Pour Jean‐Luc Moudenc, Mediacités est un « journal populiste au service de la montée des extrêmes »

16-12-2022-conseil-municipal-toulouse
Lors du conseil municipal de Toulouse, Jean-Luc Moudenc s'est permis « ne charge « injuste, excessive et donc insignifiante », selon Jacques Trentesaux, directeur de la publication de Mediacités. / Crédit photo Gael Cérez

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Par Jacques Trentesaux

Le dernier conseil municipal de Toulouse a été l’occasion d’une attaque en règle contre Mediacités de la part du maire et d’une des élues de la majorité. Une charge aussi grossière qu’inadmissible.

Ce vendredi 16 décembre, le dernier conseil municipal de l’année a pris des allures de règlement de comptes envers la presse. À deux reprises, l’opposition municipale s’est appuyée sur des enquêtes récentes de Mediacités pour réclamer des explications. La première sur les « petits arrangements de la ville » avec les règles de son premier budget participatif ; la seconde sur la suspicion de viol d’une patiente de l’Ehpad Pierre‐Ducis et la plainte de huit agentes de cet établissement municipal pour discrimination syndicale. Ces articles ont visiblement déplu au maire de Toulouse (ex‐LR ; divers droite).

Il était environ 18 h 30 quand Jean‐Luc Moudenc a insulté Mediacités. « Ne laissons pas nos esprits être envahis par la presse populiste au service de la montée des extrêmes », a asséné l’élu, jetant un regard furtif vers les bancs de la presse, où Gael Cérez, journaliste et rédacteur en chef de Mediacités Toulouse suivait les échanges. Rires dans l’assemblée et regards goguenards des troupiers savourant la saillie du patron contre un « adversaire » contraint au silence. Rigolard, un élu commerçant s’est même permis quelques pichenettes sur l’ordinateur portable de notre collègue, l’invitant par le geste à ranger son outil de travail pour décaniller.

Gravée dans le marbre numérique, la bande‐son témoigne de la surprise de notre confrère. « Ah, ça envoie. La vache ! Je vais le tweeter celui‐là », souriait alors – un peu jaune – Gael Cérez. « Les élus de la majorité qui étaient juste devant moi se sont retournés d’un air satisfait, poursuit notre collègue. Il y avait beaucoup de mépris dans leurs yeux – voire de la détestation pour certains. En tout cas, c’est comme ça que je l’ai ressenti. »

Contrevérités multiples

Quelques instants plus tôt, le malaise était monté d’un cran dans un conseil municipal aussi tendu que d’habitude, quand la conseillère municipale déléguée Maroua Bouzaida Sylla s’est permis d’affirmer plusieurs contrevérités. Alors que la conseillère d’opposition Odile Maurin réclamait un audit sur la situation de l’Ehpad Pierre‐Ducis, l’élue a déclaré que le médecin légiste avait conclu que la résidente souffrant d’Alzheimer n’avait pas été violée pendant sa fugue. Ce qui est rigoureusement faux.

Notre enquête a démontré que ce médecin n’a pu qu’établir une « suspicion de viol », car la victime avait été toilettée par les agents de l’Ehpad après avoir été retrouvée souillée et se plaignant de douleurs au bas ventre. Par précaution, un traitement anti‐VIH lui avait même été prescrit… Maroua Bouzaida Sylla a aussi affirmé que tout avait « été fait dans des règles qu’on avait pu vérifier » et que « l’établissement avait joué la transparence ». Le protocole de prise en charge des résidents atteint d’Alzheimer a pourtant été revu après cet incident. Signe que le précédent comportait quelques défaillances.

Deuxième contre‐vérité, « la journaliste de Mediacités n’a – à aucun moment – demandé à la collectivité des éléments de réponse », a poursuivi l’élue… Avant de se contredire dans la foulée quelques instants plus tard : « Ces éléments de réponse leur ont été partagés ». En réalité, nous attendons toujours les réponses de la municipalité.

Pour notre premier article, le service de presse de la Ville nous avait adressé une réponse écrite lapidaire dûment intégrée dans nos colonnes. Pour le second, sur la plainte pour harcèlement syndical intentée par les huit agentes, toujours rien. 

Une charge injuste, excessive et donc insignifiante

Soutenir publiquement que Mediacités n’a pas respecté le principe du contradictoire est donc un mensonge pur et simple. Le proférer dans une enceinte telle que le conseil municipal est une faute aggravée.

Notre enquête a demandé plusieurs mois de travail. Elle s’appuie sur de nombreux documents (signalements multiples au CCAS, au procureur de la République et à la défenseur des droits ; plaintes en gendarmerie ; etc.) et atteste d’un malaise profond au sein de l’Ehpad Pierre‐Ducis lié à des dérives managériales. Elle aurait mérité un débat sérieux dans l’agora démocratique d’un conseil municipal. En lieu et place, elle n’a donné lieu qu’à une charge injuste, excessive et donc insignifiante.

Mediacités mis à l’index par la mairie de Toulouse

« Il ne faut pas croire tout ce qui est écrit dans la presse. Surtout une certaine presse », s’est permis d’ajouter Jean‐Luc Moudenc. En s’attaquant ainsi à Mediacités – un an après avoir voulu nous mettre au ban – le maire de Toulouse s’inscrit dans une certaine histoire toulousaine.

En 1996 [actualisation au 19 décembre, 22 heures], Dominique Baudis avait supprimé la subvention accordée au Club de la presse de Toulouse, une structure que l’ancien maire (lui‐même journaliste) jugeait hostile à son action. Privé de financement, le club avait été contraint de fermer ses portes. Plus de vingt ans plus tard, son successeur (lui‐même éphémère journaliste dans sa jeunesse) rêve peut‐être d’une même destinée pour Mediacités. Aux Toulousaines et Toulousains de lui donner tort en étant chaque jour plus nombreuses et nombreux à nous soutenir.

  • On voudrait nous faire croire que la parole d’un maire ou d’un ministre est une parole de vérité ; et c’est bien eux qui font le lit des extremes .
    Résistons
    Résistez
    Vous écrivez l’histoire .

    • oui, il suffit de voir les réactions suite à la fusillade de Paris, ça me rappelle la manip. d’une autre affaire il y a quelques années, vous vous souvenez, une affaire dans le sud qui s’est déroulée dans un cimetière ! Le « commando » d’ultra droite des champs élysées il y a quelques jours a fait « long feu », il fallait bien faire peur à nouveau alors on « exploite » les événements.
      Ils sont consternants ces LR et anciens rattachés maintenant à « renaissance » !

  • La perte de sang froid de Moudenc ne prouve qu’une chose, c’est que vous faites du bon travail, sinon il n’aurait pas besoin de recourir à ce genre d’expédients.
    Il faut donc la prendre comme une médaille et un encouragement à continuer, rien de plus.

  • Municipalité autoritaire et nulle ! Toute personne regardant le dossier de Ducis est effaré. La direction n’a même pas été nommée dans les regles du droit. Le directeur d’un tel établissement doit etre un fonctionnaire désigné par l’Etat et pas par la mairie ! Des lors on peut expliquer les derives. C’est la chambre régionale des comptes qui le dit qui avait morigene le comptable qui avait payé les salaires ordonnes par une direction qui n’en avait pas le droit. Cette mairie est à l’avenant. On pense aux pressions sur le chef d’orchestre russe par une administration qui a oublié les libertés publiques. Mais nous n’oublierons pas ! On n’oubliera, les agrandissements des « trous » des arbres (pour augmenter la superficie d’espaces verts?). On rigole bien avec le pognon des contribuables. Comme le stationnement privilégié pour les riverains des beaux quartiers sous prétexte et emballage ecolo. Ne parlons pas de la ZFE ou les vieilles bagnoles en parfait etat ne pourront plus rouler ! Si encore il y avait des parkings suffisants aux noeuds de transport public en périphérie ! Mais non ! Les pauvres doivent se demerder ! Cette municipalité est une mauvaise blague !

  • Quand la presse dérange , c’est qu’elle est sur le bon chemin , celui de la pertinence et de la vérité , et donc au service de la population . Quand un Maire dérape publiquement pour critiquer , et hélas pas que Médiacités , mais toute l’opposition au sens large , c’est un signe de faiblesse verbale ‚et de bassesse faute d’arguments ! Donc continuez à faire votre (très bon ) travail , il vaut mieux être droit dans ses bottes qu’à côtés de ses pompes !

  • Mr le Maire de Toulouse est dans le registre : le populisme qu’il utilise souvent dans ses discours. Exemple : au cours de l’inauguration du groupe scolaire Geraut Saliege ancien archevêque de Toulouse et auteur de sa célèbre lettre aux paroissiens des églises de la Haute Garonne en 1942 sur les raffles de familles juives avec l’aide de la police de Vichy. Jean Luc Moudenc a fustige en propos grossiers les terroristes populistes qui tiennent un discours de destructions de l’unité nationale… J’ai cru entendre Marine Le Pen s’exprimer ! Boudu con, comme nous disons les Toulousains.

  • 《 Ne laissons pas nos esprits être envahis par la presse populiste au service de la montée des extrêmes 》
    Mr le Maire je comprends la gêne occasionnée devant une affaire rebondissante si grave, cependant il faut savoir s’incliner et faire face à la gravité des faits .
    Vous êtes responsable de la sécurité humaine de la commune mais il est plus simple de débattre sur un journal qui œuvre ses enquêtes sur des faits réels.
    Je suis scandalisée par vos propos et l’intérêt si faible que vous portez à cette situation, ce qui me laisse croire que notre sécurité est en grand danger !
    Si toutefois vous ne trouvez pas les compétences il faut larguer les amarres et savoir quitter le bateau avant qu’il ne coule .
    Une grande pensée pour les victimes…
    Merci Mediacité d’exister !

  • Bravo Mr Le maire,
    continuez comme cela.
    Attaquez une certaine presse et continuez à faire peur aux gens quand à la montée des extrêmes.
    La meilleure défense,c’est l’attaque. C’est bien pathétique.
    Vous même, avez été victime d’un cambriolage, je pense. Avez vous effacer toutes traces d’effraction avant d’appeler la police ?
    Dans l’affaire de Pierre DUCIS, il semble que tout le contraire à été fait. Dans ce cas,la direction n’a pas été à la hauteur ou fallait‐il cacher un grave dysfonctionnement ?
    Votre élue t‑elle bien lu le rapport le rapport du médecin légiste ? On peut en douter.
    Le personnel de la maison de retraite n’a t‑il pas été choqué ? Elle doit penser que non. Cependant, une cellule psychologique a été mise en place.

    Continuez comme cela et c’est ce n’est pas une certaine presse qui fera monter les extrêmes mais vous qui essayez de masquer certaines vérités

  • Tant que Mediacités se hissera au rang d’un journal qui sort du lot (pas de fautes d’orthographe, articles fournis et bien écrits), qui investigue, qui défend le petit, qui défend la nature et le vivant dont les associations sont les porte voix, mon réseau et moi‐même seront à vos côtés !

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