Est‐ce ce logo bleu clair omniprésent, à l’entrée des villages comme sur les manuels scolaires des lycéens ? En l’espace d’un mandat, Laurent Wauquiez a personnifié la nouvelle région issue de la fusion de l’Auvergne et de Rhône‐Alpes — « au profit de sa seule ambition personnelle », vitupèrent ses opposants qui l’ont rebaptisé « le Seigneur des panneaux ». De fait, pendant cinq ans, l’ex-ministre à la parka rouge a labouré ce vaste territoire composé d’une douzaine de départements. As de la com’, auto‐proclamé président de « la région la mieux gérée de France » — un slogan plus que contestable —, ragaillardi par son activisme pendant la crise du Covid‐19, entre les commandes de masques et les campagnes de dépistage, celui qui fut fugacement le patron des Républicains brigue un deuxième mandat à la tête de la deuxième région de France. Subventions, gestion, collaborateurs de l’ombre… Depuis 2017 (année de la création de notre édition lyonnaise), Mediacités scrute l’action de Laurent Wauquiez en Auvergne‐Rhône‐Alpes. Retrouvez ici l’ensemble de nos enquêtes sur le sujet.
Bio express
Il fait ses premiers pas politiques sous la protection du centriste Jacques Barrot. D’abord stagiaire auprès de l’ancien ministre des Affaires sociales d’Alain Juppé (pendant le premier mandat de Jacques Chirac), il est choisi par son mentor comme suppléant lors des législatives de 2002. C’est le début de l’histoire politique entre Laurent Wauquiez et le département de la Haute‐Loire – un fief aujourd’hui choyé par la région qu’il préside. Après le départ de Jacques Barrot à Bruxelles, comme commissaire européen, son élève lui succède en 2004. A 29 ans, il devient le plus jeune député de France.
Porte‐parole du gouvernement Fillon, Laurent Wauquiez est élu, en 2008, maire du Puy‐en‐Velay, la préfecture altiligérienne. Pendant le quinquennat Sarkozy, il est successivement chargé de l’Emploi (comme secrétaire d’Etat), des Affaires européennes et de l’Enseignement supérieur (comme ministre). Jusqu’alors représentant, au sein de l’UMP, d’une droite sociale, l’homme à la parka rouge change de discours en brocardant « les dérives de l’assistanat », « cancer de la société française ». Un sillon « à droite toute » qu’il ne cessera de creuser par la suite.
Réélu en 2014 à la mairie du Puy‐en‐Velay, il conquiert, l’année d’après, la nouvelle région Auvergne‐Rhône‐Alpes face au sortant rhônalpin Jean‐Jack Queyranne (PS) et au frontiste Christophe Boudot. En 2017, il s’impose à la présidence des Républicains mais démissionne, un an et demi plus tard, dans la foulée des résultats catastrophiques de son parti aux élections européennes. Laurent Wauquiez s’oblige alors à une cure médiatique – du moins dans les médias nationaux – et symbolise sa traversée du désert en se laissant pousser la barbe. En 2021, il brigue un deuxième mandat à la tête du conseil régional. De sa réélection (et de l’ampleur de son score) dépend son retour sur la scène politique nationale.
La région en chiffres
Dotée d’un budget de 3,85 milliards d’euros en 2020, la région gère les plus de 250 lycées publics d’Auvergne-Rhône-Alpes, la formation professionnelle ou encore les transports hors agglomération, notamment les trains TER. Elle intervient aussi en matière d’aménagement du territoire (exemple avec le controversé chantier de la RN88, en Haute‐Loire, financée à hauteur de 230 millions d’euros par la collectivité de Laurent Wauquiez) et de développement économique, comme avec le campus numérique.
204 élus siègent au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, indemnisés à hauteur de 2 722 euros bruts par mois (pour un conseiller de base).
Le contexte
La gauche aligne pas moins de trois candidates : l’écologiste Fabienne Grébert, l’ancienne ministre socialiste Najat Vallaud‐Belkacem et la communiste Cécile Cukierman. La République en marche a de son côté investi le député de Villeurbanne Bruno Bonnell. En Auvergne‐Rhône‐Alpes, la personnalité et la ligne politique de Laurent Wauquiez ont écarté toute idée de rapprochement entre le parti présidentiel et Les Républicains, sans compter le souvenir de l’alliance entre Gérard Collomb et la droite (sous le patronage du président de la région), lors des élections locales de 2020, qui a viré au fiasco.
Enfin, le Rassemblement national mise sur Andréa Kotarac, donné deuxième du scrutin dans les sondages derrière Laurent Wauquiez. Le candidat avait été élu au conseil régional en 2015… mais dans les rangs de la gauche. Celui qui conseillait Jean‐Luc Mélenchon sur les questions internationales a quitté, en 2019, la France insoumise pour le parti de Marine Le Pen.