L’abandon du projet d’aéroport à Notre‐Dame‐des‐Landes (NDDL) les fait rêver. A quelques kilomètres en amont de Modane, à l’entrée de la Haute‐Maurienne, les habitants de Villarodin‐Bourget combattent eux aussi un de ces grands projets qu’ils étiquettent « inutiles et imposés » : le Lyon‐Turin ferroviaire. « NDDL, c’est un peu une jurisprudence. Peut‐être va‐t‐on arrêter de décider à notre place et enfin s’interroger sur le bien‐fondé d’un projet décidé en 1991 sur la base de prévisions de trafics surestimées ? », espère le maire‐adjoint Philippe Delhomme. Le parallèle avec l’aéroport avorté du Grand Ouest s’arrête toutefois ici. Dans les montagnes savoyardes, nulle ZAD pour incarner l’opposition et attirer l’attention des autorités publiques et des médias. Nul signe extérieur d’insurrection. Juste une commune pacifiquement rebelle, la seule de la vallée de la Maurienne à oser s’opposer à ce projet d’une ligne à grande vitesse dont 80% de l’activité serait consacrée au fret et qui nécessite le percement d’un tunnel de 57 kilomètres sous les Alpes.
Et pourtant… Les autorités surveillent avec attention Villarodin‐Bourget, actuellement recouverte par la neige tombée en abondance depuis décembre. Il y a dix jours, Philippe Delhomme a reçu la visite surprise des gendarmes dans son chalet. « Ils avaient appris que j’avais lancé une invitation pour une conférence aux élus italiens No‐TAV du val de Suse, raconte celui qui est aussi prof d’histoire-géo à Modane. Ils voulaient savoir ce qui se tramait. Ils redoutent qu’une ZAD s’installe ici. »
Le conflit de « la descenderie »
Car Villarodin‐Bourget, qui compte 520 habitants (près de 6000 l’hiver), présente les caractéristiques d’un foyer de contestation potentiel. « Commune support d’ouvrage » pour le chantier du Lyon‐Turin ferroviaire, elle est celle qui a le plus souffert des travaux préparatoires …