C’est une présidente de chambre implacable, Isabelle Prévost‐Desprez, qui a mené l’audience marathon du 13 décembre 2023 au tribunal de Paris dans l’affaire qui oppose Corinne Vignon, l’actuelle députée Renaissance de la 3e circonscription de Haute‐Garonne, à Laurence Arribagé, l’ancienne titulaire du poste entre 2014 et 2017.
Au cœur des débats, l’implication de l’adjointe de Jean‐Luc Moudenc dans la tentative de discréditer la candidate macroniste lors des législatives de juin 2017. En extrême urgence, alors que Corinne Vignon vire largement en tête au soir du 1er tour, une petite troupe s’active pour que la justice ouvre très vite une enquête préliminaire pour « travail dissimulé et fraude fiscale » contre la candidate, accusée de réaliser des thèmes astraux rémunérés, mais non déclarés – et pour que la presse en fasse état afin de peser sur le scrutin. Cette cabale dérisoire au vu de l’activité d’astrologue « infime, voire inexistante » de Corinne Vignon, selon les termes de l’ordonnance de renvoi, se retourne aujourd’hui contre les protagonistes.
La haine de Laurence Arribagé
Partie civile dans ce dossier, Corinne Vignon est la première à comparaître à la barre. Elle rappelle son parcours professionnel étonnant et le déroulement des événements. Élue maire de Flourens en 2014, elle est propulsée candidate aux législatives par l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron, tout récemment élu président de la République.
Les stratèges LREM pensent ingagnable la 3e circonscription de Haute‐Garonne. Ils convainquent Corinne Vignon de se lancer. Une femme, maire d’un village de 2 000 habitants, le casting est parfait… L’intéressée se laisse convaincre bien qu’elle entretienne « des relations cordiales » avec Laurence Arribagé. « J’étais mal à l’aise de me présenter contre elle, explique‐t‐elle à la présidente. C’est vrai, je ne l’ai pas prévenue de ma candidature. »
Pour Laurence Arribagé, c’est une « trahison ». Plus encore parce qu’elle sait que Corinne Vignon partage la même sensibilité politique et que le maire de Toulouse Jean‐Luc Moudenc et elle‐même l’ont aidée à conquérir la mairie de Flourens en 2014, alors qu’elle était novice en politique. Les enquêteurs ayant eu accès à l’ensemble des SMS échangés par les prévenus, on apprendra que Laurence Arribagé indiquait à l’époque « vouer de la haine » à son adversaire et même « avoir toujours envie de la tuer ». Des propos « qu’elle regrette amèrement avoir employés », assure‐t‐elle à la barre.
Mais elle ajoute, la voix empreinte d’émotion et les larmes aux yeux : « Lorsque je l’ai invitée à l’Assemblée nationale, avec tous les maires de ma circonscription et que nous avons dîné tous ensemble, elle n’a même pas eu le courage de me dire qu’elle allait se présenter alors qu’elle le savait. J’ai trouvé cette manière de faire particulièrement abjecte. »
Corinne Vignon, pour sa part, évoque ce moment où tout a basculé. Le 15 juin 2017 – soit à trois …