Il y a des pages plus faciles à tourner que d’autres. Après trois mois de mars, avril et mai catastrophiques, les ventes de livres en juin et juillet ont largement dépassé les chiffres de l’été 2019. Mieux encore, les lecteurs ont retrouvé le chemin des librairies indépendantes. A Lille dans le quartier de Wazemmes, Le Bateau Livre a vu arriver « de nombreux nouveaux et jeunes clients » depuis la levée du confinement. Le Chameau Sauvage, situé boulevard des Etats‐Unis à Toulouse, a pu compter, dès la reprise, sur la présence « de fidèles et d’habitués, qui se sont pressés dans une démarche quasi‐militante, mais aussi de nouvelles têtes » se réjouit sa co‐gérante, Aude.
Si elle ne compense évidemment pas leurs pertes liées à la crise sanitaire, la hausse du panier moyen leur a bien souvent permis de retrouver des chiffres d’affaires dignes de l’avant-crise. Pour ces commerces « non essentiels » vendant des « produits de seconde nécessité » selon la nomenclature édictée le 14 mars dernier, le soulagement est réel. C’est que, longtemps, ils ont cru que la période estivale serait autant si ce n’est plus compliquée que le confinement.
« Il nous faudra écouler au maximum notre stock de livres accumulé, tout en commandant des nouveautés en vue de la rentrée littéraire, et ce en dépit d’une trésorerie proche de zéro et de l’atonie estivale. Ajoutez à cela toutes les échéances que nous devons régler suite au report de factures consenti par certains éditeurs, ainsi que le paiement de nos charges courantes. Pour ne rien arranger, nos activités complémentaires – café, rencontres avec des auteurs, ateliers culturels pour enfants –, d’habitude plus rentables que la vente de livres en eux‐mêmes, n’ont pas toutes pu reprendre » s’inquiétait Elias, l’autre co‐gérant du Chameau Sauvage, mi‐mai.
Le numérique, une solution de dépannage
Pas de triomphalisme, donc. Les temps restent compliqués. Mais, ces derniers mois, les libraires ont montré qu’ils avaient tout de même un peu de ressource pour résoudre cette difficile équation économique. Leurs lourds rideaux de fer baissés, une fois la sidération passée après l’annonce officielle du confinement mi‐mars, ces commerces peu rentables de base se sont démenés pour surnager financièrement et éviter que leurs comptes ne plongent dans le rouge. Avec les moyens du bord en règle générale, entre campagnes de financement participatif pour 36 grande rue et