C’est un peu la lutte des classes qui se joue rue Merly, dans le quartier Arnaud-Bernard à Toulouse. Cette étroite ruelle donne accès à l’école maternelle publique Merly. À la suite d’une consultation, la rue a été piétonnisée en 2017. Applaudie par les parents des petits écoliers, la mesure a été dénaturée quelques mois plus tard. Répondant à une demande formulée par les parents d’élèves de l'école et du collège Sainte-Marie de Nevers, qui souhaitaient emprunter en voiture la rue Merly pour rapprocher leurs adolescents de leur établissement situé un peu plus loin, rue de Périgord, la mairie a finalement opté pour un « dispositif hybride » en laissant l'accès aux automobiles de 7h30 à 8h30 du matin.
Du fait de cette «
circulation apaisée », les enfants de l’école maternelle doivent depuis lors zigzaguer à pied, à vélo ou en trottinette au milieu de la circulation et des véhicules garés anarchiquement. Agacés, les parents du public se sont très vite interrogés « sur ce passe-droit », demandant que la borne d'accès soit relevée, peut-on lire dans le procès-verbal du conseil de l’école publique du 8 novembre 2018. Une demande réitérée en 2019 et en 2020… En vain.
Excédés, les parents ont écrit à la mairie en s'étonnant « que l’intérêt particulier d’un petit nombre, ceux qui souhaitent déposer leurs enfants en voiture, prime sur l’intérêt général en termes de sécurité ». Ils comprennent d’autant moins cette situation que le maire de Toulouse s'est engagé, en mai dernier, à
piétonniser les abords des écoles au moment de la rentrée et de la sortie des classes, quand cela était nécessaire.
Plusieurs parents d'élèves mettent le blocage de la rue Merly sur le dos de Ghislaine Delmond. L'adjointe municipale, chargée « des relations avec les associations de Français d’Afrique du Nord et d’Outre-Mer », a représenté la mairie au conseil de l’école maternelle publique jusqu'en 2020. « Or nous la voyons souvent amener ses petits-enfants en voiture devant l'école Sainte-Marie de Nevers où ils sont scolarisés… », assurent-ils. [annexe link="Contactée"]
Ghislaine Delmond a finalement réagi par écrit, le 5 janvier. « Mon petit-fils est scolarisé dans l’établissement situé rue Merly. Il m’arrive de l’y accompagner ou d’aller le chercher, mais la plupart du temps, je fais le déplacement en métro et à pied. Ce qui est bien plus pratique pour moi. Lorsque je me déplace en voiture, je le fais dans le respect de la réglementation en vigueur dans cette rue et des aménagements mis en place, explique l'élue. Je ne me serais jamais permise de demander de traitement particulier. Je me suis toujours adaptée à la situation telle qu’elle était. »
« Les nouveaux aménagements ont été mis en place dans le cadre du projet global de rénovation de la place Saint-Sernin et en concertation avec les habitants. Il ne m'appartient en aucun cas de prendre part à ce projet d'aménagement et n’ai jamais cherché à y prendre part », assure la conseillère municipale.
[/annexe], l'élue n'a voulu répondre, renvoyant vers la maire de quartier Julie Escudier. Celle-ci n'a pas non plus donné suite à nos sollicitations. La rue Merly n'est pas près de s'apaiser.
Maylis Jean-Préau