La scène se déroule dans l’ancien monde. Gérard Collomb est encore ministre de l’Intérieur. Ce samedi 29 septembre 2018, La République en Marche (LREM) a réuni ses ouailles au Double Mixte de Villeurbanne pour une matinée studieuse. Après avoir cogité sur les élections européennes ou l’égalité femmes‐hommes, entre 300 et 400 marcheurs assistent aux discours à l’issue des travaux. En orateurs vedettes : la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa et Gérard Collomb, local de l’étape. Le numéro 2 du gouvernement (pour quelques jours encore) galvanise ses troupes. Il justifie, au passage, sa énième candidature à Lyon en 2020, annoncée peu avant dans une interview à L’Express : « Il faut gagner les municipales et après, on fera monter une nouvelle génération de marcheurs ». En clair : le renouvellement attendra.
A ses pieds, assise au premier rang, son épouse Caroline Collomb écoute. Silencieuse. Celle qui a organisé l’événement en sa qualité de référente LREM du Rhône ne prendra pas la parole. Ni sur scène, ni devant la presse présente au meeting. Seul un clip diffusé sur grand écran et retraçant les derniers mois du mouvement en photos la met à l’honneur : Caroline Collomb qui applaudit l’élection d’Emmanuel Macron ; Caroline Collomb avec des militants ; Caroline Collomb avec le porte‐parole du gouvernement Benjamin Griveaux… Deux minutes dans la lumière, le reste dans l’ombre.
Depuis ce samedi‐là, son mari a claqué la porte du gouvernement au terme de la plus rocambolesque démission de la Ve République. Il retrouvera son trône de l’hôtel-de-ville de Lyon lors d’un conseil municipal le 5 novembre prochain. Gégé is back ! Mais en dix‐sept mois d’absence (toute relative), la donne locale a changé… jusqu’au sein de son couple. En octobre 2017, sa femme a été propulsée à la tête du parti présidentiel dans le département. Une nomination venue d’en-haut, officiellement des instances nationales de La République en Marche comme le prévoient les statuts du mouvement, sans que les militants n’aient eu leur mot à dire.
Imbroglio politico‐conjugal
Dans les coulisses de la politique lyonnaise depuis plus de 15 ans, malgré quelques incursions publiques sans lendemain [nous y reviendrons plus bas], Caroline Rougé épouse Collomb accède alors à un des premiers rôles politiques au sein du berceau de la Macronie qu’est Lyon. Les opposants et (beaucoup) d’autres dénoncent le népotisme du baron Collomb. Mais la critique ne suffit pas à saisir la situation nouvelle engendrée par l’émergence de Madame, elle qui réfrène depuis longtemps son ambition personnelle. Situation qui vire à l’imbroglio politico‐conjugal depuis « le retour » de Monsieur et à mesure que se rapprochent les élections municipale et métropolitaine.
https://twitter.com/LEXPRESS/status/1041914067387072512
Elle pourrait « figurer sur une liste [des municipales en 2020] si elle le souhaite » avait déclaré Gérard Collomb à L’Express. A quelle place ? Briguera‐t‐elle la mairie du 5e arrondissement où résident les Collomb ? Voire la mairie centrale ? Le couple prépare‐t‐il une passation de pouvoir en cours de mandat ? Et, entretemps, candidatera‐t‐elle aux élections européennes ? Alors que le microcosme lyonnais lui prête toutes les intentions – certains la voient même s’aventurer pour les municipales à Villeurbanne ! –, Caroline Collomb laboure le terrain. Barbecues, réunions publiques, inaugurations… La référente multiplie « les commissions thématiques » et « les rencontres territoriales ». Depuis un an, elle fait défiler devant ses militants les stars de la Macronie (autres que son mari) : Benjamin Griveaux, Mounir Mahjoubi, Cédric Villani, Frédérique Vidal, Roxana Maracineanu, Olivier Dussopt …