A Tourcoing, l’électorat populaire de Darmanin n’est pas prêt à voter Macron

Sur ses terres nordistes, Gérald Darmanin garde la confiance de classes populaires et moyennes frappées par la désindustrialisation. En dépit de sa tentative d’OPA sur la droite, Emmanuel Macron ne peut pas en dire autant, comme le montre ce reportage de nos confrères de Mediapart.

Marche Tourcoing
Le marché de Tourcoing, en décembre 2020. © IR / Mediapart

Malgré le froid et la pandémie, ils sont au moins une petite centaine à se presser le long des étals. À Tourcoing, plus d’un habitant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Ce lundi matin, comme trois fois par semaine, on s’arrache les avocats à 25 centimes, les galettes algériennes à 2,50 euros… Les petits retraités croisent les jeunes mamans dans un ballet qui agite la Grand‐Place jusqu’à l’heure du déjeuner.

Vu d’ici, Gérald Darmanin n’est pas le ministre de l’intérieur. C’est « le maire ». Et tant pis s’il a laissé son écharpe mi‐septembre à Doriane Bécue, une de ses adjointes : c’est bien la liste qu’il conduisait qui a recueilli plus de 60 % des suffrages le 15 mars dernier, remportant l’élection dès le premier tour. À quelques encablures de la mairie, son quartier général de campagne a d’ailleurs survécu à la séquence électorale. « Le choix de Tourcoing, Gérald Darmanin », exhibe la devanture du petit local dont le rideau est baissé.

À l’évocation de son nom, rares sont les Tourquennois qui s’effarouchent. Certains haussent les épaules, font la moue. Comment s’en étonner dans une ville où l’abstention culmine à 75 % ? Le 15 mars, ils sont 9 600 à avoir voté pour Gérald Darmanin ; cela fait un habitant sur dix (ils sont 92 000), un électeur sur six (ils sont 64 000). Alors, forcément, on a croisé tous les autres. Ceux qui tracent leur route en grommelant que « la politique, ça ne [les] intéresse pas ». Ceux qui martèlent que « Darmanin ou un autre, ça ne change rien pour eux ».

Il y a ceux, aussi, qui « l’aimai[ent] bien ici » mais qui l’apprécient beaucoup moins dans son costume de ministre. « Depuis qu’il est monté, il fait la guerre un peu partout », regrette cette femme. Pas très loin, un vieux monsieur soupire : « Ça fait deux fois qu’il nous fait le coup. Il est élu puis il s’en va ! »

La tonalité générale …

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Publié le

Temps de lecture : 8 minutes

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Par Ilyes Ramdani (Mediapart)

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