deux droits de réponse de Violette Spillebout et d’Olivier Spillebout que nous reproduisons ici comme la loi nous l’impose.

2023 09 15 VS droit de reponse MEDIACITES.docx
2023 09 15 OS droit de reponse MEDIACITES 15092023.docx

Réponse de la rédaction :

Si le droit de réponse de Violette Spillebout n’impose pas de commentaire particulier, il n’en est pas de même de celui d’Olivier Spillebout.

L’ancien directeur de la Maison de la photographie, qui nous attaquait pour diffamation suite à la publication d’un article consacré aux vraies raisons du divorce entre Martine Aubry et Violette Spillebout, indique dans son droit de réponse que le tribunal a retenu que le délit de diffamation était constitué. C’est évidemment faux. Si tel avait été le cas, Mediacités aurait été condamné. Or nous avons été relaxés. Le tribunal a considéré que les « éléments constitutifs de la diffamation [étaient] réunis », c’est à dire qu’il y a bien une imputation d’un fait précis attentatoire à l’honneur et à la considération. Mais le tribunal a retenu le fait justificatif de bonne foi. Il est donc faux (et même… diffamatoire) de dire que le tribunal a retenu que le délit de diffamation était constitué. 

Par ailleurs, nous ne voyons nulle trace, dans l’article qui figure ci‐dessus, de la thèse « systématiquement avancée » (selon les termes d’Olivier Spillebout) qui laisserait supposer un risque de poursuites judiciaires à son encontre en raison du mode de financement de la Maison de la Photographie. Nous ne pouvons donc que rester coi face à cette affirmation sans fondement.

Jacques Trentesaux, directeur de la publication de Mediacités

  • Mon cher Jacques, je lis que tu as un comportement de pervers narcissique grâce à la découverte d’une députée ! Ce qui m’étonne, et j’espère que tu as la réponse, c’est le but qu’elle recherche . Convaincre qui ? ses affidés qui le sont déjà ? les autres ? elle n’a pas de soutien de ses amis, de son parti , et elle est rejetée par la justice. On peut par ailleurs penser qu’elle est un peu intelligente, alors ? pourquoi se couvrir de ridicule.…Pour ton fichage de fait par la DGSI, ton serviteur qui n’a pas ta notoriété, l’est depuis bien longtemps, depuis que j’ai eu une acticité auprès de l’armée avec accès à des documents secrets défense, et j’ai appris alors que les journalistes ayant une notoriété certaine ( bravo jacques), le sont aussi. Quant à être enregistré par tes interlocuteurs en RDV ou par téléphone, c’est ultra usuel, tu le sais., j’y suis passé !
    Ceci dit, bon courage et BRAVO, BRAVO à toi et à tes collègues. Heureusement qu’il y a des journalistes d’enquêtes ! Bien sûr, comme dirait Spillebout, vous êtes des vendus . Si çà peut te consoler, j’ai été administrateur directeur de recherche international dans une très grande société alimentaire, tu le sais, et lors d’écrits et d’exposés, entre autres à la DGA à Bruxelles, et actuellement encore en tant que expert désigné par les préfets de PACA et d’Occitanie auprès de la DGAL, section protection des végétaux, je ne suis pour certains que le suppôt du grand capital, par atavisme je suppose car en retraite ! singulièrement par des dogmatiques écolo ! ainsi va la vie ! tu le sais ! alors, stp, continue ! et bon courage à nouveau. Etienne T.

  • Stupéfiant, affligeant et tellement « petit » de telles pratiques de la part d’une représentante du peuple.
    Et on s’étonne après de l’abstention.
    Courage à toute l’équipe de Mediacités. Continuez à dénoncer.
    Vive la presse d’investigation qui comme on le constate dérange.
    On vous soutiendra dans votre défense contre ce type de politique.
    I.

  • Juste pour dire combien j apprécie vos enquêtes sérieuses ‚toujours bien travaillées,documentées et écrites.
    Vraiment rien à voir avec un .« journalisme de chambre à coucher » !
    En tant que lectrice, je me sentirais presque blessée, si je ne sentais cette personne sans doute aus abois.
    Bon courage à vous.

  • Vos lecteurs sont convaincus de votre bonne foi et vous font confiance – ne perdez pas de temps avec ces ragots – je suppose que vous serez indemnisés un de ces jours
    il y a bien d’autres sujets d’importance à traiter – la résistance à la signature du Mercosur par exemple !!!

  • « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ».
    J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer Monsieur Trenteseaux et ses journalistes et je peux vous assurer qu’il n’est nullement un pervers narcissique et que leurs enquêtes sont extrêmement rigoureuses et longuement verifiées avant d’êtres publiées !
    Les enquêtes de Médiacités dérangent et certaines personnes, peut‐être par vengeance, inventent tout et n’importe quoi pour exister sur la scène politique !
    Heureusement que Médiacités existe pour nous tenir informés ! Longue vie à lui !