Mediacités lance une enquête participative sur l’accueil des enfants et les conditions de travail dans les crèches du secteur privé. Grâce au témoignage de parents et de professionnels, nous voulons comprendre comment la logique de rentabilité s’applique dans le milieu de la petite enfance.
En juin dernier, une enfant de 11 mois décédait dans une crèche du groupe People&Baby à Lyon. Une employée de l’entreprise, seule en poste au moment des faits, est soupçonnée de lui avoir fait ingérer un produit caustique et a été mise en examen pour homicide volontaire. À l’enquête de la justice s’ajoute celle de l’inspection générale des affaires sociales. Toutes deux devront déterminer les circonstances de ce drame.
L’affaire a suscité une émotion nationale et a levé un coin de voile sur le tabou des maltraitances dans le secteur de la petite enfance. Bien sûr, un acte aussi spécifique ne peut à lui seul remettre en cause le sérieux et l’engagement de tous les professionnels de la petite enfance. Mais il survient dans un contexte de pénurie de personnel documentée par Mediacités au niveau local, qui a notamment poussé le gouvernement à autoriser cet été le recrutement de salariés non‐diplômés, en échange d’une garantie de formation en interne par les structures.
Il soulève aussi la question de la place croissante du secteur marchand dans ce domaine. En moins de vingt ans, depuis l’ouverture des crèches au secteur privé en 2004, les entreprises ont capté près de 20% de ce qu’il faut bien désormais appeler un marché. Les poids lourds comme Babilou, Les Petits Chaperons Rouges, La Maison Bleue ou People&Baby gèrent chacun plusieurs centaines de crèches ou micro‐crèches.
Ces groupes, largement subventionnés par l’argent public, sont à l’origine de la majorité des créations de places d’accueil, alors que les élus locaux peinent à augmenter le nombre de berceaux dans leurs communes. Dans l’espoir d’améliorer l’offre disponible, avons‐nous fait entrer le loup dans la bergerie ? Quelles sont les conséquences de l’introduction d’une logique de rentabilité sur la qualité de l’accueil des enfants et les conditions de travail du personnel des crèches ? Les instruments de contrôles de l’État sont‐ils suffisants pour prévenir toute dérive de ce système et éviter une réplique du scandale des Ehpad, comme l’alertaient des médecins de la Protection maternelle et infantile dans les colonnes du Monde dès le mois de février ?
Média d’investigation ancré dans les métropoles de Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, Mediacités lance un appel à témoignage. Vous dirigez ou êtes salarié d’une entreprise de crèche ? Votre enfant est accueilli dans l’une de ces structures ? Vous êtes élu local ou travaillez en lien avec ces grands groupes ? Faites‐nous part de vos observations et de vos informations, positives ou négatives, sur le fonctionnement de ces structures.
Bonjour, je vous conseille de contacter le réseau d’accompagnement des crèches associatives et coopératives pour avoir un avis d’autres fonctionnements : Colline Acepp, https://www.colline-acepp.org/