Mediacités, un “journal de journalistes” au service du public

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Photo : Joseph Melin

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Par Jacques Trentesaux

Ni industriel des télécoms, ni grand réseau bancaire parmi nos actionnaires : l’indépendance de Mediacités est d’abord financière. Aux côtés des fondateurs, plus de 80 particuliers ont financé directement ou indirectement Mediacités. Demain, l’aventure continuera grâce aux abonnements de nos lecteurs.

Comment se finance Mediacités ? Cette question, vous vous la posez peut‐être. Elle est légitime. Voici la réponse. C’est au printemps 2015 que l’idée de Mediacités émerge dans la cave d’un restaurant parisien du 9e arrondissement. Nous sommes cinq collègues journalistes de L’Express. Nous savons que le journal va bientôt être racheté par Patrick Drahi, le magnat des télécoms (SFR, Numéricable…). L’idée nous taraude depuis plusieurs semaines : et si nous volions de nos propres ailes en créant un média d’investigation locale ?

Une idée noble, mais encore faut‐il la financer… Sans mise de fonds, pas d’entreprise. Les sept fondateurs de Mediacités placent chacun 5 000 euros sur la table. Juste de quoi s’offrir un site d’information sobre, fonctionnel et crédible. Pas davantage. Très vite, nous nous tournons vers le public. C’est la première épreuve de vérité. Allons‐nous convaincre de la pertinence de notre projet – “créer un site d’investigation locale multivilles” – au point d’amener des inconnus à sortir la carte bancaire ? L’objectif ? Réunir 25 000 euros.

Au bout de 45 jours d’une campagne intense de financement participatif sur la plateforme Ulule, nous récoltons… 25 481 euros. Réussi ! A nos côtés, il y a désormais 456 contributeurs. Nos premiers abonnés, notre premier cercle. Nous ne sommes plus seuls, mais tout reste à faire. La France est un beau pays et nos élus (certains, en tout cas) ont perçu l’ampleur de la crise traversée par la presse et la difficulté pour des “nouvelles pousses” d’émerger. Ils ont donc créé des aides, comme la Bourse d’émergence. Nous postulons et, grâce à nos superbes tableaux Excel, obtenons le montant maximal : 50 000 euros. Cette subvention (qu’on ne touche qu’une fois) fut indispensable pour nous déployer. Tout cela est bien. Mais encore nettement insuffisant. Comme il n’est pas question d’aller chercher de la publicité, nous sommes partis à la recherche d’investisseurs. Notre deuxième épreuve de vérité.

L’indépendance est notre bien le plus précieux

L’enjeu ? Trouver des personnes qui croient suffisamment au succès de Mediacités pour risquer quelques milliers d’euros. En langage de financier, cela s’appelle une levée de fonds par augmentation de capital. Très bien, mais comment faire ? Qui solliciter ? Faut‐il toquer à la porte des fonds d’investissement ? Je comprends vite que nous sommes beaucoup trop petits pour eux. Faut‐il solliciter les fameux “business‐angels”, ces entrepreneurs qui en parrainent d’autres sur leurs deniers personnels ? Nous ne sommes pas assez “disruptifs” (comprendre “différenciants”) pour eux. Au bout d’un an de travail, de rendez‐vous en rendez‐vous dans des cafés chics ou des salons d’hôtel, nous avons trouvé 27 investisseurs (des citoyens aisés qui ont risqué entre 5 000 et 62 000 euros), 2 entreprises de presse indépendantes (Mediapart et Indigo Publications) et réuni 55 amis (qui ont investi quelques centaines d’euros chacun) dans une Société des amis. Au total, nous avons levé 431 100 euros. Ouf ! 

Ces investisseurs se partagent désormais 35 % du capital de Mediacités. Les fondateurs gardent donc la majorité (65 %). Nous y veillons. Car l’indépendance est notre bien le plus précieux. Cette levée de fonds nous permet d’acheter du temps. Chaque jour, nous engrangeons des abonnements. Mais ils sont encore en nombre insuffisant pour couvrir la totalité de nos dépenses. Rien de surprenant à cela : nous savions que choisir le modèle économique de l’abonnement demanderait du temps. Beaucoup de temps.

Une course contre la montre est engagée pour donner les moyens aux journalistes de Mediacités de continuer à sortir des enquêtes de qualité. Il nous faudra disposer d’assez d’abonnés avant que notre “trésor de guerre” n’ait fondu. Pour cela, vous, lecteur, vous êtes notre premier soutien : parlez de nos articles autour de vous et, si vous êtes abonné, offrez‐les à vos collègues, votre famille ou vos amis. Notre Société des amis vous est aussi ouverte. Faisons grandir ensemble la cause de l’investigation indépendante en région ! 

 

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