Pour la première fois de sa jeune histoire, Mediacités a dégagé un résultat net positif l’année dernière. Mais cette bonne nouvelle cache une situation financière qui demeure fragile.
Une nouvelle fois, fidèle à notre principe de transparence, Mediacités vous dévoile ses comptes pour l’année 2022, comme nous le faisons depuis deux ans, en plus de publier nos déclarations d’intérêts individuelles. Commençons par une excellente nouvelle : notre résultat net comptable est positif (+87 081 euros). Après quatre exercices déficitaires, c’est une première dans l’histoire de Mediacités dont nous ne pouvons que nous réjouir. Un bémol doit cependant être immédiatement apporté.
Cette situation résulte en effet avant tout de subventions – publiques et privées – d’une ampleur exceptionnelle. Qui ne se renouvelleront pas automatiquement en 2023. La principale est l’aide au pluralisme. Versée par le ministère de la Culture, elle a été ouverte pour la première fois à la presse en ligne d’information générale en 2021. L’État ayant tellement de retard dans son traitement, nous l’avons touché en 2022 pour deux exercices (soit 107 701 euros), comme les autres sites de presse concernés. Nous avons aussi bénéficié de subventions de fondations privées et réalisé une petite levée de fonds. L’ensemble de ces apports a hissé le total des produits d’exploitation à 810 802 euros pour 2022, alors que les charges s’élevaient à 724 558 euros.
En exploitation pure, Mediacités demeure déficitaire, faute de disposer d’un nombre assez élevé d’abonnés. Notre portefeuille est fort de 5 700 abonnés payants là où il nous en faudrait 8 000 pour atteindre l’équilibre. Fait notable : plus de 70 % d’entre eux ont souscrit un abonnement annuel (simple ou de soutien), ce qui est singulier dans l’univers de la presse et constitue une belle marque de confiance.
83 % de notre chiffre d’affaires provient des abonnements
En 2022, dans une période difficile pour la presse en général malgré une séquence électorale intense, notre chiffre d’affaires a continué de croître (+7,5 %) pour s’élever à 463 345 euros. Cette croissance est néanmoins plus faible que les années précédentes. Alors que les abonnements – qui représentent 83% de notre chiffre d’affaires – sont restés quasi stables (-2%), nos recettes annexes (revente d’articles et partenariats éditoriaux) ont, elles, augmenté de 59%.
Mediacités, c’est une équipe de 12 permanents entouré d’un réseau de plusieurs dizaines de pigistes réguliers. Les salaires et cotisations représentent 70 % des charges. La pyramide des salaires est particulièrement écrasée, aucune rémunération ne dépassant deux Smic. Contrairement à une idée reçue, les journalistes – en tout cas ceux de la presse indépendante – ne sont pas des privilégiés qui roulent sur l’or mais des professionnels mus avant tout par le désir d’enquêter en toute liberté pour la bonne information du public.
Pour tenir, nous sommes à la recherche constante d’économies. Nos loyers, par exemple, sont tirés au plus bas (350 euros à Paris pour 4 postes de travail, un prix imbattable !), 378 euros à Lille, 350 euros à Lyon et même 250 euros à Toulouse). Chaque bureau a été équipé avec du matériel de récupération et nous n’hésitons pas à mettre la main à la pâte pour donner un coup de peinture, poser un panneau d’isolation, ou réparer une fuite après un orage, comme ci‐dessous à Toulouse.
Lourdes dépenses judiciaires
Mediacités ne pourrait pas fonctionner sans l’appui de nombreux prestataires (juridique, comptable, financier, commercial, informatique…). Tous sont très attachés à l’entreprise et nous accompagnent depuis notre création. Qu’ils en soient ici sincèrement remerciés. Un mot particulier pour le cabinet d’avocats Chango et ses pénalistes Vincent Fillola et Caroline Tétard, qui nous défendent efficacement à la barre des différents tribunaux de France (0 défaite, 8 victoires à ce jour… et 10 audiences à venir).
En 2022, nous avons publié 752 enquêtes. Celle qui a eu le plus de retentissement a dépassé les 90 000 pages vues (les ravages des « bébés Coca »). Suivent le portrait du patron des hypermarchés nantais Paridis et Atlantis et le premier article d’une série sur « le management toxique et sexiste » de l’école de commerce Audencia, à Nantes également. Ces enquêtes ne passent pas inaperçues. Pour s’en persuader, il suffit de parcourir notre rapport d’impact annuel. Il prouve par l’exemple l’utilité d’une presse de contre‐pouvoir en région.
Il est bon de savoir qu’une grosse enquête représente environ dix à quinze jours de travail pour son auteur ou son autrice. Pour Mediacités, le coût chargé est de l’ordre de 900 euros, soit l’équivalent d’un gain de 15 abonnés annuels.
200 actionnaires
Tout ceci n’a été rendu possible que parce que plus de 200 actionnaires nous ont fait confiance depuis notre création, en décembre 2016, en entrant dans notre capital à la faveur d’une de nos levées de fonds. Ils ont investi en direct dans la société d’exploitation Mediacités SAS ou, lorsque l’investissement est inférieur à 5 000 euros, via la Société des amis (SDA) de Mediacités. A chaque fois, l’incitation fiscale (en réduction d’impôts) est de 50 % du montant investi.
Notre SDA compte toujours plus de citoyens‐sociétaires : ils étaient 148 fin 2022. En septembre dernier, à l’occasion de notre dernière levée de fonds, la SDA est devenue le premier actionnaire de Mediacités avec 7 % du capital. Le bloc des 9 associés‐fondateurs en détient encore 47 %, le solde se répartissant entre une quarantaine d’actionnaires individuels et deux entreprises de presse (Mediapart et Indigo Publications). Aucun ne dispose de plus de 6,5 % du capital et tous les actionnaires ont signé un pacte qui sécurise l’indépendance totale de la rédaction.
Si vous pensez que l’existence d’une presse locale indépendante est indispensable au bon fonctionnement de notre société, voici comment nous aider :
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- Souscrire un abonnement demeure le bon réflexe de base.
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- Faire un don (défiscalisé à 66 %) pour que l’aventure continue de plus belle.
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- Investir dans la Société des amis de Mediacités en bénéficiant d’une réduction fiscale de 50 % du montant investi.
Alors, rejoignez‐nous !
Jacques Trentesaux, journaliste, co‐fondateur et président de Mediacités
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