Chaque matin, les mêmes gestes. Prendre son poste, allumer les machines pour « faire chauffer les tubes à rayons X », installer et désinstaller le premier patient dans le scanner, en essayant de ne pas se faire mal au dos. « Certains ont calculé qu’on portait près d’une tonne par jour », souffle Frédérique Déchiron, manipulatrice en radiologie à l’hôpital Edouard Herriot (Lyon 3e).
« Nous sommes le premier maillon de la chaîne », constate‐t‐elle. Dans la lutte contre le Covid‐19, son activité est stratégique : après les tests par « écouvillonnage du nasopharynx » – les fameux “longs cotons‐tiges” – un scanner thoracique est nécessaire pour confirmer le diagnostic. Le but est de débusquer les poumons présentant des aspects dits « en verre dépoli », caractéristiques du Covid et des infections pulmonaires qu’il provoque.
« Peur d’aller travailler »
Au plus fort de la crise, Frédérique a pu voir passer jusqu’à 20 patients par jour dans l’un des deux scanners du pavillon B, où est installé le service de radiologie. Soit autant de contacts rapprochés avec des personnes soupçonnées d’êtres porteuses du virus. Ici la distanciation sociale est un concept vide de sens. « Les patients, on les a quasiment dans nos bras », raconte Frédérique.
Une telle proximité alimente le stress. « En trente ans de carrière, je n’ai jamais eu peur d’aller travailler. Mais là oui. Ce n’est pas de la maladie dont j’ai peur, mais de l’affronter sans protection », glisse Frédérique. Comme l’ensemble du personnel hospitalier, les manipulateurs radio ont souffert du