Elections à Lyon : la soirée d’un second tour miné par l’abstention
Alors qu'une majorité d'électeurs ont boudé le scrutin du second tour des élections locales 2020, Mediacités publie au fil de la soirée les résultats et les déclarations des responsables politiques.
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Refermer la séquence « Covid‐19 ». Après un entre‐deux tours inédit qui a duré trois mois et demi, les seconds tours des élections municipales et métropolitaines se sont tenus ce dimanche 28 juin dans la métropole de Lyon, au terme d’une campagne électorale hors normes. Mediacités vous fait vivre en direct cette soirée électorale.
Les résultats du second tour des municipales dans la Métropole de Lyon :
Les informations à retenir à l’issue de la soirée électorale :
Les écologistes Grégory Doucet et Bruno Bernard remportent haut la main la ville et la Métropole de Lyon : lire notre décryptage.
Gérard Collomb annonce « la fin de [s]a vie politique » [lire ci‐dessous].
00h20 – Yann Cucherat charge Georges Képénékian. La mine fermée, Yann Cucherat, le poulain de Gérard Collomb pour la mairie de Lyon, commente devant la presse sa défaite. Regrette‐t‐il son alliance avec Les Républicains ? « Nullement, lâche‐t‐il. Je regrette en revanche que ce rassemblement n’ait pas été plus large. Georges Képénékian a une grande part de responsabilité dans notre défaite. Je ne crois pas qu’il sorte grandi de ce moment politique. »
23h50 – Gérard Collomb tire sa révérence. La droite a des regrets. « C’est la fin de ma vie politique », déclare Gérard Collomb. « En tout cas je continuerai dans le débat d’idées pour aider celles et ceux qui ont été avec moi au cours de ces mois, de ces semaines passées », ajoute‐t‐il, sans que l’on sache s’il compte siéger dans la future assemblée métropolitaine.
François‐Noël Buffet, le chef de file des Républicains avec lequel il a fait alliance au Grand Lyon, ne cache pas non plus sa « déception », devant la caméra duProgrès. « Mais c’est une belle campagne quand même et il y a de belles victoires », préfère‐t‐il retenir, en évoquant notamment Jérémie Bréaud à Bron, Christophe Quiniou à Meyzieu ou la réélection de Clotilde Pouzergue à Oullins, ville qu’il a lui‐même dirigée de 1997 à 2017.
Sur la plan métropolitain, François‐Noël Buffet mentionne les réussites de LR dans la circonscription Ouest ou celle de Porte des Alpes. « Mais au global, le compte n’y est pas », convient‐il. La faute, en partie, à l’abstention, mais pas seulement, selon lui. « C’est peut‐être aussi la division. Je regrette que David Kimeldeld n’ait pas accepté la main tendue », lâche‐t‐il.
23h36 – Les « kimistes », joyeux dans la défaite. Fidèle à lui‐même, David Kimeldeld a fait une apparition devant ses soutiens, rassemblés en nombre. « Alors, vous n’avez pas eu les résultats ? », ironise‐t‐il avant d’acter la victoire des écologistes. Sollicité par Mediacités sur son positionnement dans la prochaine assemblée métropolitaine, il estime qu’il est « encore trop tôt » pour savoir s’il se considère dans l’opposition par rapport à Bruno Bernard. « On est sous le coup de l’émotion. Il faut laisser le temps à EELV de s’installer ».
Devant ses équipes, il esquisse une ligne à suivre pour le mandat à venir : « Ma marque politique, c’était la transition écologique et la justice sociale. J’espère que la justice sociale sera au rendez‐vous aussi ». L’actuel président de la Métropole, qui a dû faire face à la crise du Covid‐19 ces derniers mois, émet également « une pensée pour les agents » du Grand Lyon. « Le combat continue… On va aller boire maintenant, il n’y a que ça à faire », conclut‐il.
David Kimelfdeld. Photo : NB
23h15 – Victoire écrasante et sans surprise de la gauche à Villeurbanne. Le suspens n’existait plus à Villeurbanne après l’alliance de la liste de gauche de Cédric Van Styvendael (PS, PCF, Génération.s…) et celle de Béatrice Vessiller (EELV). Le rassemblement n’a fait qu’une bouchée (70,37%) du candidat LREM Prosper Kabalo (29,62%). Une victoire saluée par le maire socialiste sortant Jean‐Paul Bret, qui ne se représentait pas après trois mandats passés à l’Hôtel de ville des Gratte‐Ciel.
« C’est une grande satisfaction pour moi de voir le candidat que j’ai soutenu et la liste qu’il conduisait remporter cette très large victoire, estime‐t‐il dans un communiqué. L’abstention élevée est, bien évidemment, une ombre au tableau. On s’en doutait. Néanmoins, ce sont ceux qui se déplacent qui choisissent et leur participation ne doit pas être dévalorisée ». La gauche et les écologistes peuvent aussi célébrer une victoire à la Métropole : dans la circonscription de Villeurbanne, où se présentait Bruno Bernard, leur liste obtient 66,8% des voix.
23h13 – « Merci Georges ! ». Éphémère maire de Lyon pendant le passage de Gérard Collomb au gouvernement, Georges Képénékian est arrivé sous les applaudissements de ses supporters, malgré les revers électoraux de la soirée. « Je voudrais saluer Grégory Doucet, il sera le maire de notre ville. Je lui adresse un salut républicain On s’est toujours parfaitement respectés », commence‐t‐il, avant de mettre en garde le vainqueur du jour : « L’abstention dit probablement que tous les Lyonnais ne sont pas dans cette vague verte. Il y a à Lyon d’autres formes d’énergies Nous serons très vigilants sur ce qu’il se passera dans notre ville ». Georges Képénékian en profite pour adresser un dernier tacle à peine voilé à Gérard Collomb et à son alliance avec la droite : « Nous n’avons pas gagné, mais nous avons gardé notre dignité ».
Georges Képénékian. Photo : NB
23h. La déception du camp de David Kimelfdeld et Georges Képénékian. Les deux candidats défaits (le premier à la Métropole, le second à la ville de Lyon) doivent arriver d’une minute à l’autre dans un bar du 3e arrondissement de Lyon pour une prise de parole. Déjà présente sur place, la porte‐parole de la campagne et colistière Sarah Peillon ne peut que prendre acte de la déferlante verte. « On est face à une vague nationale en faveur d’EELV, les Français ont envie d’écologie et l’ont montré ce soir », analyse‐t‐elle. Selon elle, le bloc centriste, constitué de macronistes historiques, mâtiné d’écologie et de préoccupation sociales, n’a pourtant pas à rougir des résultats. « On était face à deux blocs avec des étiquettes nationales et malgré ça on a réussi à gagné des voix en valeur absolue entre les deux tours, se félicite Sarah Peillon. On observe aussi que les alliances contre‐nature de Gérard Collomb ont dégoûté les électeurs. Un plus un n’est pas égal à deux ».
22h20 – Les Verts revendiquent la victoire à la Métropole de Lyon. « Les écologistes devraient emporter 8 ou 9 circonscriptions de la métropole [sur 14], nous donnant une majorité absolue », a déclaré Bruno Bernard, chef de file d’EELV au Grand Lyon. Les écologistes confirmeraient ainsi leurs résultats du premier tour, où ils étaient arrivés en tête dans 8 circonscriptions, la gauche en emportant une autre. Le reste se partageant, en mars, entre les listes de David Kimelfeld (une circonscription) et de la droite (quatre).
21h49 – Grégory Doucet, la victoire lyrique.Jamais avare de grandes envolées oratoires, Grégory Doucet prend la parole pour revendiquer sa conquête de Lyon. « Ce dimanche, Lyon avait rendez‐vous avec l’histoire, la voici ! », lance‐t‐il, avant de poursuivre sur sa lancée : « Lyon est faite de cette étoffe dont sont tissés les rêves (…) Lyon est redevenu terrestre ». Le quadragénaire remercie les partis de gauche qui l’ont rejoint et ses soutiens : « Nous avons accueilli toutes celles et tous ceux qui ont voulu rompre avec le déni ». Puis, comme en réponse aux critiques adressées ces dernières semaines par la droite et par les partisans de Gérard Collomb : « L’écologie n’est pas l’ennemie de l’économie… Elle est sa meilleure alliée ! ».
Photo : NB
Le nouveau maire de Lyon poursuit en répétant son engagement de « rendre notre ville écologiquement responsable ». Et de promettre : « Lyon va devenir une référence ». « Lyon a le devoir de tracer le chemin : celui de la transition écologique et de l’humanisme (…). Je serai le maire qui redonne du pouvoir aux habitants. Le maire qui écoute et qui délègue. Un maire au milieu des Lyonnaises et des Lyonnais », lance‐t‐il sous les applaudissements.
21h47 – Les mini‐barons locaux réélus sans encombres. A l’Ouest, Charbonnière‐les‐Bains, le maire sortant Gérald Aymar l’emporte avec plus de 72% des voix, dans une ville où les listes de droite avaient fleuri pendant la campagne. Plus à l’Est, Claude Cohen, conserve sans problème la tête de la commune de Mions (78%), malgré un mandat tumultueux, marqué par de nombreux dysfonctionnements concernant notamment la gestion du personnel municipal, comme le racontait Mediacités.
21h36 – Les écologistes font la course en tête dans le 8e arrondissement. Sonia Zdorovtzoff, tête de liste EELV, indique que sa liste a obtenu près de la moitié des suffrages, selon un dépouillement encore partiel. « On est surpris de l’ampleur des scores. C’est une véritable vague verte et pas seulement à Lyon, ce qui est réjouissant. On ne va pas manquer de partenaires », se réjouit à ses côtés Audrey Henocque, présentée comme la future Premier adjointe de Grégory Doucet à la mairie centrale.
21h25. A Bron, le challenger de droite fait tomber le bastion socialiste. Selon nos informations, le candidat LR Jérémie Bréaud réussit son pari en devançant de 150 voix environ le maire sortant (PS) Jean‐Michel Longueval, soutenu par EELV. En remportant cette ville de 41 000 habitants, la droite confirme sa forte implantation dans les banlieues de l’Est lyonnais amorcée en 2014 avec Saint‐Priest et Rillieux‐la‐Pape, dessinant une nouvelle ceinture bleue à la métropole de Lyon.
21h17 – Le 7e arrondissement de Lyon repeint en Vert. La candidate EELV Fanny Dubot indique avoir remporté l’élection dans cet arrondissement très favorable aux écologistes avec près de 62% des voix, contre seulement 18% pour Loïc Graber, tête de la liste « Respirations » de Georges Képénékian.
21h10 - Les choses se précisent à la Métropole. Fabien Bagnon, tête de liste EELV dans la circonscription Lyon Centre annonce sa victoire à Mediacités. Il indique avoir rassemblé près de 45% des suffrages. Le suspens n’était pas énorme dans cette circonscription, où le « Monsieur vélo » de la métropole était déjà arrivé en tête au premier tour avec plus de 27% des voix. Tout reste encore en jeu dans d’autres circonscriptions, notamment « Rhône‐Amont » (qui comprend Vaulx‐en‐Velin) ou celle du « Plateau‐Nord », à même de faire basculer la collectivité dans le camp des Verts.
21h – Grégory Doucet presque maire de Lyon ?Annoncé victorieux par le directeur de l’institut de sondage Ipsos sur France 2 (avec 53,5% des voix contre 30,5% pour Yann Cucherat, le candidat de la liste Collomb‐LR) la tête de liste EELV s’est furtivement montrée devant la presse à Lyon, en refusant de prendre officiellement la parole. « On attend les résultats définitifs », s’est‐il borné à lâché, tout sourire, avant de s’engouffrer dans la salle de concert de la brasserie où EELV a établi son QG pour la soirée électorale. Les embrassades et les coups de téléphones joyeux dans l’équipe de campagne des écologistes ne laissent que peu de doutes sur l’issue du scrutin. Encore inconnu il y a un an [lire son portrait], Grégory Doucet, cadre chez Handicap International, succéderait à Gérard Collomb et ferait tomber la troisième ville de France dans l’escarcelle des écologistes.
Première apparition de Grégory Doucet tout sourire… « On attend les résultats définitifs » pic.twitter.com/wXd7ONoSad
20h45 – Pas de victoire du Rassemblement national à Givors. Dans la commune du sud de la Métropole de Lyon, Mohamed Boudjellaba, le candidat soutenu par EELV, l’emporte d’une courte tête devant la maire sortante PCF Christiane Charnay et le chef de file du RN du Rhône Antoine Mellies, comme l’annonce Le Progrès. La ville de 20 000 habitants était le seul espoir de victoire du parti de Marine Le Pen dans le Grand Lyon qui a été laminé au premier tour dans les 59 communes de la Métropole. Arrivé en second position au premier tour, Antoine Mellies espérait profiter d’une quadrangulaire incertaine, les trois autres candidats (PCF, écologiste et LREM) n’étant pas parvenus à s’entendre pendant l’entre‐deux tours. Mohamed Boudjellaba, opposant acharné à la majorité communiste en place depuis l’après‐guerre, réussi donc son pari, avec seulement quelques dizaines de voix d’avance toutefois. Fragilisée par plusieurs affaires judiciaires et par la condamnation de l’ancien maire Martial Passi pour prise illégale d’intérêt, la majorité PCF perd ainsi l’un des derniers bastions rouge de la périphérie lyonnaise. Seule Vénissieux peut désormais rester entre les mains des communistes.
20h10 - Tous les bureaux de vote de Lyon sont désormais fermés. Gérard Collomb et François‐Noël Buffet sont à l’hôtel de ville. Les écologistes Grégory Doucet et Bruno Bernard sont eux au Ninkasi de Gerland, à l’écart de la presse. Une bonne partie des médias locaux (dont Mediacités) et nationaux (Europe 1, Le Monde, Le Parisien…) patientent en attendant les premiers résultats et déclarations au QG du soir d’EELV. Double ironie de l’histoire : c’est dans cette brasserie‐salle de concert du 7e arrondissement que Gérard Collomb avait réuni, en décembre 2019, ses partisans pour l’une de ses premières réunions de campagne. Et c’est ici, qu’il avait fêté son élection à la tête de Lyon en 2001 !
19h- Les Verts à Gerland, les deux « K » dans le 3e. Les candidats n’ont pas tous précisé où ils comptent vivre leur soirée électorale. Les écologistes Grégory Doucet et Bruno Bernard ont installé leur QG au Ninkasi Gerland. Ils ont annoncé une prise de parole à partir de 20h30. Une manière pour EELV de revendiquer une éventuelle victoire très tôt, afin de pouvoir profiter des émissions des grandes chaînes de télévisions, qui se terminent pour la plupart à 22 heures (d’autant plus que BFM est aujourd’hui en grève). Les équipes de David Kimelfeld et Georges Képénékian seront pour leur part présentes à partir de 21h30 dans un bar du 3e arrondissement. Gérard Collomb, Yann Cucherat et François‐Noël Buffet n’ont pas encore fait connaître leur agenda pour ce soir.
18h45 – L’abstention au centre de l’attention. Au premier tour, le 15 mars dernier, le taux d’abstention avait atteint le niveau record de 61% à Lyon, soit 17 points de plus qu’en 2014. L’abstention a même dépassé les 70% en périphérie de Lyon, comme à Vaulx‐en‐Velin ou Vénissieux. De quoi remettre sérieusement en cause la légitimité du suffrage. L’effet « Covid‐19 » observé au premier tour sera‐t‐il atténué ce soir ? Rien n’est moins sûr : à 17 heures seulement 32% des électeurs du Rhône s’étaient rendus aux urnes, contre près de la moitié en 2014. L’ambiance post‐confinement n’explique pas forcément à elle seule cette démobilisation. Certains scrutins apparaissent gagnés d’avance, ne favorisant pas le déplacement dominical aux yeux des électeurs : à Villeurbanne, où l’alliance Gauche‐EELV est annoncée largement en tête, seuls 17% des électeurs avaient voté à 16 heures (contre 24% au premier tour à la même heure).
18h30 – Quelles élections en jeu ? Les habitants du Grand Lyon ont voté deux fois ce matin. Le premier bulletin visait à choisir le maire de leur commune. Si plusieurs villes ont élu leur maire et son équipe dès le premier tour en mars dernier (Rillieux‐la‐Pape, Saint‐Priest, Caluire, des communes des Monts‑d’Or…), d’autres doivent encore départager deux, trois voire quatre listes.
Parmi les principales communes à suivre ce soir : Lyon bien sûr, mais aussi Villeurbanne, Bron, Vaulx‐en‐Velin, Vénissieux ou encore Oullins. Ici le calcul est simple : la liste arrivée en tête rafle immédiatement la moitié des sièges disponibles, l’autre moitié étant répartie à la proportionnelle. Deuxième scrutin : l’élection pour la Métropole de Lyon, sans doute la plus importante au regard des compétences de cette nouvelle collectivité, créée en 2015. Elle est organisée dans 14 circonscriptions qui regroupent les 59 communes de la Métropole. Il faudra sortir la calculette et compter le nombre d’élus remportés circonscription par circonscription pour désigner le vainqueur de la soirée (entre le sortant %David Kimelfdeld, l’écologiste Bruno Bernard et le Républicain François‐Noël Buffet).
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