Gilets jaunes : les enseignements du « rond‐point de Corsieux », près de Lyon
C’est un travail précieux pour comprendre le mouvement des gilets jaunes. La Vie des idées, site rattaché au Collège de France, vient de publier « La banlieue jaune – Enquête sur les recompositions d’un mouvement ». Le texte est signé par cinq sociologues et politistes de Sciences Po Lyon, de l’université Jean‐Monnet de Saint‐Etienne et de Paris‐Dauphine. Dès fin novembre 2017, quelques jours après le premier samedi de manifestation, ce groupe de chercheurs a suivi la vie d’un rond‐point occupé de l’agglomération lyonnaise. Pour garantir l’anonymat de leurs interlocuteurs, le lieu est rebaptisé « rond‐point de Corsieux ».
A travers des « centaines d’heures d’observations et une trentaine d’entretiens », les universitaires dissèquent les étapes successives du mouvement : 1/ la formation d’un collectif à partir du rond‐point ; 2/ l’apparition de leaders dans le groupe ; 3/ « le transfert » de la mobilisation au cœur de Lyon, lors des samedis de manifestations, une fois « Corsieux » évacué par les forces de l’ordre. Cette enquête sociologique au long cours « nous a montré la manière dont un groupe de gilets jaunes issu des banlieues populaires s’est inscrit dans la durée, malgré des épreuves considérables : la stratégie répressive de l’État d’une part, et, de manière plus diffuse, la relégation de leur mode d’action au contact des militants du centre‐ville, écrivent les auteurs. Mais ces épreuves ne sont pas synonymes de démobilisation, elles ont au contraire conduit ce groupe à une réorientation permanente de ses moyens d’action ».
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