La mairie de Toulouse ne répondra plus aux questions de Mediacités. La nouvelle est tombée comme un couperet, le 10 novembre dernier, par l’intermédiaire du service de presse. Un blocage aussi incompréhensible qu’injustifiable.
« Voici donc une nouvelle demande, à charge, formulée par Mediacités. Je ne doute pas que quelles que soient nos réponses, leur nombre, leur degré de précision ou la date à laquelle nous les envoyions, l’article sera comme à l’habitude, tourné de manière à démontrer vos propres certitudes (…) Vous comprendrez donc que nous vous laisserons le soin de mener vos « investigations » seuls et ne répondrons pas à vos questions. » Lorsqu’elle nous écrit ce courriel, le 10 novembre dernier, la responsable du service de presse de la mairie de Toulouse, Julie Cassan, n’y va pas par quatre chemins. Nous venions de lui adresser quatre questions sur un différend qui oppose le Capitole à une ancienne agente. Rien qui ne justifie un tel refus.
Visiblement courroucée, la responsable du service de presse argumente. Dans son courriel, elle cite en exemple nos enquêtes sur l’ex‐Ehpad Bonnefoy, publiée en juin 2020, sur la jonction Est, publiée en février 2021, ou, plus récemment, sur le quartier du Raisin. Il suffit à chacun de relire ces articles pour se forger sa propre opinion. Ils ne contiennent en rien de vulgaires « certitudes » sans fondement, mais plutôt des faits établis, car vérifiés. Et si la mairie s’estime injustement attaquée, rien ne l’empêche de porter plainte en diffamation. Elle n’a pas hésité à annoncer son intention de le faire en octobre 2020, contre La Dépêche du Midi à la suite d’une enquête sur des pratiques problématiques au sein des pompes funèbres municipales. En ce qui nous concerne, rien ! Aucune plainte, aucun demande de droit de réponse…
Plus loin, dans ce même courriel, la responsable du service de presse reproche à Mediacités « d’ériger des témoignages isolés en vérités, sans qu’il ne soit tenu compte de l’intégralité des éléments fournis par l’administration ou par les élus de la collectivité ». Une question d’équilibre, en somme, qui ne serait pas respecté. Le grief est partagé par Jean‐Luc Moudenc lui‐même. Le mois dernier, avant d’accepter de nous répondre dans le cadre de notre longue enquête sur des dysfonctionnements graves au sein de son cabinet, le maire de Toulouse nous avait posé une condition : que soit publié l’intégralité de ses réponses. Nous avions d’ailleurs accédé à sa demande, là où beaucoup de médias auraient refusé faute de place sur une page de papier ou de temps d’antenne suffisant…
Mais ce n’est pas tout ! La cheffe du service de presse se plaint également de la charge de travail que nous lui occasionnerons. « Cela constitue un travail colossal, sans commune mesure avec le temps consacré à répondre aux autres médias », se plaint‐elle. Certes. Mais est‐ce de notre responsabilité si le service de presse de la quatrième ville de France est sous‐dimensionné au point de ne pouvoir répondre à Mediacités Toulouse, une rédaction composée de seulement quelques journalistes ?
La décision brutale de la mairie est aussi incompréhensible qu’injustifiable. Une collectivité publique se doit d’informer le public. En bloquant toute relation avec Mediacités, c’est en fait aux lecteurs de Mediacités et habitants de Toulouse qu’elle refuse de répondre.
À dire vrai, nous sentions ce risque poindre tant les relations se sont détériorées au fil des mois entre Jean‐Luc Moudenc, son équipe et Mediacités. Nos derniers échanges avec le maire de Toulouse, à propos de l’ambiance délétère au sein de son cabinet, ont sans doute beaucoup compté. Le 15 octobre, alors que nous le sollicitions pour un entretien, l’élu ne faisait pas mystère de son hostilité à notre égard, déplorant une « démarche systématique de dénigrement des institutions afin d’encourager populismes et extrémismes ». Excusez du peu ! Grand seigneur – et parce qu’il n’a « pas l’habitude de fuir l’adversaire » -, Jean‐Luc Moudenc avait tout de même accepté de répondre à nos questions… par SMS.
Ce procédé de communication est la règle depuis deux ans entre le maire de Toulouse et Mediacités. Son origine mérite qu’on s’y attarde. Il faut pour cela revenir en 2019. Nous sommes aux prémices de la campagne municipale. Jean‐Luc Moudenc présente sa liste d’union des droites. En marge de la conférence de presse, je l’interroge sur l’absence inattendue du MoDem, téléphone à la main et enregistreur activé pour ne pas perdre de temps à prendre en note les explications de l’édile. Crime de lèse‐majesté. Considérant avoir été enregistré à son insu, le maire de Toulouse écourte la conversation et se plaint d’un manque de déontologie journalistique.
Soyons sérieux ! Il s’agissait d’une conférence de presse et j’étais clairement identifié comme journaliste. Que pouvait craindre Jean‐Luc Moudenc, familier des arcanes journalistiques puisqu’il a pratiqué ce métier avant d’enfourcher une carrière politique, de l’usage que j’aurais fait de cet enregistrement, alors qu’il ne s’agissait que d’un outil pour retranscrire fidèlement ses déclarations ? Depuis, tout échange est passé par le canal fort peu pratique du SMS. Et désormais tout semble donc bloqué…
Dans le Nord, Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille, refuse tout contact avec Mediacités depuis que nous avons révélé qu’il avait utilisé les deniers de la collectivité pour s’offrir des avantages personnels (nuits d’hôtel, spas, chemises, cravates ou autres chaussettes…). Un blocage inadmissible qui remonte à plus de 1 200 jours aujourd’hui. Dans le Pas‐de‐Calais, le maire (Rassemblement National) d’Hénin-Beaumont Steeve Briois s’est fait une spécialité de refuser de répondre aux questions des journalistes de La Voix du Nord, accusés d’être trop critiques envers lui. Pis ! Il les prend à partie publiquement et les ensevelit sous une avalanche de droits de réponse abusifs (lire à ce sujet cet article de l’Ina).
Si le maire de Toulouse n’en est heureusement pas là, sa décision de ne plus nous répondre est un premier pas sur une pente glissante contraire à tout fondement démocratique. Ce choix regrettable – que nous espérons temporaire – ne nous empêchera pas de continuer à solliciter la mairie. Afin que nos articles soient les plus complets possibles pour nos lecteurs ; et par respect du principe du contradictoire, au cœur des principes journalistiques et que nous nous faisons fort de respecter.
A Toulouse, en général, on ne refuse pas l’adversité (ST, Airbus, etc). M. Moudenc, lui, si !
N’oublions jamais que le boycott de la presse est le premier acte politique des autocrates. #faitescequejefispascequejefais
#transparence #toulouse #toulousemaville #casuffit
Les édiles locales aiment la presse si elle les met en valeur, les flattent et valorisent leurs actions.
Si la presse les met en cause de près ou de loin, entreprend des enquêtes qui les mettraient en porte‐à‐faux, les relations ne peuvent que s’envenimer au détriment des petits médias qui s’y risqueraient.
Tout media n’est pas Mediapart. Et oui..!!!
Mais c’est scandaleux.…!!!
Bonsoir,
Je suis abonné à votre site et je vous en remercie. Très honnêtement, je ne comprends pas l’attitude de M. Moudenc et de ses plus proches collaborateurs, entre autres. En démocratie et en droit, le journalisme est là aussi et avant tout pour donner des pistes de réflexion sur le bon fonctionnement des services publics et privés. Ce serait, à mon humble avis, tout à son honneur de réfléchir à cette modeste opinion qui n’est que la mienne. Certes, le journalisme peut parfois prendre des voies qui ne sont pas à son honneur, mais est‐ce le cas, en l’occurrence ?
Cela ressemble à un aveu de non respect de la démocratie. Effectivement les régimes autoritaristes font de même en Turquie, Russie, Chine (n’en parlons pas !). Et les petits chefaillons municipaux surfent sur ces modèles qu’ils doivent admirer ?
Je propose de laisser au service communication de la mairie un droit de rectification sur les articles publiés. Je suis sûr qu’ils trouveront les moyens de mener à bien cette tâche
Je ne suis pas étonné de la réaction du Maire suite à votre article sur son cabinet, tous les articles élogieux sont considérés comme excellents, par contre écrire des vérités qui dérangent sur le comportement d’un collaborateur zélé n’est pas bien reçu.
Comme très souvent qu’importe les victimes, ce qu’elle vivent ou ont vécu, la réaction démontre que vous avez visé juste, je vous en remercie pour toutes celles et tous ceux qui ont subi sans pouvoir être entendu.
Veinards !
Mes félicitations !C’est plutôt une accréditation rose buvard (ou bavard)…en forme de carte Platinum qui ferait mauvais genre ; avec par exemple un siège d’avion pour aller écouter avec les archers de la culture municipale, l’enlèvement au sérail en Arabie saoudite, la côte f’Azur de l’adjointLahiani sans doute et le pays où les femmes sont reines (comme à la direction de l’orchestre du Capitole)
Vous avez le mérite d’exister. Ne nous devez pas,!
Méritez le jusqu’au bout car on sait ce que deviennent à Toulouse les cartes de presse AOP.
Le d’abord féroce Satiricon piloté ensuite de l’intérieur par un responsable rédac de la DDM en sous‐main pour ne taper que sur les fusibles fragiles et peu sur les DJ de l’hypercentre et des Pradettes. Déjà au temps de Dominique Baudis journaliste de guerre : une première dans l’histoire de la presse régionale. Pour connaître le nombre de punaises de lit fallait appeler le politique, l’élu, qui accessoirement et très exceptionnellement pour la photo aurait posé avec le bombe à neutrons des plinthes et des placards.
Quant à la confraternité supposée du maire de Toulouse.…il a été exfiltre d’un excellent support catholique et un peu encore aveyronnais sur les bords (sauf si ma mémoire me trompe)Pas de Kaboul.
Rassurez moi : aucun confrère de la rédac locale de la DDM, impitoyable avec le LR de rien de la marie n’a fait l’objet d’un tel oukase quasi poutinien voire poutinesque?Sinon je lance un cri à travers une pétition : sauvonsjeanmimi,org
Oups NE NOUS DECEVEZ PAS !
La décision est ridicule, car même sur un support que l’on apprécie pas, la politique de la chaise vide est la pire : il faut au contraire, si l’on est de bonne foi, réfuter ce qui est inexact, car boycoter envoie le signal que Médiacité dérange et qu’il a raison:donc tant mieux pour vous, même si du coup faire des enquêtes contradictoires devient difficile. Dommage pour la démocratie locale et pour la démocratie tout court.
Il faudra pourtant que les élus s’habituent à trouver face à eux des journalistes représentant des médias locaux indépendants, fragiles capitalistiquement mais plus intégrés dans leur environnement que les journaux de PQR traditionnels qui ont souvent brossé l’élu dans le sens du poil.
Vous représentez votre public, c’est courageux et il faut continuer à passer le barrage de ces autocrates de province qui se croient investis de tous les pouvoirs parce qu’ils sont élus par une frange de plus en plus maigre de votants et parfois oublient qu’ils sont au service de leur communauté et non détenteurs d’un chèque en blanc.
Il y a quelques années, alors que je tenais une chronique régulière dans « Le Journal Toulousain », au moment de l’annonce par Médiapart du rachat de l’aéroport par les Chinois, j’ai eu l’outrecuidance de m’étonner que ni la Mairie, ni la Région, ni la CCI, ni le Département, pourtant actionnaires, n’aient émis ni le moindre enthousiasme, ni la moindre réserve.
Je les ai tous interrogés. A sa décharge, seul Jean‐Luc Moudenc a répondu. Pour lui toutes ces questions relevaient « d’une attaque contre Emmanuel Macron (sic !) » (… fomentée…) « par un journal à sensation (re‐sic) ». J’avais repris au bond cette non‐réponse dont le caractère absurde et déconnecté avait au moins le mérite d’alimenter ma chronique illustrant en cela cet adage fondamental, selon lequel « les faits sont sacrés, mais le commentaire st libre ».
quand, comme il était prévisible, les nouveaux actionnaires se sont appliqués à siphonner la trésorerie, re‐belote à l’adresse des élus : des questions. Et du silence. Sauf Jean‐Luc Moudenc qui m’a fait savoir, via son service de presse : « qu’il ne répondrait plus au Journal toulousain et encore moins à Philippe Motta ».
Donc, ce qui vous arrive est à l’aune de ses pratiques, dont je pensais qu’elles n’étaient que rancunières, mais dont j’apprends ici qu’elles deviennent un usage. Minable.
Le procédé est minable, au sens d’une misère intellectuelle qui consisterait à penser que la Mairie et sa personne ne font qu’un : attaquer la Mairie, c’est s’attaquer à lui.
Plus encore que l’article sur le chef de cabinet, c’est peut‐être aussi l’article révélant comment Jean‐Luc Moudenc double son salaire en jurant qu’en plus de son boulot à mi‐temps de maire et de Président de la Métropole, il finit d’occuper ses journées avec un autre mi‐temps de contrôleur des finances publiques.
Ces sophismes n’ont d’autre but que de cacher tout ce qui serait susceptible d’écorner l’idée qu’il se fait de sa gestion et de sa personne. Vaine tentative car, précisément , ces pratiques portent sous un éclairage cru et sa personne et ses méthodes de gestion.
Au final, rendons lui cet hommage, il réussit cette prouesse de faire avec son silence la plus éloquente des réponses.
N’oubliez pas non plus quelques réalités toulousaines , Trop discrètement toulousaines.
L’affaire BaudisAllegre : ce correspondant de Reuters si je ne m’abuse et l’ancien attaché de presse d’une icône historique de l’écologie primitive racontant dans le Monde (qui aujourd’hui a deux journalistes de lessiveuse qui peuvent decrasser un président de la République sans le rencontrer) que des enfants ont été livrés à des notables à partouze dans une baraque pépère que tout le monde pouvait voir de sa bagnole avant d’arriver à Cazeres…
Eux ils respirent jusqu’à l’odeur de l’outrage c’est grisant La trace des mains d’enfant accrochées aux fers sado maso …Brrr„,
l’un de ces journalistes de l’extrême Monde très à l’aise dans les dîners en ville ne sera ni viré ni inquiété et fondera un journal qui ne gênera jamais le Minotaure local, avant de partir enfiler des pantoufles de vair au parlement européen.
Donc la monstrueuse mise à mort de Baudis, puis la cécité totale des journaleux quant à l’émergence du petit Merah. Aux Izards on a Zebda et ce qu’il en reste : c’est plus glamour.
Et pour finir de brosser la cartographie de cet etrange couple médias locaux et caciques politiques de tous bords : quand AZF a sursauté, le journalisme d’investigation est définitivement mort et brutalement. Malgré les procès où l’on avait enfin accès à des faits jamais publiés par les pros de l’action.
C’est tellement le bal des faux culs (correspondants aux petits oignons, spécialistes des ascenseurs à tous les étages) dans cette ville que ces vertus soudaines ces remontrances drapées me font aujourd’hui bien marrer.