Le couple Huyghe‐Debord perd ses nerfs face à Mediacités

Debord
La vice-présidente de la région Grand Est, Valérie Debord, à la convention nationale Action Logement le 26 novembre 2019. Photo : IP3 PRESS/MAXPPP

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Par Jacques Trentesaux

Notre enquête sur le goût des notaires, des cumuls et des indemnités de Sébastien Huyghe et Valérie Debord, nous a valu une réplique cinglante des intéressés. Qui frappent à côté de la cible… et oublient l’essentiel.

« Une volonté évidente de nuire » ; un article « basé que sur des sous‐entendus nauséabonds » ; un article « d’amalgames » nourri par le seul « goût du sang et de la calomnie contre les élus » et « d’évidentes arrière‐pensées politiques »… Le moins qu’on puisse dire est que la réaction du député du Nord Sébastien Huyghe et de son épouse, la vice‐présidente du Grand Est Valérie Debord, a été vive après notre enquête publiée le vendredi 29 novembre dernier. Pour être sévère, la charge est classique : réagir avec force, dénigrer le travail réalisé… et éviter de répondre sur le fond.

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        L’Est Républicain du 30 novembre 2019.

Le fond, c’est une situation qui pose de nombreux problèmes. Pour Sébastien Huyghe, c’est tout d’abord celui du cumul entre un mandat de député et une activité professionnelle. Être député n’exige-t-il pas un investissement à temps plein ? Ensuite, celui de la compatibilité entre un mandat de représentant de la Nation qui doit « être préservé de toute influence » et l’exercice d’une profession. Le sujet, sensible, a été au cœur de la loi pour la confiance dans la vie publique de l’été 2017 qui a limité la possibilité pour les parlementaires d’exercer une activité de conseil (avocat d’affaires, consultant…).

Sébastien Huyghe ayant acheté une charge notariale, il assure qu’il consultera le déontologue pour savoir quelle attitude adopter en cas d’examen d’un texte qui concernerait cette profession. Est‐ce suffisant ? Pas sûr, si l’on en juge par sa très (trop ?) grande proximité avec le monde notarial que nous avons documentée… En creux, c’est la création d’un véritable statut de l’élu qui s’impose. Un statut qui garantirait des allers et retours simplifiés entre mandat électif et vie active. Et permettrait une plus grande variété de profils au sein des assemblées, fort peu représentatives de la population française.

Vice‐présidente régionale à l’Emploi et chômeuse

Le cas Valérie Debord interpelle plus encore. Beaucoup de lecteurs ont appris en lisant notre article que la loi permettait le cumul entre des indemnités d’élus avec des allocations chômage. Ainsi donc, la vice‐présidente à l’Emploi de la région Grand Est pointe à Pôle emploi ! Et additionne ses 5 600 euros d’indemnités pour ses trois mandats électifs (ville, métropole et région) avec environ 4 500 euros de chômage. Il n’y a qu’à lire le déluge des commentaires sur les réseaux sociaux pour comprendre que la situation – bien que légale – choque fortement les Français. Plus encore quand ils comprennent que l’emploi très bien rémunéré au Conseil supérieur du notariat qui a généré les droits au chômage est, sinon fictif, du moins de complaisance.

Concrètement, comment un tel cumul se justifie‐t‐il ? Il apparaît curieux de pouvoir accomplir les exigences posées par Pôle emploi afin de bénéficier des allocations (soit des actes positifs et répétés de recherche d’emploi ou de création d’activité) avec l’exercice simultané de trois mandats électifs. Dès lors, la question de l’interdiction pure et simple de ce genre de cumul se pose. Ou, à tout le moins, celle de son plafonnement. Et il en va aussi du cumul entre les pensions de retraites et les indemnités d’élus.

Ce sont ces enjeux que notre enquête aborde. Ils pointent la nécessité, comme nous le soulignions dans notre Manifeste pour une démocratie réelle, de poser de nouvelles règles pour améliorer notre système politique alors qu’il est si décrié. Peu importe, finalement, qu’il s’agisse de Sébastien Huyghe ou de Valérie Debord. C’est d’ailleurs le hasard de nos recherches qui a voulu que le sort tombe sur eux. Et pas du tout parce qu’ils dérangeraient l’agenda d’adversaires politiques, comme ils le clament.

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Piqués au vif, le couple d’élus a sorti les bazookas. Quitte à friser la diffamation lorsque Sébastien Huyghe qualifie le directeur de la rédaction de Mediacités (et auteur de ces lignes) de « kapo » ou de « Torquemada ». Avant d’oser le parallèle entre le chômeur‐créateur que je suis, à l’origine de la création d’une dizaine d’emplois avec Mediacités mais sans pouvoir encore m’accorder un salaire, avec la situation de sa conjointe. Il est des comparaisons qui, par leur inanité, signent le dérisoire de l’attaque.

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