Le temps se rafraîchit à Lille, en cette mi‐octobre. Ce jour‐là, Sylvain Wambeke, président de l’association Handimouv’, nous emmène faire un tour dans les rues commerçantes de la vieille ville. Si son fauteuil électrique ne bute pas trop sur les pavés, l’homme s’arrête souvent pour pointer du doigt une difficulté, une anomalie dans la configuration des commerces environnants. Ici, c’est une porte pas assez large ; là, une marche qui l’empêche d’entrer dans le bâtiment ; ailleurs, la sonnette censée alerter les commerçants de sa présence ne fonctionne pas. Au final, très peu de bâtiments lui sont directement accessibles. « Si on veut aller au restaurant sur un coup de tête, on ne peut pas ! », s’agace-t-il.
Un peu plus tard dans la semaine, c’est Carl Boussemaere qui nous rencontre dans un café. Le couloir pour y entrer est juste assez grand pour permettre à son fauteuil électrique d’avancer correctement. Pour le ranger, c’est une autre histoire ! La manœuvre est difficile entre les tables resserrées. Il faut le laisser derrière la table du café, bloquant quasiment le passage des autres clients. Son stationnement intempestif agace deux dames qui souhaitent s’installer. « Je suis désolé madame, je suis handicapé, j’ai pas fait exprès ! », s’exclame-t-il, un peu malicieux. Avant de souffler : « C’est mal foutu. » Pour cet éternel optimiste, la clé réside dans l’organisation. « Si je pars quelque part, il faut que je sache si c’est accessible. Si jamais je suis coincé, je vous mets au défi de soulever mon fauteuil ! »