Daniel Percheron : « Xavier Bertrand a agi et parlé juste jusqu’à présent »

Deux ans après son départ, l’ancien président PS du conseil régional sort de son silence : bilan du successeur Xavier Bertrand, relations avec Gervais Martel, Gérald Darmanin ou Martine Aubry, débâcle des socialistes, problèmes du Louvre-Lens… Daniel Percheron se lâche. Interview exclusive.

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Daniel Percheron, président PS de la Région Nord-Pas de Calais jusqu'en 2015, et son successeur Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France, réunis lors de l'inauguration du monument de la fraternisation, à Neuville Saint-Vaast, le 17 décembre 2015. Photo: Crusiaux-Pool/SIPA

Comment jugez‐vous l’action de Xavier Bertrand, deux ans après son élection à la tête du Conseil Régional ?
Je suis très heureux du combat qu’il mène pour continuer à faire de la région un hub européen des transports. C’est fondamental pour le développement économique. Grâce à la régionalisation de la société du canal Seine‐Nord, nous sommes la seule région en France et l’une des rares en Europe à réunir la voie fluviale, les autoroutes et le ferroviaire à grande vitesse.

Il a aussi eu la délicatesse de ne pas critiquer votre bilan…
Xavier Bertrand a été élu par la gauche contre le FN. Dans ma ville de Liévin, par exemple, il a fait 8 % au premier tour et 51 % au deuxième. Il en a tenu le plus grand compte et a échappé à cette facilité de mettre en cause le bilan de son prédécesseur.

… mais il a quand‐même hésité ! Car la situation financière du conseil régional n’est pas bonne.
Il a sûrement hésité. Mais il ne l’a pas fait et il a bien fait. A propos de la situation financière, quand vous empruntez à 0%, elle est soluble. De Nicolas Sarkozy à François Hollande, nous avons été scandaleusement privés d’impôts et d’autonomie fiscale. Nos ressources proviennent désormais de l’Etat et non des contribuables régionaux. C’est donc lui qui remboursera au bout du compte l’argent que nous empruntons. Nous avons inversé la prise, comme au judo. Puisqu’on nous prive de nos ressources et que ce n’est pas notre argent, allons‑y !

« Xavier Bertrand a échappé à cette facilité de mettre en cause le bilan de son prédécesseur »

Reconnaissez que Xavier Bertrand n’a pas beaucoup de marge de manœuvre et que la situation’est très compliquée pour lui.
C’est très compliqué pour lui mais ça l’était aussi pour moi. Xavier Bertrand a agi et parlé juste jusqu’à présent. Les migrations à Calais. Alstom, le Brexit, les quotas laitiers… Nous sommes la seule région concernée par tous les évènements mondiaux. Présider cette région, c’est la tâche la plus difficile qui soit.

Vous échangez avec lui ?
Si j’ai un point précis à évoquer, je lui envoie un petit SMS et il me répond immédiatement. Mais cela arrive rarement. Je ne me permettrai jamais d’intervenir dans son travail.

Xavier Bertrand a beaucoup investi dans la culture. Par calcul politique ?
Son action en faveur de la culture est tout à fait remarquable. La population se défoule parfois dans l’isoloir en votant FN. Il faut lui donner les moyens de patienter. La culture, c’est une manière de ne pas désespérer. Moi, j’y ai ajouté la culture populaire et le sport. Si je n’avais pas fait le musée et la …

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Par Alexandre Lenoir et Jacques Trentesaux

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