Corruption : le procès Sarkozy fait ressortir les vieux dossiers d’Airbus

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Par Tara Yates

Le procès Sarkozy a abordé un dossier périphérique : la vente d'avions Airbus à la Libye en 2006. Une transaction émaille de commissions occultes qui replonge l'avionneur toulousain dans ses années corruption.

Du Monde, au Figaro, en passant par Les Jours et Ouest France, le procès Sarkozy‐Kadhafi portant sur le financement supposé de la campagne de l’ancien président de la République par le dictateur libyen, a fait ressurgir – les 12 et 13 mars – une vieille transaction qu’Airbus aurait sans doute préféré oublier. 

En 2006, l’avionneur toulousain avait en effet vendu douze avions à la Libye (trois A319, six A320 et trois A330 pour la somme de sept cents millions d’euros. Par rapport au fond de l’affaire libyenne, le dossier est assez périphérique, mais on y croise les mêmes acteurs : le sulfureux intermédiaire Alexandre Djouhri, le secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant et le patron du fonds souverain libyen Bechir Saleh. 

Revendiquant un rôle important dans la vente d’avions à la compagnie libyenne Afriqiyah, Alexandre Djouhri réclamait une commission de quinze millions d’euros. Il n’en a touché que deux. 

Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg, puisque l’accusation estime qu’Airbus aurait versé au total douze millions d’euros à divers intermédiaires, sans qu’ “aucun travail réel” ne soit identifiable. Après avoir visité les usines d’Airbus à Blagnac en compagnie d’Alexandre Djouhri, le fils du dictateur, Saïf Al‐Islam Kadhafi aurait par exemple touché quatre millions d’euros de l’avionneur.

Un autre nom au cœur du scandale : Édouard Ullmo, cadre d’Airbus désigné comme l’ordonnateur des paiements douteux. Vieil ami d’Alexandre Djouhri, il présidait la commission interne de conformité de l’entreprise, censée justement éviter les intermédiaires véreux…

Venu témoigner en sa faveur, Noël Forgeard, le PDG d’Airbus de 2001 à 2005, en a pris pour son grade. Comme le rapporte le site Les Jours, le procureur a rappelé « qu’Airbus avait signé en 2020 une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP), une procédure transactionnelle pour éviter un procès, avec une amende record de plus de deux milliards d’euros qui sanctionnait des campagnes de corruption menées partout dans le monde depuis 1996 – donc essentiellement sous Noël Forgeard ».

L’avionneur a aussi payé une amende d’1,5 milliard d’euros au Royaume‐Uni et aux États‐Unis dans des procédures similaires. En 2022, Airbus a signé une seconde CJIP française pour un montant de 15 millions d’euros d’amende, visant cette fois notamment l’affaire libyenne.

Ces multiples affaires ont forcé le constructeur aéronautique à mener une opération « mains propres » sur fond de guerre économique, comme le raconte le documentaire « La bataille d’Airbus ».

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