Des lunettes rondes et orange, une chemise aux motifs psychédéliques. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Jean‐Pierre Boudhar est une personne haute en couleur. Dans l’immobilier depuis vingt‐cinq ans, il est aujourd’hui à la tête de trois agences. C’est à Immoclef, à Lomme, qu’il nous donne rendez‐vous. Il nous accueille en chantonnant Angèle (en boucle) et en nous proposant un pain au chocolat. « On est bien nourris chez Immoclef !, ironise son assistante, Angélique Domont. Jean‐Pierre veut faire un régime mais, comme il craque tout le temps, il se donne bonne conscience en nous donnant des petits pains tous les matins. » Derrière lui, la photo de son chien, Nana, la « mascotte d’Immoclef », s’étale en grand sur le mur. À ses pieds, Lola, le chien d’Angélique Domont, réclame de l’attention.
Dans le quartier, l’agent immobilier « connaît tout le monde ». La visite est ponctuée de « bonjour ! », lancés çà et là aux passants. Les Lommois le reconnaissent parce qu’il a déjà raconté son histoire il y a quelques années. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : il va commencer l’écriture d’un livre autobiographique en février 2022. S’il est connu sous le nom de Boudhar, il préfèrerait le signer de celui de sa mère, Totain, qu’il espère porter officiellement d’ici peu. Qu’a‑t-il de si spécial à raconter ? L’homme de 64 ans nous l’explique, pas peu fier. Direction la ville voisine de Lambersart, à quelques minutes en voiture. C’est là qu’il loge une dizaine d’anciens sans‐abris, pour un loyer symbolique, entre 82 et 92 euros euros par mois. Et dans un second immeuble qui lui appartient, à Lomme cette fois‐ci, dix autres personnes sont logées dans ces mêmes conditions. L’un des bâtiments est sur le point d’être vendu à son beau‐fils, mais l’accueil et le principe resteront les mêmes, promet l’agent immobilier.