Alors que s’ouvre la quatrième semaine de confinement, Mediacités a sondé ses abonné·e·s pour connaître leurs envies de lectures dans les semaines à venir. Les résultats, riches et contrastés, font apparaître une nouveauté : le besoin d’enquêtes sur des solutions face à l’épidémie de coronavirus dans nos villes.
Les journalistes sont‐ils mauvais à prédire les attentes de leur public ? L’interrogation se pose de nouveau devant les résultats du questionnaire envoyé par e‑mail à nos abonné·e·s vendredi 27 mars. L’objectif était double : recueillir votre avis sur notre couverture éditoriale de l’épidémie de coronavirus dans les premiers jours du confinement, mais aussi comprendre ce que vous souhaitez lire dorénavant.
Si certaines intuitions sont confirmées, d’autres résultats nous étonnent. Nous vous les présentons en intégralité ci‐dessous, avec quelques précautions méthodologiques à garder à l’esprit : 152 personnes ont pris le temps de répondre à notre questionnaire, soit 5% de notre base d’abonné·e·s. Comme pour tout sondage – et malgré nos précautions -, la formulation des questions a aussi pu orienter quelques réponses, de même que la possibilité de cocher plusieurs réponses pour chaque question.
Enfin, ce questionnaire a été envoyé à nos lectrices et lecteurs les plus fidèles, qui nous soutiennent chaque mois. Or, comme on va le voir, les articles lus par nos abonné·e·s sont parfois très différents de ceux consultés par les personnes visitant Mediacités pour la première fois…
Les analyses locales sur le coronavirus préférées aux témoignages
Première surprise : quand on vous demande ce que vous avez apprécié lire sur Mediacités ces derniers jours, les « analyses sur la gestion l’épidémie à l’échelle locale » arrivent en tête (69%). Il s’agit par exemple de notre récit de la crise vécue de l’intérieur par les agents de la ville et de la métropole de Nantes, ou de l’état de la concurrence entre hôpitaux publics et cliniques privées à Lille à l’heure du coronavirus.
Viennent ensuite nos « enquêtes sur les victimes invisibles de l’épidémie » (44% de votes favorables), comme celles réalisées sur les habitants des bidonvilles dans l’agglomération nantaise, sur les migrants qui occupaient jusqu’en février l’un des plus grands squats de France à Toulouse ou encore sur les résidents des quartiers populaires autour de Lyon.
« L’audience de Mediacités au mois de mars s’est élevée à 375 424 visiteurs, un record »
Suivent nos « vérifications de rumeurs sur le Covid‐19 » (55%, « peut‐on réutiliser un masque si on le chauffe suffisamment ? », « peut‐on vraiment savoir combien il y a de malades du Covid‐19 dans notre ville ? »), des entretiens avec des experts (41%, la crise institutionnelle derrière la crise sanitaire ou les marges de manoeuvre des villes face à une pandémie) ou encore des réponses concrètes à vos questions sur le confinement (23%, « peut‐on s’échanger sans risques des objets entre voisins ? », « les villes vont‐elles désinfecter les rues ? »).
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de ces résultats qui, on le rappelle, doivent être interprétés avec prudence. Premièrement : le pas de côté proposé par Mediacités en matière d’information locale sur le Covid‐19 semble validé par nos abonné·e·s. Une petite satisfaction pour notre rédaction, alors que les élections municipales sur lesquelles nous travaillions depuis un an ont été balayées en quelques jours par l’épidémie, nous obligeant, comme vous, à revoir entièrement notre organisation et nos priorités.
« Ce n’est pas votre rôle d’écrire ce genre d’articles »
Par ailleurs, quel décalage entre ce que lisent nos abonné·e·s et les personnes qui atterrissent sur Mediacités pour la première fois ! Un exemple s’il n’en fallait qu’un : notre réponse à une question toute bête au lendemain du confinement sur la possibilité d’aller chercher un recommandé à La Poste a attiré un cinquième de l’audience totale de Mediacités au mois de mars, qui s’est élevée à 375 424 visiteurs (un record dans notre jeune histoire). Mais 90% des personnes ayant lu cet article ont ensuite quitté notre site, sans même découvrir toutes les bonnes raisons de nous soutenir !
« Ce n’est pas votre rôle d’écrire ce genre d’articles », m’a récemment dit, avec la bienveillance qui la caractérise, une membre de la Société des Amis de Mediacités jointe par téléphone. Le débat est ouvert. Il interroge en tout cas le rôle social des médias en temps de crise. Où s’arrête la mission de Mediacités qui vise à fournir aux citoyen·ne·s des informations vérifiées, exclusives et utiles sur leur métropole, y compris à l’heure du coronavirus ?
La réponse que nous avons trouvée jusque‐là est nuancée : à un « live » compilant des morceaux d’informations qui disparaissent presque aussitôt, nous avons préféré un savant mélange de formats éditoriaux. Nous nous sommes aussi adaptés à l’évolution de l’épidémie et à ce que pouvaient publier d’autres médias, en privilégiant par exemple les entretiens contextualisés avec les personnes en première ligne face à l’épidémie, plutôt que les témoignages de lectrices et lecteurs que nous avions mis en avant au début du confinement.
Reste que malgré nos efforts, nous n’avons pas pu contenter tout le monde – 11% des abonné·e·s interrogé·e·s disent n’avoir apprécié aucun de nos contenus sur le coronavirus. C’est pourquoi il était indispensable de vous demander ce que vous vouliez lire désormais.
Finies les questions, place aux solutions ?
En avez‐vous assez d’entendre parler du Covid‐19 sur Mediacités ? Oui et non. Car lorsqu’on vous interroge sur « ce que vous aimeriez particulièrement lire sur notre site à partir de maintenant et pendant toute la période du confinement », ce sont les « enquêtes sur d’autres sujets que le coronavirus » qui recueillent le plus de suffrages (67%), à quasi égalité avec « des enquêtes sur les conséquences locales de l’épidémie » (64%) et « des enquêtes sur des solutions locales face à l’épidémie » (64% également). Vous l’aurez deviné, il était là aussi possible de donner plusieurs réponses à cette question.
Nous voilà bien avancés, nous direz‐vous ! En fait, si ces résultats ne livrent pas une information définitive, ils nous enjoignent à poursuivre une couverture originale et diversifiée de la vie locale, qu’il s’agisse de sujets sur le coronavirus ou non.
« Le temps des questions pratiques est derrière nous »
Ils nous prouvent également que le temps des réponses à vos questions pratiques sur l’épidémie est derrière nous (8% des abonné·e·s souhaiteraient encore en lire) : en l’espace de quelques jours, nous nous sommes plus ou moins habitué·e·s au confinement et nous savons désormais ce qu’il est autorisé de faire lorsqu’on quitte notre logement. Nous poursuivrons cependant notre veille sur les rumeurs locales au sujet de l’épidémie (souhaitées par 32% de nos abonné·e·s), qui pourraient d’ailleurs s’amplifier alors que le déconfinement approche.
Enfin, et c’est une nouveauté importante : ces résultats nous incitent à expérimenter davantage les « enquêtes de solutions », visant à présenter des initiatives locales et à questionner leur capacité à répondre à des problèmes globaux.
C’est d’autant plus vrai qu’à la dernière question que nous vous posions (« Avez‐vous des suggestions d’enquêtes sur le coronavirus ou sur d’autres sujets dans votre ville ? »), et qui appelait à une réponse libre, une large majorité d’entre vous nous suggère d’enquêter sur des initiatives pour contrer les effets du coronavirus et du confinement, en plus des enquêtes sur les pouvoirs locaux qui ont fait le sel de Mediacités depuis plus de trois ans maintenant. Faudrait‐il y voir l’objet de notre prochain billet publié sur cet espace La Fabrique ?
Correction
[Jeudi 9 avril à 9h55] Une première version de cet article indiquait par erreur que l’audience de Mediacités au mois de mars 2020 s’était élevée à 467 210 visiteurs. Ce sont plutôt 375 424 personnes (appelées « visiteurs uniques » dans le jargon) qui se sont rendues sur notre site au cours du dernier mois.
5% ont répondu…trop confinés peut être pour se sentir concernés. Le covid on le vit, alors le lire…c’est un peu comme les romans d’amour , et comme celui‐là peut très mal finir…on regarde ailleurs.
La pandémie regardée par le trou de la serrure, ça ne paraît toujours pas de la grosseur d’un impétigo.