La bête est impressionnante. 48 tonnes, 12 mètres de haut, d’énormes naseaux d’où s’échappe une fumée blanche… Jusqu’au 9 février, Long Ma est exposée, endormie, sous les nefs des Machines de l’Ile, en lieu et place du grand éléphant en rénovation. Un intérim de courte durée : depuis sa construction en 2014, la vocation du cheval‐dragon jaune n’est pas de batifoler en bord de Loire, mais bien de trotter autour du monde. Pour le plaisir des petits et des grands, croyez‐vous ? Pas uniquement. En vérité, son propriétaire poursuit un autre objectif : servir les intérêts de la Chine.
L’histoire de Long Ma débute en 2014 avec les festivités du 50e anniversaire de la réouverture des relations diplomatiques entre la Chine et la France. En mars, Jean‐Marc Ayrault, alors Premier Ministre, offre au président chinois Xi Jinping en visite en France le croquis original du cheval‐dragon dessiné par le nantais François Delarozière.
Quelques semaines plus tôt, le directeur artistique de la compagnie La Machine avait été contacté par l’ambassade de France en Chine pour mettre en scène un spectacle grand public à Pékin dans le cadre de cet anniversaire. Cerise sur le gâteau, l’ambassade française lui avait même trouvé un financeur : Adam Yu, un riche mécène chinois.
Un généreux mécène chinois
Grâce à cet habile tour de passe‐passe diplomatico‐financier, la Chine se payait à elle‐même un évènement créé par la France. Et tout le monde était content. Seule condition imposée par les Chinois : François Delarozière devait se remettre à sa planche à dessin. Oublié le minotaure imaginé à l’origine. Plutôt qu’un monstre mi‐homme mi‐taureau tiré de la mythologie grecque, le généreux donateur préfèrerait quelque chose de plus… chinois. Va donc pour le dragon (long, en mandarin), symbole ancestral de la puissance de l’empereur. La couleur non plus n’est pas choisie au hasard : le jaune indique le summum de …