Un ancien Marcheur et un Insoumis dans le même bateau. Vendredi 30 avril, 10 h30 : Matthieu Orphelin et Matthias Tavel descendent une échelle rouillée du quai de Pornic (Loire‐Atlantique) et posent le pied sur le pont d’un vieux gréement. Une petite virée sous les embruns, pour deviser viticulture bio avec un producteur de Saint‐Léger‐les‐Vignes et les écolos du coin. Puis un retour au port pour une dégustation d’huîtres nées en mer et de gros‐plant. L’occasion pour Matthieu Orphelin de trinquer à la « belle vie » avec le nouveau venu dans l’équipage : Matthias Tavel, le chef de file local de La France insoumise (LFI).
Le grand bol d’air marin n’aura duré qu’une demi‐heure ; l’aventure politique, elle, devrait continuer au moins jusqu’au premier tour des élections régionales, le 20 juin. Après des semaines de tractations et des heures de discussions militantes, le mouvement de Jean‐Luc Mélenchon a pris une grande décision : il s’est rangé derrière le député, transfuge de La République en marche (LREM), Matthieu Orphelin, désigné par Europe Écologie‐Les Verts (EELV) pour conduire la liste aux régionales et soutenu par Génération Ecologie. « Si on m’avait dit que La France insoumise ferait alliance avec EELV dans les Pays de la Loire, je n’y aurais pas cru. Et avec Matthieu Orphelin, encore moins ! », glisse, sourire en coin, Matthias Tavel.
Un mariage inédit, et pour tout dire insolite, scellé mi‐avril entre des responsables politiques qu’on n’aurait pas imaginés pouvoir un jour s’entendre. D’un côté, le Manceau Matthias Tavel, éternelle écharpe grenat – le signe de ralliement du Parti de gauche – autour du cou, prône la rupture et veut accompagner les colères. Ce proche de Jean‐Luc Mélenchon, tête pensante d’un mouvement qui a si souvent moqué « l’union de la gôche [sic] », qualifiait il n’y a pas si longtemps Yannick Jadot de