François de Rugy, un ministre en marge

Ancien président de l’Assemblée, ministre d’État, au cœur de la crise des gilets jaunes… En à peine deux ans, François de Rugy est passé du statut d’éternel minoritaire chez les écolos à celui de personnage central de l’État. Pourtant, celui à qui l'on prête des ambitions municipales à Nantes reste isolé, à l’écart de la famille en Marche. Portrait d’un solitaire que la victoire n’a pas suffi à guérir.

FDR
François de Rugy / Photo : Creative Commons - Bruno Perroud

L’entretien touche à sa fin. Frédéric Guerrien marque une pause et nous adresse une dernière question. « Quelle est la prochaine étape pour François de Rugy ? Président de la République ? » On sourit du coin des lèvres à ce qui semble être une boutade. « Ne riez pas. Tous ceux qui l’ont côtoyé ont toujours réagi ainsi. Personne ne l’a jamais pris au sérieux et vous voyez où il est aujourd’hui. » Sans partager sa ligne politique, Frédéric Guerrien fut pendant quatre ans, de 2012 à 2016, le salarié de François de Rugy au sein du groupe des députés Europe Ecologie Les Verts (EELV). Une proximité qui ne l’a pas empêché de se dire, le jour de la nomination de son ancien patron à la présidence de l’Assemblée que, décidément, celui‐là parvient toujours à ses fins.

Député en 2007, président de groupe parlementaire en 2012, président de l’Assemblée en 2017, ministre d’État en 2018. A chaque interlocuteur, il faut rappeler ce CV et cette ascension peu commune dans le paysage politique pour justifier de l’intérêt d’un portrait de François de Rugy. Car l’accueil est un peu froid. « Transparent », « fade », « insipide ». Les amabilités se succèdent, quand ce ne sont pas tout simplement les refus de parler qui s’empilent. Valérie Rabault, présidente du groupe PS à l’Assemblée, par exemple : « Je n’ai pas envie de parler de lui. » L’un de ses collègues socialistes, élu francilien : « Non merci, je serais trop méchant. » Le collaborateur d’un député Insoumis : « D’habitude, monsieur le député est plutôt volontaire pour parler à la presse mais là, non. » Et puis, il y a ceux, nombreux, qui confient ne pas connaître l’homme alors qu’ils ont travaillé à ses côtés pendant des années.

C’est dire à quel point ils sont surpris de le voir aujourd’hui en première ligne de la crise la plus chaude du quinquennat : les Gilets jaunes. « Lorsque je l’ai vu répondre, dès les premiers jours de manifestations, aux Questions au gouvernement, à l’Assemblée, j’ai vu qu’il prenait son pied, témoigne un écolo qui l’a bien connu. Il réalisait enfin son rêve : être au cœur du pouvoir. » Dans l’équipe d’Edouard Philippe, François de Rugy a fait son trou, loin du style tempétueux de Nicolas Hulot. « Il fait le job. Et c’est tout ce qu’on lui demande », confie un cadre de la majorité. 
Inconnu dans sa nouvelle famille, détesté par la précédente
Malgré tout, le ministre de la Transition écologique reste encore l’inconnu de sa nouvelle famille politique, les Marcheurs, et détesté de son ancienne, la gauche, qui n’a pas oublié la « trahison » de la primaire. Le 27 juin 2017, dans les couloirs du Palais‐Bourbon, son élection à la présidence de l’Assemblée s’accompagne d’ailleurs d’une blague : « Une girouette au Perchoir, c’est logique. » Amie de vingt ans de « FDR » – une rareté -, Barbara Pompili balaie ce procès : « François n’est pas un opportuniste. Il a su saisir l’opportunité d’être en accord avec …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 10 minutes

Favorite

Par Matthieu Deprieck

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a dépassé 75% de l’objectif. Aidez-nous à atteindre les 100% d'ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes