On les voit partout, mais ils n’existent pas depuis longtemps. Avant les années 1950, personne n’avait encore entendu parler des promoteurs immobiliers. Les premiers acteurs régionaux de ce secteur d’activité n’étaient pourtant pas d’illustres inconnus, loin de là, puisqu’il s’agissait de riches héritiers du textile. C’est le constat établi, en juin dernier, par trois enseignants‐chercheurs (Fabien Desage, Clément Barbier et Antonio Delfini) dans leur étude « Bâtir ou périr ? Les inégales (re)conversions de la bourgeoisie industrielle nordiste dans l’immobilier », publiée dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales. « On a voulu casser l’idée que les acteurs de l’immobilier étaient des fortunes nouvelles alors qu’il y a beaucoup d’héritage et d’endogène dans ces activités », explique Fabien Desage, enseignant‐chercheur en science politique à l’Université de Lille.
De grands patrons à promoteurs discrets
L’histoire de la promotion immobilière dans l’agglomération lilloise débute en 1943 avec la création du Comité interprofessionnel du logement (CIL), organisme roubaisien de construction de logements sociaux à destination des ouvriers. « C’est contre‐intuitif mais la promotion immobilière naît avec l’idée du logement social, poursuit Fabien Desage. Cette activité de logement patronal a servi d’expérimentation. »
D’industriels à promoteurs immobiliers : la reconversion méconnue des riches familles lilloises
Comment la métropole lilloise est-elle passée de géante de l’industrie textile à fleuron de la promotion immobilière ? Dans une étude parue en juin 2022, trois chercheurs analysent la façon dont les grandes familles bourgeoises de la métropole sont devenues les pionnières de l’immobilier.