Le budget climatique est venu s’inviter dans le dernier conseil métropolitain de l’année, vendredi 17 décembre. A priori, c’est une bonne nouvelle. Cela veut dire que la
promesse de Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille (MEL), de généraliser un tel budget suit son cours. Et ce malgré les critiques du groupe Métropole écologiste citoyenne et solidaire (EELV) sur son application.
Annoncé dans la précédente mandature, en décembre 2018, le budget climatique n’a finalement été mis en œuvre qu’en 2021. Fondé sur des objectifs de développement durable, ce budget climatique se veut un outil décisionnel permettant d’évaluer l’impact climatique des projets et politiques publiques présentés au moment de la préparation du budget voté par les conseillers communautaires. « La métropole européenne de Lille envoie un signal fort : celui d’une métropole qui prend ses responsabilités en termes de développement durable et de lutte contre le réchauffement climatique » avait déclaré
Damien Castelain au moment de son annonce.
Comment ça fonctionne, concrètement ? Les dépenses de fonctionnement et d’investissement sont classées en différentes catégories selon leur impact sur le climat, notamment pour ce qui est des émissions de gaz à effet de serre qu’elles risquent de générer. Une dépense peut ainsi être jugée « favorable » à l’atteinte des objectifs climat, « neutre » ou encore « défavorable » si cette dernière nécessite des axes de progrès. Dans cette initiative, la MEL est accompagnée par
l’Institut pour le climat et l’économie (I4CE), une association d’intérêt général experte de l’économie et de la finance qui veille à faire « avancer la lutte contre les changements climatiques en informant le débat sur les politiques publiques et en accompagnant les décideurs publics et privés ».
Intégration « trop prudente » ?
C’est justement la classification de ces dépenses qui a fait réagir la conseillère métropolitaine Pauline Ségard au moment de l'examen du rapport d’orientation budgétaire (ROB) lors du dernier conseil communautaire. Cette dernière a fait part de son interrogation concernant les critères choisis pour évaluer les dépenses. « Le fait de considérer comme très favorable une dépense de travaux de voirie à partir du moment où ils permettent une augmentation de 100% de la part d’espace public non dédiée à la circulation automobile est très critiquable puisque cela ne dit rien du partage final de l’espace public », a-t-elle observé.
Même incompréhension de sa part à propos du fait de considérer comme « favorable » un projet à partir du moment où il compte au moins 40% d’espace public non dédié à la circulation automobile. Un « recul par rapport à l’ambition que s’était fixée la MEL », a taclé l’élue écologiste qui demande des critères d’évaluation plus exigeants. Pour l’élue de Villeneuve-d’Ascq, « il n’y aurait rien de pire qu’un budget climatique qui classerait beaucoup trop facilement les dépenses en "favorables" ou "très favorables". Cela discréditerait la démarche et jetterait un doute sérieux sur la sincérité des ambitions de la MEL en matière de transition écologique et de lutte contre les dérèglements climatiques ».
Les élus du groupe Métropole écologiste citoyenne et solidaire ont également déploré, à travers la voix de leur présidente, que cet outil de budget climatique tarde à être généralisé. Pour l’instant, seul le programme pluriannuel d’investissements (PPI) pour 2022 - 2026 sur la voirie, les espaces publics et les aménagements cyclables fait mention d’une analyse des dépenses à ce titre. « Tout en reconnaissant le caractère innovant et complexe de la démarche, nous insistons pour que ce mouvement s’accélère, afin que toutes les dépenses de la MEL puissent être passées au crible du budget climatique », a martelé Pauline Ségard.