Il sort de son lycée professionnel, un sac de sport sur le dos. Il ôte sa capuche et embrasse chaleureusement Lise, militante d’AutonoMIE, un collectif toulousain qui, depuis près de deux ans, vient en aide aux mineurs étrangers isolés mis à la rue. Il nous serre la main timidement. On est à Castres, le 7 mars 2018, le ciel est gris et l’air glacial. La veille, Fofana a eu 18 ans. Un large sourire barre son visage.
C’était moins le cas le 14 février 2018. Nous l’avions alors croisé rapidement, à l’entrée de la salle de la Cour d’appel du tribunal de grande instance de Toulouse, juste avant que la séance ne débute : il semblait inquiet. Mais ce jour‐là, la Cour d’appel a annulé le jugement qui, le 2 juin 2017, l’avait condamné à 3 mois de prison pour « récidive d’escroquerie faite au préjudice d’un organisme de protection sociale pour l’obtention d’une allocation ou prestation indue ».
Cette décision en appel met fin ‑provisoirement‐ au parcours chaotique et kafkaïen qu’a dû emprunter le jeune homme depuis son arrivée en France. « Le cas de Fofana est emblématique, résume son avocate Anita Bouix, membre d’un collectif d’avocats pour la defense des mineurs isolés. Tribunal pénal, juge des enfants, juge des libertés et détention… Au final, il est passé devant 7 ou 8 juges en l’espace d’un an et demi ! ». Emblématique de quoi au juste ? D’une « politique d’accueil qui empêche les mineurs étrangers d’avoir accès à leurs droits », estime Lise.
Un test osseux dont il ne verra jamais le résultat
Au printemps 2016, ce jeune guinéen âgé alors de tout juste 16 ans arrive en France, à Châlons‐en‐Champagne. « Je ne connaissais personne, il faisait froid, je me suis présenté à l’hôtel de police le soir, avec mon extrait de naissance », raconte‐t‐il. Un document attestant qu’il a vu le jour le 6 mars 2000 à Conakry.
« En France, rappelle Anita Bouix, il y a un principe. Quand on se déclare mineur, on est présumé mineur. Ensuite, il y a une évaluation de minorité, mais un jeune, étranger ou pas, qui se présente dans une association ou quelque autre structure d’accueil comme mineur est d’emblée présumé tel ». C’est le cas pour Fofana, qui est orienté vers un foyer d’accueil. Il est scolarisé. « J’étais bien, se souvient‐il. Je voulais aller à l’école. C’était mon rêve. »
Mais quelques semaines plus tard, il est convoqué à la Police de l’air et des frontières (PAF). Fofana s’y rend : « Ils m’ont mis en garde à vue, le policier m’a dit qu’ils avaient fait le contrôle de mon acte de naissance et qu’il n …