Pour eux, le dossier est clos. Pas pour moi », lance Marie Thibaud, grande silhouette blonde aux tenues bariolées. Cofondatrice du collectif Stop aux cancers de nos enfants, cette éducatrice spécialisée et thérapeute familiale de 39 ans refuse de s’en tenir aux investigations conduites par les autorités sanitaires, qui confirment un excès de cas de cancers pédiatriques à Sainte‐Pazanne et dans les communes alentours, sans pour autant identifier de cause commune à ces maladies.
En 2017, c’est elle qui avait alerté une première fois l’Agence régionale de santé (ARS) des Pays‐de‐la‐Loire, après avoir croisé trop d’enfants malades comme son fils, Alban, 8 ans, aujourd’hui en rémission. « Combien de fois m’a‑t-on dit à l’époque “Marie, c’est ta souffrance, c’est ta douleur qui te fait agir”, se souvient‐elle. Mais pour moi qui vis ici depuis toujours, voir autant de cancers chez des enfants en si peu de temps, ce n’était pas normal. »
La leucémie de son fils a été diagnostiquée en 2015, quand il avait 4 ans et qu’elle était enceinte de son troisième garçon. « L’horreur à l’état pur », décrit celle qui continue à soutenir les parents au service d’oncologie du CHU de Nantes : « Il n’y a pas pire que la souffrance d’un enfant et de se demander s’il va passer la nuit. » De cette traversée de l’enfer, Marie Thibaud a tiré une force insoupçonnable. « Quand on enfonce une aiguille de dix centimètres dans le bassin de votre fils pour aspirer sa moelle osseuse et qu’on doit le refaire encore et encore, animer un collectif, ce n’est rien à côté de ça. Je ne suis pas une utopiste, je sais que je ne changerai pas le monde. Mais si je peux faire en sorte que moins d’enfants vivent une telle souffrance, je le ferai. »
Pression médiatique
Début 2019, alors que les choses patinent, Marie Thibaud et un ami journaliste se décident à mobiliser les médias. En mars, le collectif « Stop aux cancers de nos enfants » organise sa toute première conférence de presse. Après l’affaire des bébés …