«Nous croyons à un journalisme utile », écrivions‐nous, il y a près de huit ans, dans le manifeste fondateur de Mediacités. « Utile », certes, mais utile comment ? C’est à cette question que, chaque année, nous nous attelons à répondre en dressant notre « rapport d’impact ». Celui de 2024 ne déroge pas à la règle : nous avons passé en revue nos publications depuis le début de l’année – un peu plus de 170 pour notre seule édition lyonnaise – en nous demandant si les révélations ou autres informations qu’elles contenaient ont fait bouger les lignes.
Certaines de nos enquêtes sont‐elles à l’origine d’une procédure judiciaire ? Ont‐elles provoqué un débat sur la place publique ? Ou, à l’inverse, sont‐elles passées inaperçues ? Voici le résultat de notre coup d’œil salutaire dans le rétroviseur.
Des enquêtes qui ont fait bouger les lignes
1/ Vidéos humiliantes et sexuelles à l’EM Lyon : la fin d’une « tradition »
Rappel des faits - Des sexes en gros plans, un étudiant sur lequel on urine et autres scènes d’humiliation… Le 3 septembre dernier, Mediacités révèle l’existence de séances de projections de vidéos de la vie de l’EM Lyon, lors de soirées festives, dont certaines particulièrement dégradantes et parfois tournées sans le consentement des personnes concernées.
Au sein de la prestigieuse école de commerce, cette « tradition » est perpétuée année après année par l’association étudiante Ligne de Mire (L2M). Elle dure depuis… plus de trente ans ! D’une promotion à l’autre, les films sont même transmis à des « maîtres des archives » – les plus anciennes images datent de 1991. « L2M peut arrêter des carrières », nous avait alors confié un étudiant de l’EM. Pour rappel, la loi qui interdit le bizutage remonte à 1998.
Contactée lors de la préparation de notre enquête, la direction de l’école nous avait assuré tout ignorer de cette tradition, alors même que L2M avait déjà projeté, par le passé, certains de ses « JT » dans le grand amphithéâtre de l’établissement. Sans attendre notre publication, l’EM Lyon avait toutefois lancé une procédure disciplinaire à l’encontre de l’association. Un premier impact.
Impact - Un émoji pierre tombale. Deux semaines après notre publication, le compte Instagram de Ligne de Mire annonce à sa façon la fin de l’association. « En accord avec la corporation des étudiants, l’EM Lyon a décidé de suspendre définitivement les activités de [L2M] », communique l’école, évoquant « la diffusion d’images d’archives contraires au respect des droits des personnes et aux valeurs » de l’EM.
Autre impact regrettable de notre enquête, une chape de plomb s’est abattue sur l’école de commerce. Consigne aurait ainsi été passée via la « corpo » (un organe étudiant régissant la vie de l’école, en lien avec la direction) de ne pas répondre à la presse afin d’ébruiter le moins possible l’affaire de ces vidéos humiliantes, pour ne pas nuire à l’image de l’EM Lyon. Reste la question des archives. « Les rush seront toujours quelque part, nous a lâché un ancien membre de L2M, après la dissolution de l’association. L’EM n’a aucun moyen de garantir qu’ils n’existeront plus. »
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2/ PFAS : nos révélations, de l’Assemblée nationale au palais de justice
Rappels des faits. Pas moins d’une trentaine d’articles. Sur Mediacités, le dossier spécial consacré à la vallée de la chimie, cette vaste plateforme industrielle qui s’étire au sud de Lyon, est garni. Il l’est d’autant plus depuis que plusieurs de nos journalistes (Lucas Martin‐Brodzicki et Hugo Coignard notamment) multiplient les révélations sur le scandale des PFAS. Derrière ces quatre lettres se cache une famille de polluants dits « éternels » qui ont contaminé l’eau, l’air et l’environnement des abords du Rhône sur des dizaines de kilomètres.
Depuis le début de l’année, Mediacités a ainsi révélé que des boues d’épuration chargées de PFAS ont été répandues dans des cultures de l’Est lyonnais ; dévoilé la stratégie d’Arkéma, l’industriel au cœur du scandale de pollution, pour continuer à produire toujours plus de PFAS ; ou encore épinglé, dans une enquête menée en partenariat avec France 3, les rejets dans l’air de polluants éternels de Daikin, l’autre chimiste dans le collimateur des pouvoirs publics et des associations environnementales.
Impacts. Ils sont de plusieurs ordres. Nos révélations sur les boues d’épuration ont ainsi rebondi à l’Assemblée nationale où le député (LFI) du Rhône Gabriel Amard a tenté de faire voter un amendement pour interdire la vente et l’épandage des boues contenant des PFAS. Sans succès [lire par ailleurs, sur le sujet, notre complément d’enquête].
Nos révélations sur les rejets atmosphériques de Daikin, publiées conjointement avec France 3, ont, elles, résonné au palais de justice de Lyon. Comme nous l’avions raconté, des riverains d’Oullins-Pierre-Bénite et l’association Notre Affaire à tous s’en sont emparés pour plaider leur cause dans une procédure intentée contre l’industriel japonais, en vue de suspendre un arrêté préfectoral concernant l’usine. Avec succès cette fois‐ci.
Notre enquête fouillée sur la stratégie industrielle d’Arkema pour les années à venir, mâtinée de greenwashing, a par ailleurs fait réagir la municipalité de Chasse‐sur‐Rhône, en aval de l’usine du chimiste. Dans un communiqué intitulé « Révélations Mediacités sur Arkema et les PFAS : mettre fin à l’impunité des industriels ! » et publié le 16 mai, Christophe Bouvier, le maire de la commune, condamne « les opérations de communication visant à cacher ou à enjoliver la réalité ». La veille, Mediacités s’invitait à l’assemblée générale d’Arkema pour interpeller son PDG sur la participation financière de son groupe aux opérations de dépollution et l’inviter à boire de l’eau du robinet de Ternay… contaminée aux PFAS.
Articles à (re)lire :
- Scandale des PFAS : des boues contaminées épandues sur plus de 1 100 hectares de cultures de l’Est lyonnais
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- Pollution aux PFAS : dans l’ombre d’Arkema, le scandale Daikin
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- PFAS : un chantier de la CNR fait courir le risque d’une diffusion des « polluants éternels »
3/ Notes de frais de Laurent Wauquiez : la Région condamnée à la transparence
Rappel des faits. Attention, cas très particulier. Voici une enquête qui n’a pas encore débuté – faute de pouvoir consulter les documents en question – mais qui a déjà produit de l’impact, y compris sur le plan judiciaire. Si vous avez manqué le début, on vous résume. Depuis le 16 septembre 2021, très précisément, Mediacités demande à la région Auvergne‐Rhône‐Alpes de pouvoir consulter les notes de frais (frais de restauration, de déplacement, de représentation…) de ses élus pour les années 2019, 2020 et 2021. Le premier d’entre eux, à l’époque, s’appelle encore Laurent Wauquiez.
Alors que d’autres collectivités également sollicitées se sont montrées transparentes (la métropole de Lyon, les municipalités de Saint‐Priest, de Villeurbanne ou de Caluire‐et‐Cuire…), la Région « la mieux gérée de France », selon son célèbre slogan, refuse de transmettre ses notes de frais, alors même que la Commission d’accès aux documents administratifs a appuyé notre demande, après moult relances. Comme à Mediacités, on a du mal à s’avouer vaincu, nous avons porté l’opacité du conseil régional devant la justice.
Impact. De longs mois après avoir introduit notre requête auprès du tribunal administratif de Lyon, l’audience de notre dossier a eu lieu le 7 mai dernier. Au nom de « l’intérêt du public », le rapporteur public appuie notre démarche quand l’avocat de la Région tente de convaincre que notre exigence de transparence pourrait « nuire au bon fonctionnement » de la collectivité. Rien que cela ! Deux semaines plus tard, le tribunal administratif rend son délibéré : la justice enjoint le président du conseil régional à communiquer à Mediacités les fameuses notes de frais dans un délai de deux mois.
Victoire ? Oui et non. Si, sur le plan symbolique et sur le fond, nous avons obtenu gain de cause, Laurent Wauquiez s’est de nouveau dérobé au minimum de transparence réclamée. Juste avant l’échéance des deux mois, la Région a formé un pourvoi en cassation pour contester la décision du tribunal administratif de Lyon. Nous guettons désormais le courrier avec un tampon de la cour de cassation qui nous délivrera le prochain épisode de cet interminable feuilleton…
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4/ Affaire Alila : les coulisses de la chute de « l’Icare » de l’immobilier
Rappel des faits. Par où commencer ? Au cours des deux dernières années, Mediacités a longuement enquêté sur le groupe Alila, ce promoteur immobilier majeur de la place lyonnaise (et même française), qui a annoncé sa liquidation judiciaire fin octobre. Il s’agissait de raconter l’envers d’une success‐story, telle qu’elle était présentée pendant des années dans les médias.
Nous avons notamment documenté le comportement toxique du patron d’Alila, Hervé Legros, vis‐à‐vis de certains de ses salariés. Un management qui lui vaut d’être mis en examen pour harcèlement moral pour des faits concernant neuf anciens employés. Nous avons aussi révélé la nature des soupçons d’abus de biens sociaux qui pèsent sur lui, et sur lesquels la justice enquête encore. Dans ce volet de l’affaire, le juge d’instruction qui a mis en examen Hervé Legros s’interrogeait début 2024 sur des achats de sac à main de luxe ou de statues prestigieuses par des sociétés dirigées par Hervé Legros.
Enfin nous avons été les premiers à évoquer les nombreuses factures impayées ou en retard dont se plaignaient des prestataires d’Alila, mettant certaines entreprises en péril. Ces derniers mois, nous avons aussi chroniqué comment Alila avait abandonné certains chantiers de construction, et les contentieux qui s’accumulaient devant la justice.
Impact. Soyons clairs : la faillite d’Alila n’a pas été provoquée par nos articles, pas plus que la mise en examen d’Hervé Legros. Notre impact se situe ailleurs. Mediacités a contribué à éclairer d’un jour nouveau – et pour le grand public – un dossier scruté dans le monde feutré des professionnels de l’immobilier. Promoteurs, bailleurs sociaux, entreprises du BTP, investisseurs, artisans… Ces acteurs qui contribuent à façonner nos villes font rarement l’objet d’enquêtes approfondies. Le cas Alila et les dérives présumées de son fondateur sont à cet égard révélateurs d’un monde en vase clos, qui s’est longtemps accommodé des coups de gueule éruptifs d’Hervé Legros et du luxe ostentatoire qu’il affichait. Jusqu’à la chute.
Ces derniers mois, Hervé Legros a largement communiqué sur les réseaux sociaux au sujet des difficultés de son groupe. À chaque fois, ses publications ont provoqué de nombreuses réactions de la part de ses soutiens, mais aussi de la part d’entreprises ayant travaillé avec Alila. Pour beaucoup, lire dans nos articles qu’Hervé Legros avait acheté un sac à main Hermès à plus de 230 000 euros, via l’une de ses sociétés, alors que de nombreux sous‐traitants attendaient le règlement de leurs factures, a été la goutte de trop.
Encore récemment, après l’annonce de la liquidation d’Alila, Mediacités a recueilli le témoignage d’un avocat qui défend deux prestataires d’Alila, pour des impayées de 190 000 euros pour l’un, et près de 80 000 euros pour le second. Il sait que ses clients ont très peu de chance de recevoir leur dû, mais il souhaite tout tenter « au moins par principe ». « On parle de PME de 20 ou 30 salariés. Elles peuvent encaisser un retard, deux retards. Au troisième, c’est la mort », explique‐t‐il. Selon ce juriste, spécialiste du monde de l’immobilier, Alila a surtout péché par excès d’orgueil : « Hervé Legros, c’est Icare. Il a créé une boîte magnifique, mais il s’est brûlé les ailes. »
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5/ Chauffage urbain du Grand Lyon : un corbeau et des questions en suspens
Rappel des faits. Le dossier sentait le soufre avant même qu’il soit publiquement inscrit à l’ordre du jour du conseil métropolitain du Grand Lyon. Le 11 janvier dernier, le site internet de BFM Business relaie, sans plus de vérifications, un mail anonyme qui accuse la majorité écologiste de Bruno Bernard de favoritisme dans l’attribution à venir d’un méga‐marché public (173 millions d’euros), celui du nouveau réseau de chauffage urbain dit du « sud‐ouest lyonnais ». Au‐delà de la question de l’identité de ce corbeau, Mediacités se plonge dans ce dossier complexe et hautement technique. Et nous publions un premier article pour éclairer nos lecteurs sur ses enjeux et les raisons qui vont conduire la Métropole à choisir la société Coriance plutôt qu’Idex.
Mais, très vite, Isabelle Jarjaille, collaboratrice régulière de notre journal et spécialiste des contrats de délégation de service public, s’étonne de lacunes dans la présentation des offres des deux sociétés transmises aux conseillers métropolitains avant le vote. Il ressort aussi de notre deuxième enquête que le candidat non retenu (Idex) présentait bel et bien l’offre la moins chère, même si la Métropole soulignait les indices « plutôt variables » de la concurrente Coriance.
Impact. Nos révélations ainsi que d’autres publiées par une consœur du Progrès ont grandement animé le conseil métropolitain du 29 janvier dernier. Soudainement devenus experts en marché public de chauffage urbain, plusieurs opposants ont passé Bruno Bernard au feu roulant de leurs questions. Le président du Grand Lyon n’y répondra pas, considérant que « l’information des élus a[vait] été pleine et entière » et que « toutes les réponses [avaient] été apportées en commission ».
Pas satisfaisant aux yeux du groupe d’opposition La Métro positive (élus LR et apparentés) qui a adressé un signalement au Parquet national financier. Celui‐ci s’en est dessaisi, dès février, au profit du parquet de Lyon, qui, contacté par Mediacités, n’a pas donné suite à notre demande d’information. En parallèle, la Métropole a déposé plainte contre X pour « dénonciation calomnieuse » suite au mail du corbeau. D’après la collectivité, un juge d’instruction a été nommé et « des investigations sont en cours ». Bref, tôt ou tard, on pourrait bien réentendre parler du dossier du chauffage urbain du sud‐ouest, du côté de la rue du Lac, où se trouve le siège du Grand Lyon.
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6/ Harcèlement au conservatoire national de Lyon : Jean Tubéry condamné en première instance
Rappel des faits. L’affaire a secoué le Conservatoire national supérieur de Lyon pendant des semaines. En mars 2023, Mediacités rendait publiques les accusations de harcèlement visant Jean Tubéry, enseignant et figure de la musique baroque française. Plusieurs témoignages et des textos évoquaient des propos et des gestes à connotation sexuelle pendant des cours ou lors d’événements artistiques, voire un baiser forcé.
L’enseignant était notamment accusé d’avoir touché les fesses d’une élève ou d’avoir glissé sa flûte dans son pantalon pour la réchauffer. Des propos et comportements dont Jean Tubéry conteste la réalité, regrettant tout au plus des gestes et des mots « maladroits » ou mal interprétés. Comme le dévoilait notre article, Jean Tubéry avait été mis à pied pendant cinq mois en juin 2022 par son école, alertée par des étudiants, avant d’être réintégré.
Impact. À la suite de nos révélations, de nouvelles enquêtes administratives ont été lancées par le Conservatoire national supérieur de Lyon et le Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de Paris, où enseigne également Jean Tubéry. Surtout, trois femmes ont porté plainte à son encontre au printemps 2023. L’une des plaintes a été classée, pour cause de prescription des faits. Jugé en juin 2024 par le tribunal correctionnel de Sens (Yonne), Jean Tubéry a été condamné à six mois de prison avec sursis, le tribunal ayant retenu des « propos à connotation sexuelle imposés de manière répétée » avec la circonstance aggravante qu’ils ont été tenus « par personne ayant autorité ». Jean Tubéry a fait appel de ce jugement. Sans attendre l’appel, la Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés (Fevis), un acteur majeur du secteur, a annoncé l’exclusion de l’ensemble baroque la Fenice, fondé et dirigé par Jean Tubéry.
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Des enquêtes qui ont produit un impact dont on se serait bien passé
1/ Viré de la soirée électorale du RN
« Vous êtes Mediacités ? Vous sortez. » Publier des enquêtes peut aussi conduire à être blacklisté, surtout lorsqu’elles portent sur l’extrême droite. Notre journaliste Mathieu Périsse en a fait l’expérience en juillet dernier au soir du second tour des élections législatives. Venu couvrir la soirée électorale organisée par le parti au domicile d’un militant du RN à Saint‐Priest – et avec l’accord de ce dernier – il a été mis à la porte dès l’arrivée de Tiffany Joncour, la patronne du RN du Rhône, et de son bras droit Tim Bouzon.
À l’origine de cette expulsion, un article publié quelques jours plus tôt sur les liens avec la mouvance identitaire de deux candidats de l’extrême droite (Tiffany Joncour et Patrick Louis, candidat dans le Beaujolais). Ces révélations n’ont pas empêché Tiffany Joncour de devenir député de la 13e circonscription du Rhône. Pas plus que notre éviction de cette soirée électorale n’aura stoppé les enquêtes de Mediacités sur ce sujet : fin octobre, nous avons ainsi révélé que la nouvelle parlementaire Tiffany Joncour était mariée à une figure historique des identitaires lyonnais.
Extrême droite : les accointances identitaires de la députée RN Tiffany Joncour
2/ Les procédures et menaces récurrentes du patron d’Alila
Nous vous en avons parlé plus haut, nos enquêtes sur Alila ont rencontré un écho important parmi les professionnels de l’immobilier. Mais elles ont aussi occupé notre calendrier judiciaire. En 2024, Mediacités a dû se rendre à trois audiences en appel pour se défendre face à des plaintes en diffamation déposées par le promoteur et son PDG Hervé Legros. A la clef : deux nouvelles victoires pour notre journal, en attendant un troisième délibéré en janvier 2025.
Déjà détenteur du record de procédures intentées contre notre journal, le promoteur immobilier nous a encore menacés de poursuites pour violation du secret de l’instruction en amont de la publication de notre dernier article. Cette enquête‐là portait sur les soupçons d’abus de biens sociaux visés par l’enquête judiciaire dont l’homme d’affaires fait l’objet. À ce jour, nous n’avons pas eu de nouvelles d’une éventuelle quatrième plainte de sa part.
Le patron d’Alila de nouveau condamné pour son acharnement contre Mediacités
Mediacités en avait parlé en premier : les enquêtes qui nous ont échappé
1/ Les eaux Alma dans de mauvais courants
Rappel des faits. Les petits ruisseaux des enquêtes font les grands scandales. En novembre 2022, Mediacités révélait que la répression des fraudes enquêtait sur les eaux minérales de St‐Yorre, Vichy Célestins et Châteldon, propriété du groupe Sources Alma, le troisième plus gros embouteilleur français après Nestlé et Danone. Nous racontions comment ces marques avaient eu recours à des traitements interdits par la réglementation, comme l’adjonction de gaz carbonique ou l’utilisation de certaines substances chimiques pour purifier leur eau.
Ces procédés sont illégaux pour les « eaux minérales naturelles » et les « eaux de sources », dont la composition ne doit pas être altérée pour prétendre à ces appellations. À la source (sans mauvais jeu de mots) de l’affaire se trouvait l’alerte lancée par un technicien du groupe aux services de l’Etat, qui avait abouti en 2020 à une perquisition de deux usines dans l’Allier et le Puy‐de‐Dôme.
Impact. L’affaire mise en lumière par Mediacités était en fait la partie émergée d’un scandale d’ampleur nationale. En janvier 2024, Le Monde et Radio France révèlent que l’enquête a été élargie à l’ensemble du secteur de l’industrie de l’eau en bouteille. Près d’un tiers des marques auraient eu recours à ces techniques interdites, notamment celles du groupe Nestlé (Vittel, Contrex, Hépar et Perrier), pour masquer des contaminations. En avril 2024, une mission flash est lancée au Sénat sur ce sujet. Les éléments recueillis montrent que Nestlé a bien triché « au vu et au su » de tous, résumait, en octobre, la sénatrice Antoinette Guhl, chargée de cette mission.
Pour cette fraude, évaluée à près de 3 milliards d’euros sur quinze ans, Nestlé pourrait ne payer que 2 millions d’euros d’amende. Cette très faible sanction a été validée par la justice en septembre dernier dans le cadre d’une procédure négociée entre Nestlé et le parquet, comme l’a détaillé Mediapart. Très insuffisant aux yeux de l’ONG Foodwatch, qui a relancé le dossier en déposant deux plaintes pour « tromperie » fin septembre.
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2/ Affaire Périssol : la chute d’un baron local
L’affaire a été jugée un long après‐midi de décembre 2023 dans le glacial palais de justice de Cusset, près de Vichy. Historique maire de Moulins et figure du premier septennat de Jacques Chirac (il fut son ministre du Logement dans les années 1990), Pierre‐André Périssol était poursuivi pour « prise illégale d’intérêts » et « faux administratifs » dans un complexe dossier de dissolutions et de rachats d’offices HLM révélé par Mediacités.
Une fois les poursuites judiciaires contre ce baron de l’Allier dévoilées, d’autres médias, notamment locaux (France 3, La Montagne…) se sont à leur tour emparé de cette affaire qui a connu de nouveaux rebondissements en 2024. Le 1er février dernier, « PAP » a ainsi été déclaré coupable de prise illégale d’intérêts et condamné à une peine de 3 000 euros d’amende. La décision n’a satisfait personne puisque le maire de Moulins comme le parquet de Cusset, qui avait requis une peine plus sévère, ont fait appel.
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3/ Le Parquet national financier au Puy‐en‐Velay : où l’on reparle de Laurent Wauquiez
La bombe à fragmentation continue encore de commettre des dégâts… En mars 2022, Mediacités avait révélé les coulisses d’un marché public truqué au Puy‐en‐Velay, le fief de Laurent Wauquiez, portant sur l’attribution de l’exploitation des halles gourmandes du centre‐ville. A l’époque, nous avions notamment dévoilé le contenu d’enregistrements qui ne laissaient aucun doute sur les manœuvres entreprises pour écarter un candidat. Le Parquet national financier (PNF) ouvrait alors une enquête pour favoritisme, corruption et trafic d’influence.
Deux ans plus tard, en juin dernier, l’affaire a rebondi (une nouvelle fois) avec l’annulation du contrat de concession des halles par le tribunal administratif de Clermont‐Ferrand et leur fermeture d’ici à avril 2025. En parallèle, comme nous l’avons raconté sur Mediacités, l’enquête du PNF se poursuit et continue d’agiter à intervalles réguliers la préfecture de Haute‐Loire au gré des perquisitions. Elle a aussi été élargie à d’autres appels d’offres publics et s’intéresse à un certain Emmanuel Boyer, directeur de l’office de tourisme du Puy‐en‐Velay, l’un des hommes du système mis en place par Laurent Wauquiez (il a entre autres été son chef de cabinet) dans la ville.
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Mediacités a contribué à mettre le sujet au cœur de l’actu
1/ Bébés et femmes à la rue : le rétropédalage de la Métropole
Rappel des faits. « Ils coupent tout. » Alerté par des travailleurs sociaux de la métropole de Lyon, Mediacités racontait, en juillet dernier, que la collectivité avait brutalement décidé de cesser de prendre en charge des nouvelles nuits d’hôtels pour les familles à la rue, notamment les femmes avec jeunes enfants qui relèvent pourtant de ses compétences. Cette décision avait été prise dans un contexte de bras de fer entre la majorité écologiste de Bruno Bernard et l’Etat, sur fond de rigueur budgétaire au sein du Grand Lyon, écrivions‐nous.
Sans surprise, cette décision a entraîné des conséquences dramatiques dès les semaines suivantes. Mi‐août, la directrice du Samu social lyonnais faisait part sur LinkedIn de sa « honte » devant les cas de mères remises à la rue en sortant de la maternité, avec des enfants âgés de quelques jours. « Bébés à la rue : à qui la faute ? », s’interrogeait alors notre journal, qui accorde une importance particulière au sujet du sans‐abrisme depuis sa création.
Impact. La situation n’était pas tenable pour la majorité écologiste de la métropole de Lyon, mise sous pression par les associations locales et par ses alliés politiques. Au terme d’un rétropédalage en règle, Bruno Bernard a annoncé à la rentrée la reprise de l’accueil des mères isolées sans abri avec enfant de moins de trois ans ou enceintes de plus de huit mois, mais en durcissant drastiquement les conditions. « Par exemple, si le père a reconnu l’enfant ou l’appelle au téléphone, la mère n’est plus considérée comme isolée », expliquait à l’époque à Mediacités une assistante sociale, commentant une note interne du Grand Lyon que Rue89Lyon s’était également procurée. Pas vraiment un retour à la situation antérieure donc. Mais sans la pression des médias locaux, dont le nôtre, il y a fort à parier que rien n’aurait bougé.
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2/ Barrage sur le Rhône : les plans de la CNR tombent à l’eau
C’est l’une des dernières portions sauvages du Rhône. A une quarantaine de kilomètres en amont de Lyon, entre les départements de l’Isère et de l’Ain, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) projetait de bâtir une nouvelle centrale hydroélectrique sur le fleuve – le vingtième du cours d’eau ! Comme d’autres, Mediacités s’était penché sur ce projet qui avait soulevé l’opposition de riverains, d’élus locaux et de défenseurs de l’environnement, à travers un reportage au long cours en texte et photos. La levée de boucliers a fonctionné : en août dernier, l’Etat a annoncé l’abandon du projet de barrage.
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3/ A deux pas du Grand Lyon, l’ancien purgatoire des jeunes migrants
Rappel des faits. Combien d’élus de la métropole de Lyon les croisaient en se rendant au siège de la collectivité ? En novembre 2023, Mediacités était parti à la rencontre de la centaine de migrants installés dans un campement de fortune, square Sainte‐Marie‐Perrin, un parc du 3e arrondissement situé à quelques mètres du siège du Grand Lyon.
Notre article, signé Morgane Remy, donnait à lire un bout du quotidien de ces jeunes, qui se déclaraient pour la plupart « mineurs non accompagnés » (MNA) d’un adulte, selon la terminologie en vigueur, mais qui avaient été déboutés par la Métropole chargée d’évaluer leur âge et attendaient qu’un tribunal statue sur leur sort. Nous y racontions la pluie, le froid, les morceaux de palettes en guise de lit, et surtout l’attente interminable dans ce « purgatoire » administratif pour ces jeunes ni mineurs (compétence de la Métropole), ni majeurs (compétence de l’Etat), aux yeux des autorités.
Impact. En janvier 2024, la Ville et le diocèse de Lyon ont finalement ouvert 170 places d’hébergement d’urgence pour ces jeunes, dont le nombre avait entretemps grimpé à près de 200. L’épilogue a illustré une nouvelle fois le bras de fer engagé entre l’Etat et le Grand Lyon sur le sujet des MNA [lire notre dossier à ce sujet], alors que le dispositif d’hébergement d’urgence est saturé sur le territoire.
Sur le terrain, les jeunes migrants n’ont d’autre choix que de trouver des nouveaux lieux. En octobre dernier, le squat Neyret, où près de 70 d’entre eux avaient trouvé refuge, a été évacué. Près de 150 jeunes vivent actuellement dans le campement du square du Béguin (7e arrondissement de Lyon). En attendant le prochain parc.
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Les enquêtes qui n’ont rien changé
1/ À l’aéroport Lyon Saint‐Exupéry, le gagnant, c’est toujours Vinci
Rappel des faits. Depuis 2019, Mediacités a multiplié les révélations sur la gestion de l’aéroport Lyon Saint‐Exupéry, confié, en 2016, au groupe Vinci, via le consortium Aéroports de Lyon (ADL). Trésorerie siphonnée par les actionnaires, personnels pressurisés, services de sécurité en souffrance… Nos enquêtes ont révélé le processus de privatisation à l’œuvre au sein de la vitrine de Vinci Airports et ses conséquences, autant sur les salariés que sur les finances publiques. L’ensemble de notre travail au long cours a été mis en scène dans une bande dessinée, copubliée avec La Revue dessinée, en novembre 2023.
Impact. Aucun ou presque. Au printemps 2024, ADL a changé de tête : Cédric Fechter, pur produit de la maison Vinci, a remplacé Tanguy Bertolus à la tête de « Saint‐Ex ». Mais rien n’a changé. Comme nous l’avons révélé en avril dernier, l’exploitant a continué de siphonner (à hauteur de plus de 3 millions d’euros) la trésorerie de l’infrastructure publique pour arrondir toujours plus les dividendes versés aux actionnaires. Alors qu’en son temps, David Kimelfeld, ancien président du Grand Lyon (qui siège au conseil de surveillance d’ADL) s’était insurgé contre une telle politique, les collectivités ne prennent même plus la peine d’exprimer publiquement leur mécontentement et regardent les dividendes passer.
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Veni, Vidi, Vinci : quatre ans d’enquête sur l’aéroport Lyon Saint‐Exupéry en bande dessinée
2/ L’association Courir pour elles voit toujours la vie en rose
Rappel des faits. En avril dernier, Mediacités publiait une longue enquête sur l’association Courir pour elles, célèbre à Lyon pour ses nombreux événements sportifs organisés en soutien aux femmes atteintes de cancer. Sa course annuelle, avec ses fameux maillots roses, rassemble plus de 15 000 participantes.
Nous révélions que la présidente et fondatrice de l’association, Sophie Moreau, faisait l’objet de très fortes contestations en interne. En cause : le salaire conséquent – assorti d’une voiture de fonction – dont bénéficie cette figure du monde caritatif lyonnais, mais aussi le fait qu’elle emploie sa sœur (dans une association de trois salariées), un job qu’elle décrivait elle‐même comme un « un devoir de famille ».
Nous évoquions aussi l’ouverture d’une enquête judiciaire pour harcèlement moral après un signalement effectué par l’inspection du travail, qui avait mis fin en urgence aux contrats de deux jeunes alternantes surexploitées par l’association. De quoi sérieusement interroger le fonctionnement de cette structure au budget annuel qui frôle le million d’euros grâce à ses nombreux partenariats avec des entreprises mécènes.
Impact. Rien, nada, zéro. La parution de notre enquête n’a suscité aucune reprise dans la presse lyonnaise, aucune réaction des membres de l’association ni des entreprises partenaires. L’association continue de mener des opérations sponsorisées, par exemple avec l’entreprise de « snacks bio » Monka. Elle organise des « afterworks » au Sofitel de Lyon dans lesquels « le docteur Georges Képénékian » – plus connu comme ancien maire de Lyon – vient prodiguer des conseils pour rester en forme, et a tenu la deuxième édition de sa vente aux enchères au musées de Beaux‐Arts.
Tout récemment, Sophie Moreau s’est vue remettre un chèque 25 000 euros au nom de l’association à l’occasion d’un mâchon géant regroupant 1600 personnes au marché de gros de Corbas. Et dire que certains trouvent que la presse a trop de pouvoir…
Article à (re)lire :
Semaine de l’impact
Que deviennent les enquêtes de Mediacités une fois celles‐ci publiées ? Font‐elles bouger les lignes dans nos villes ? Comment contribuent‐elles au débat public ? Cette semaine, votre journal se penche sur son impact. A lire par ailleurs :
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