Le film vient de s’achever. Place au débat entre la réalisatrice et « la salle ». Sauf que Lucie Viver, auteure du documentaire Sankara n’est pas mort, n’est pas face à la centaine de spectateurs qui viennent d’assister à « la projection ». Son long‐métrage, tourné au Burkina Faso [lire l’encadré En coulisses], est sorti le 29 avril dernier. Soit en plein confinement, alors que toutes les salles de cinéma de France étaient fermées – elles le sont toujours, au même titre que les bars, restaurants ou salles de spectacle. Ce soir‐là, c’est via le site Internet la 25e heure que Sankara a été diffusé. À ne pas confondre avec un service de vidéo à la demande (VOD) : cette plateforme en ligne pourrait plutôt se définir comme un service de livraison de cinéma à domicile.
Les « e‑spectateurs » du long‐métrage de Lucie Viver ont tous acheté un ticket (virtuel donc) et se sont connectés à l’heure dite pour découvrir le film. « L’ont-ils regardé sur un écran d’ordinateur ou depuis leur home cinéma ? Avaient‐ils de bonnes enceintes ? », s’interroge la cinéaste. Impossible de le savoir… « C’est un peu frustrant en tant que réalisatrice car il y a eu un énorme travail de mixage et d’étalonnage », reprend‐elle. Initialement, Sankara n’est pas mort, son premier long‐métrage, aurait dû sortir en salle le 22 mars. Mais le Covid‐19 est passé par là. Pour autant, le film, à mi‐chemin entre le road movie et le documentaire, a commencé à trouver son public : il a comptabilisé plus de 1 000 « entrées » dès la première semaine d’exploitation. Et sa réalisatrice a enchaîné neuf débats d’affilée, dont un à Lyon avec les spectateurs du Comœdia …